Wednesday 28 January 2009

MUTABOBA CONFRONTE KAMERE SUR JEUNE AFRIQUE

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27/01/2009 11:21:35 - Jeune Afrique-
Par : Joseph Mutaboba -
http://www.jeuneafr ique.com

Joseph Mutaboba, envoyé spécial du président rwandais dans la région des Grands Lacs, réagit aux propos du président de l’Assemblée nationale congolaise, dont l’interview a été publiée dans Jeune Afrique n°2500 du 7 décembre 2008.

Monsieur le Président,

Permettez-moi de revenir sur quelques points de l’interview publiée récemment dans Jeune Afrique (n° 2500 du 7 au 13 décembre 2008, pp. 42-45) pour vous faire part des observations qu’ils m’inspirent.
Sur les « origines » des hommes politiques

À la question de savoir si Laurent Nkunda est une « création du Rwanda », vous avez répondu : « Il ne servirait à rien, alors que nous recherchons la paix, de prononcer ce genre de phrase provocatrice. Chacun sait d’où viennent Nkunda Batware et son mouvement, c’est un secret de polichinelle. » Dans la foulée de ce propos, vous indiquez qu’il « ne serait pas bon que cela sorte de la bouche du président de l’Assemblée nationale », qui n’est autre que vous-même. Le mal était pourtant fait. Même lâchée comme à regret, la « phrase provocatrice » a fait son effet. Et tout au long de cette interview, où l’on met d’emblée votre « parler cru » en exergue, le lecteur que je suis a ressenti le besoin de réagir.
Comme vous le savez, le président Kabila est apparu sur la scène politique congolaise en même temps, dans le même camp et dans les mêmes circonstances que Laurent Nkunda, son ancien compagnon d’armes au sein de l’AFDL [Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, NDLR]. Chacun sait d’où ils viennent, comme vous dites. Pour autant, aussi bien pour Nkunda que pour votre président, ce détail biographique ne mérite pas d’être éternellement brandi pour transformer l’un ou l’autre de ces hommes en « créations du Rwanda ». Au niveau de responsabilité qui est le vôtre, vous n’êtes pas sans savoir les effets dévastateurs que les surenchères xénophobes font peser sur l’unité de nos pays d’Afrique. Il arrive que des politiciens croient pouvoir s’en servir au bénéfice de leur promotion personnelle, mais c’est toujours au détriment de leurs peuples.
Vous déclarez par ailleurs que « Nkunda et ses troupes sont une réalité avec laquelle nous devons compter. Les intégrer dans les institutions de la République, sous certaines conditions, ressort de la même logique qui nous a conduits hier à intégrer Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa au sein de ces mêmes institutions, c’est une nécessité. » Je pense qu’au lieu de devoir « intégrer » successivement leurs propres compatriotes, les responsables politiques devraient s’abstenir de tout discours d’exclusion partisane.

Une guerre pour des minerais ?
Vous expliquez également que si le Kivu est une poudrière, c’est parce qu’« il est riche et que cette guerre est avant tout une guerre pour l’appropriation des minerais de l’est de la RD Congo ». Croyez-moi, Monsieur le Président, il n’y a pas que les minerais en cause dans la déstabilisation qui affecte nos populations. En tant qu’Africains, réduire la crise des Grands Lacs à une histoire de minerais, c’est appliquer sur nous-mêmes le regard des autres. C’est légitimer l’arrogante tradition qui ne laisse à l’Afrique que le rôle de spectatrice de son histoire. C’est faire trop peu de cas des luttes pour la liberté menées depuis des siècles par des hommes et des femmes de notre continent, pour les ramener symboliquement au statut de « marchandises » comme naguère l’or, l’ivoire ou les esclaves.
Le fait que les minerais attisent la convoitise des sociétés industrielles qui les consomment n’en fait pas pour autant l’explication ultime des conflits politiques dont la résolution nous revient. En réalité, beaucoup plus qu’aux minerais eux-mêmes, le conflit qui sévit dans nos régions doit et devra toujours ses causes et son règlement éventuel au leadership de ceux qui sont aux affaires et à leur aptitude à trouver des solutions. Se complaire sous la tutelle d’une intervention internationale indéfinie, sans limite temporelle d’action ni date prévisible de retrait, ne fera qu’ajouter à la confusion et démultiplier les ingérences.
Vous relevez avec justesse le rôle qui est celui des ex-FAR [Forces armées rwandaises, NDLR] et des Interahamwes dans cette « guerre de minerais » en reconnaissant que « la plupart des mines du Nord-Kivu sont sous le contrôle physique des rebelles rwandais ». Mais quelle stratégie votre gouvernement adopte-t-il dans ce contexte ? Comment gagner cette guerre si vous faites alliance avec vos prédateurs ? La collaboration de plusieurs individus de votre armée avec les ex-FAR et les Interahamwes est attestée. « Où sont les preuves de ces accusations ? » demandez-vous. Celles-ci existent sur le terrain bien sûr. Et il est tout à fait étonnant de ne pas entendre dans la bouche d’un responsable politique tel que vous la moindre condamnation de l’occupation militaire de vastes territoires de votre pays par une armée étrangère prédatrice comme les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR], ni surtout la moindre évocation des exactions qu’elle impose depuis quinze ans à vos compatriotes.
Plus loin, pour justifier la présence des FDLR dans votre pays et la persistance d’un conflit régional, vous expliquez : « S’il était facile de résoudre ce problème, je pense que les Rwandais, qui ont occupé pendant cinq années le Kivu, y seraient parvenus. » Les Rwandais n’ayant pas réussi à nettoyer vos forêts, qu’avez-vous entrepris vous-mêmes pour protéger la vie et les biens des Congolais vivant sous le joug des FDLR ? Depuis le temps que le Rwanda pose le problème des FDLR sur la table des différentes négociations destinées à régler cette crise régionale, nul n’ignore que l’idée même de les désarmer fut arrachée par nos délégations comme une concession.

Kigali, principale porte d’exportation des richesses du sous-sol congolais ?
Vous déclarez par ailleurs que « via toute une série d’intermédiaires dont certains sont congolais, ces produits de notre sous-sol se retrouvent à Kigali, qui en est devenu la principale porte d’exportation vers l’Asie ou l’Occident, parfois aussi à Bujumbura ou à Entebbe, en Ouganda. C’est paradoxal, mais c’est ainsi. » Monsieur le Président, de nombreuses sources indiquent que les filières du commerce illégal de vos minerais ont fini par être légitimées du fait de la participation des représentants de l’État congolais dans l’organisation, l’approvisionnement et le maintien des réseaux de trafic. Leur rôle est loin d’être anecdotique, ponctuel ou secondaire. C’est ce qui explique d’ailleurs la durée et la persistance d’une situation où l’incurie de l’État dans le pays producteur joue le premier rôle, loin devant la « responsabilité » des pays de transit, devenus « portes d’exportation » du seul fait de leur situation géographique. Grâce à une mystification médiatique, tout cela a fini par s’appeler « pillage » des richesses de la RD Congo par ses voisins, occultant le rôle incitateur des pays demandeurs de minerais, pour fixer les esprits sur les voisins orientaux de la RD Congo, lieux traditionnels de passage de tous les produits congolais vers l’extérieur. Votre gouvernement souhaite-t-il que nous fermions nos frontières ? Non, et les acheteurs encore moins !

L’annonce explicite d’une diplomatie de faux-semblants
Enfin, quand votre interlocuteur vous fait observer que « les autorités rwandaises ont toujours nié être partie prenante dans ce genre de trafics », vous répondez que vous ne croyez pas « en leurs dénégations ». « Tous les experts savent que je dis vrai », précisez-vous, avant d’ajouter qu’entre autres solutions à ce problème, « il faut relancer la Communauté économique des pays des Grands Lacs [CEPGL], seule à même de fournir à un petit pays trop densément peuplé comme le Rwanda un espace économique où mieux respirer ». Monsieur le Président, je vous confirme que l’organisation illicite du transit de vos produits par le Rwanda n’est pas de son intérêt. Les règles normales du commerce régional que notre pays entretient avec ses autres voisins suffisent à nos besoins. Quant à la CEPGL, je vous rappelle que ce n’est pas dans le but d’aider le Rwanda à mieux respirer que les délégations de nos trois pays ont décidé d’assurer sa relance. Rien ne justifie la sollicitude paradoxale que vous semblez éprouver pour notre pays. La coopération régionale que nous avons décidé de promouvoir à travers cette organisation qui lie nos deux pays au Burundi est un outil de développement commun, de promotion du bien-être de nos populations dans une intégration régionale agissante.

Tel est, Monsieur le Président, l’avis que je souhaite vous transmettre au sujet de votre dernière prestation dans l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Vital Kamerhe « Il ne faut jamais désespérer du Congo »
11/12/2008 09:03:41 - Jeune Afrique- Propos recueillis par François Soudan -

Kabila, Nkunda, Rwanda, armée, contrats chinois, droits de l’homme... le très médiatique président de l’Assemblée nationale congolaise se livre sans détour à propos de la grave crise que traverse son pays.
Il aura 50 ans dans trois mois et tout l’avenir devant lui. Au cœur de la tempête qui balaie l’est de la République démocratique du Congo, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale depuis un peu plus de deux ans et numéro deux de facto du pays, fait entendre sa voix. Lui-même originaire du Sud-Kivu, il a, le 28 octobre, fait adopter par les députés un plan de sortie de crise prônant le dialogue avec le général rebelle Laurent Nkunda et un programme économique pour éradiquer la pauvreté, « base de la violence dans cette région ».
Un programme pas forcément conforme aux desiderata du pouvoir, mais bien dans la manière de cet homme indépendant et atypique, populaire et parfois populiste, très soucieux de sa propre trajectoire et de son image au sein de l’opinion et qui a toujours fondé son soutien au chef de l’État, Joseph Kabila, sur la base d’un parler vrai et parfois d’un parler cru. De passage à Paris, fin novembre, il s’explique. Sans langue de bois.

Jeune Afrique : Laurent Nkunda est-il une « création » du Rwanda, comme on le dit à Kinshasa ?
Vital Kamerhe : Il ne servirait à rien, alors que nous recherchons la paix, de prononcer ce genre de phrase provocatrice. Chacun sait d’où viennent Nkunda Batware et son mouvement, c’est un secret de polichinelle. Mais il ne serait pas bon que cela sorte de la bouche du président de l’Assemblée nationale. Nkunda et ses troupes sont une réalité avec laquelle nous devons compter. Les intégrer dans les institutions de la République, sous certaines conditions, ressort de la même logique qui nous a conduits hier à intégrer Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa au sein de ces mêmes institutions, c’est une nécessité. Prenons Nkunda au mot et discutons.
Pourquoi le Kivu est-il une poudrière ?
Parce que le Kivu est riche et que cette guerre est avant tout une guerre pour l’appropriation des minerais de l’est de la RD Congo. Les intérêts miniers sont partout : derrière Nkunda, derrière les ex-FAR et les Interahamwes, derrière le Rwanda, derrière certains complices congolais. La réalité est simple. La plupart des mines du Nord-Kivu sont sous le contrôle physique des rebelles rwandais. Ce sont eux qui exploitent le coltan, la cassitérite et l’or, mais ce ne sont pas eux qui achètent et exportent ces minerais. Via toute une série d’intermédiaires, dont certains sont congolais, ces produits de notre sous-sol se retrouvent à Kigali, qui en est devenu la principale place d’exportation vers l’Asie et l’Occident, parfois aussi à Bujumbura ou à Entebbe en Ouganda. C’est paradoxal, mais c’est ainsi.
Les autorités rwandaises ont toujours nié être partie prenante dans ce genre de trafic…
Je ne crois pas une seconde en leurs dénégations. Tous les experts savent que je dis vrai. Quoi qu’il en soit, la seule solution est d’établir une traçabilité de ces « minerais du sang », comme pour les « diamants du sang » de la Sierra Leone et du Liberia. Parallèlement, il faut relancer la Communauté économique des pays des Grands Lacs, la CEPGL, seule à même de fournir à un petit pays trop densément peuplé comme le Rwanda un espace écono­mique où mieux respirer.
Êtes-vous favorable à l’envoi d’un contingent angolais au Kivu ?
Tout à fait, à cent pour cent. Ce sont des troupes africaines, qui connaissent bien nos réalités. Cela ne doit pas inquiéter le Rwanda, lequel aura la possibilité de dépêcher des officiers au sein de l’Observatoire international prévu pour rassurer les uns et les autres. Ces forces angolaises auront en effet pour objectif, entre autres, de nous aider à désarmer les ex-FAR et les Interahamwes, une tâche complexe pour laquelle notre pays a besoin de l’implication de toute la communauté internationale. S’il était aussi facile de résoudre ce problème, je pense que les Rwandais, qui ont occupé pendant cinq années le Kivu, y seraient parvenus.
Nkunda a-t-il un avenir politique à Kinshasa ?
Pourquoi pas ? À condition qu’il sache qu’on ne devient président qu’après avoir remporté des élections démocratiques. S’il veut le poste, il lui faudra être candidat en 2011. Et gagner dans les urnes.
Pourquoi l’armée congolaise est-elle incapable de venir à bout de la rébellion ?
Parce que l’histoire se répète et que cette flambée de rébellion à l’Est survient au plus mauvais moment. Il y a onze ans, c’est avec l’aide de certains généraux de Mobutu que Laurent-Désiré Kabila a pu prendre le pouvoir. Aujourd’hui, nous avons une armée composite en pleine restructuration, au sein de laquelle les frustrations sont encore nombreuses parmi les officiers – qui souffrent de la superposition de plusieurs centres de commandement – et d’où le tribalisme n’est pas absent. Entre Nkunda et ses hommes, qui proviennent tous du RCD-Goma [Rassemblement congolais pour la démocratie, NDLR], et certains cadres issus de ce même mouvement et qui ont été intégrés au sein de notre armée, il y a encore des sympathies, des connivences. En réalité, cette armée est le produit bancal d’un partage entre une demi-douzaine de forces autrefois antagonistes. Une armée que l’on découpe ainsi comme un gâteau ne peut être que fragilisée. D’ailleurs, le chef de l’État lui-même avait à l’époque exprimé les plus vives réserves quant à cette façon de procéder. La suite lui a donné raison.
Cela n’explique pas l’indiscipline et les pillages.
C’est vrai qu’on a trouvé, en vente dans les magasins de Kisangani, des stocks de rations militaires. Il y a donc eu des détournements. Comment voulez-vous qu’un soldat qui ne mange plus depuis trois jours parce que ses chefs ont trafiqué avec sa nourriture ait un comportement normal ? Tout cela nous place dans une position telle que nous n’avons pas d’autre choix, aujourd’hui, que de privilégier une solution politique et diplomatique du conflit afin d’éviter les humiliations et les pertes humaines inutiles. Discuter avec Nkunda, donc, mais aussi rétablir nos relations avec le Rwanda.
Pouvez-vous vous entendre avec le président Kagamé ?
Ce n’est pas une question de sentiments, mais une affaire d’intérêts. Même en pleine guerre froide, les États-Unis et l’URSS n’ont jamais rompu leurs relations diplomatiques. Nous sommes condamnés à nous entendre.
Des crimes de guerre ont-ils été commis au Nord-Kivu ?
C’est une évidence. Nous en avons tous vu les preuves sur France 24.
Par qui ?
Ce sera à la justice internationale de le dire. Je souhaite que tous ceux qui ont commis ce type d’actes, quels qu’ils soient, soient déférés devant la CPI [Cour pénale internationale, NDLR].
Le gouvernement rwandais accuse votre armée de collaborer avec les ex-FAR et les Interahamwes, lesquels combattraient à vos côtés. Qu’en dites-vous ?
Où sont les preuves de ces accusations ? Qu’on me les montre ! Pour le reste, ce n’est pas parce que le Rwanda a vécu un génocide épouvantable que le Kivu doit connaître un holocauste. Quittons plutôt le terrain malsain des accusations réciproques pour celui des solutions. Plus de trois mille rebelles rwandais ont déjà été rapatriés chez eux. Que la paix revienne, et l’opération de neutralisation de ces éléments reprendra.
Le président Kabila vient de limoger le chef d’état-major général de l’armée, le général Kayembe, et de le remplacer par le général Etumba. Êtes-vous d’accord ?
Oui, il n’y a pas de mauvaises troupes, dit-on, il n’y a que de mauvais chefs. Le lieutenant général Didier Etumba Longila, qui est un professionnel formé à l’École royale militaire de Belgique et un ancien des Forces armées zaïroises, a la réputation d’être un bon chef. Mais changer la tête ne suffit pas. Notre armée souffre d’un mal qui la ronge. Quelle chaîne sécurisée faut-il mettre en place pour que la solde parvienne jusqu’au front sans être amputée ou détournée ? Comment faire en sorte que cette armée qui compte autant d’officiers que de soldats puisse enfin se conformer aux standards internationaux ? Comment rajeunir des effectifs composés pour moitié d’hommes de plus de 45 ans ? Les vrais défis sont là. Notre armée a besoin d’une réforme en profondeur.
Votre bureau de président de l’Assemblée, à Kinshasa, est désormais occupé par le chef de l’État, ce qui a soulevé beaucoup de polémiques. Comment en est-on arrivé là ?
Le président Kabila a souhaité, dans le cadre de l’« union sacrée » contre les périls qui menacent l’est de notre pays, pouvoir mener des consultations permanentes avec les élus du peuple. Ce qui est une bonne chose. C’est moi qui lui ai proposé de s’installer dans mon bureau plutôt que de le voir siéger dans une salle d’attente en pleine session parlementaire. Tout cela est provisoire, bien entendu.
Est-il vrai, comme vos adversaires le disent, que vous avez fait récemment l’acquisition d’une luxueuse villa à Rabat, au Maroc ?
Grotesque. Cela dit, Rabat est une belle ville. Si un généreux donateur est prêt à m’y offrir une villa, qu’il me le fasse savoir !
La rumeur a fait de vous un candidat sérieux au poste de Premier ministre, avant que vous soyez battu sur le fil par Alphonse Muzito.
À tort. Mais c’est vrai que la rumeur a couru avec insistance, au point que le chef de l’État lui-même y a cru. Je suis très bien à l’Assemblée nationale. Le président de l’Assemblée, je vous le rappelle, est le numéro deux du pays dans l’ordre protocolaire, devant le président du Sénat et le Premier ministre.
Et puis, vous êtes originaire de l’Est, comme Kabila…
Ça, par contre, c’est un faux argument. Kengo wa Dondo, qui fut de loin le meilleur des Premiers ministres de Mobutu, était comme lui un Ngbandi de [la province de] l’Équateur – ce qui ne l’a pas empêché d’être objectif.
Quel est l’état de vos relations avec Joseph Kabila ?
Elles sont bonnes. Même si ma position de législateur me met parfois en équilibre délicat entre le pouvoir exécutif et ma propre famille politique. Les lois que nous élaborons doivent être le plus impartiales possible. À moi de donner au président, pour qui j’éprouve le plus grand respect, le conseil juste au bon moment. Soutenir Joseph Kabila, qui a l’immense mérite d’apporter la paix à ce pays et dont la tâche est lourde, ce n’est pas le flatter, encore moins lui mentir et lui cacher la vérité.
Existe-t-il un gouvernement parallèle autour de Joseph Kabila ? Une sorte de cabinet de l’ombre ?
Ce n’est pas une spécialité congolaise, comme vous le savez. Tout ce que je souhaite, c’est que ce cabinet parallèle, s’il existe, agisse dans le sens du bien commun et pour le bien du chef de l’État lui-même, qui le mérite amplement. Des éminences grises, pourquoi pas. Mais ne perdons pas de vue que notre perspective, c’est la présidentielle de 2011 et la réélection souhaitable de Joseph Kabila.
Que pensez-vous des fameux contrats chinois ?
L’objectif visé est tout à fait louable. Qui pourrait s’opposer à ce qu’il y ait, au Congo, plus de routes, d’infrastructures et de chantiers ? Mais partager cela ne signifie pas qu’il faille s’interdire de renégocier au besoin telle ou telle clause des contrats. Ce devoir de vigilance n’implique évidemment pas que l’Assemblée nationale ait des arrière-pensées obscures, non. Les recommandations que nous avons formulées au gouvernement sont claires : nous constatons que les contrats chinois sont financés par notre cuivre et notre cobalt. Or les cours de ces minerais sont actuellement à la baisse. Exemple : le cuivre était coté à 9 000 dollars la tonne au moment de la conclusion des contrats. Il est aujourd’hui à 3 000 dollars. A-t-on prévu cette évolution ? Je crains que non. Dès lors, quels palliatifs faut-il mettre en place ? Et quelles garanties avons-nous obtenues de la part des Chinois que les réalisations fournies seront pérennes, en matériaux durables et respecteront l’environnement ? J’ai posé ces questions, et les réponses que l’on m’a fournies ne sont pas satisfaisantes. Il va donc falloir rediscuter. Et puis, il faudra bien que ces chantiers démarrent un jour. On nous a dit qu’ils démarreraient le 1er août. Cinq mois plus tard, rien n’a commencé. Enfin, il est impératif de lancer un vrai débat sur ce qui fonde notre avenir. Dépendre exclusivement d’un secteur minier aussi volatil n’est pas une solution. Développer l’agriculture, exploiter nos énormes potentialités en ce domaine : voilà la voie à suivre.
Le président Kabila admet-il que vous pratiquiez en permanence le soutien critique ?
Quand nous parlons ensemble, il me donne l’impression de me comprendre. Joseph Kabila est un démocrate, il sait écouter et il sait aussi que je ne le tromperai pas. Mais ce n’est pas toujours facile. Moi-même, en tant que président de l’Assemblée nationale, j’ai du mal à admettre certaines critiques et il faut une bonne dose d’ascèse pour se rendre compte que cela permet de rectifier ce qui doit l’être.
Le deuxième vice-président de ­l’Assemblée nationale a fait scandale à Kinshasa en vous accusant publiquement d’avoir détourné… sa propre épouse à votre profit !
Avant de se rétracter, de m’envoyer une lettre d’excuses et de faire amende honorable devant les élus du peuple ! C’est le genre d’affaire qui n’arrive qu’à Kinshasa. Je lui ai pardonné, alors que certains me conseillaient d’en profiter pour l’achever politiquement. Je dois avoir un grand cœur. Et puis je pense que ce monsieur a été manipulé par des forces qui me sont hostiles.
Les ressortissants de l’Équateur, province dont Jean-Pierre Bemba est originaire, se plaignent de violences, de tracasseries et de discriminations de la part des forces de l’ordre. Que faites-vous pour eux ?
Je me suis saisi de cette situation. J’en ai parlé au chef de l’État, qui était étonné d’apprendre cela et qui m’a assuré que des dispositions allaient être prises pour y mettre un terme. J’ai également écrit en ce sens au Premier ministre. Ces abus, dit-on, sont le fait de militaires. Or je constate que le nouveau patron de l’armée, le général Etumba, est lui-même originaire de l’Équateur. Il aura donc particulièrement à cœur de résoudre ce problème. En ce qui concerne les services de sécurité, dont certains citoyens se plaignent également, l’Assemblée compte renouveler cette année son appel à leur endroit : qu’ils se conforment, le plus scrupuleusement possible, aux règles internationales en matière de respect des droits de l’homme, tout particulièrement des détenus.
Vous avez combattu avec vivacité Jean-Pierre Bemba. Vous réjouissez-vous de le voir en prison à La Haye ?
En aucun cas. Jean-Pierre Bemba est un compatriote. Je pense à ses enfants, je pense à sa femme, qui est une amie proche de ma petite sœur. Et je dis : « Que Dieu l’assiste. »
Êtes-vous toujours aussi ambitieux ?
Que voulez-vous dire par là ? Être réélu député en 2011 ? Briguer à nouveau la présidence de l’Assemblée ?
Briguer la magistrature suprême…
Ce n’est pas à l’ordre du jour et cela ne se passe pas ainsi chez nous. C’est le parti qui présente son candidat à l’élection présidentielle.
Vous pourriez dire aussi : « Je ne serai jamais candidat contre Joseph Kabila. »
Nous ne sommes plus à l’époque de Mobutu, quand on faisait croire au chef qu’on était prêt à mourir pour lui, avant de le trahir à la première occasion. Ce qui m’importe, c’est que le PPRD [Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, NDLR] demeure le premier parti du Congo, au service du peuple, du pays et du président démocratiquement élu.
Êtes-vous populaire ?
Ce n’est pas à moi de le dire. Je remarque simplement que, même en Europe, je ne peux pas faire trois pas dans la rue sans qu’un Congolais vienne me saluer. Qu’en est-il au Congo ? Venez et vous jugerez par vous-même…
Avez-vous peur pour le Congo ?
Oui et non. Nous sommes capables des pires déchirements, mais aussi des plus belles retrouvailles. Il ne faut jamais désespérer du Congo

1 comment:

Anonymous said...

Ce "polylogue" de politologues est symptomatique d'une nouvelle ère qui est en marche dans la région, avec ses rhétoriques et ses façons de rétorquer.

Très intéressant de voir comment Kamerhe et son discours déclamatoire, passe mal l'examen après la correction de Mutaboba.
Le franc parler de chacun nous donne un petit aperçu des enjeux en cours et les grandes différences des deux écoles qu'ils représentent.

Kamerhe, avec son aplomb de grand tribun, a des valeurs politiques à défendre avec ses codes et son crédo provocateur et pro-occidental. Servilité oblige.

Mutaboba se contente, à froid, de mentionner les éléments manquant ou tordus dans le discours de Kamerhe. Il le fait dans le sens de l'apaisement et pour responsabiliser le tribun à buts multiples dont la magistrature suprême aux futurs présidentiels.

C'est dire que les deux se connaissent probablement et qu'ils peuvent difficilement se concilier.
Ils n'ont pas les mêmes valeurs africaines.
Merci à Mutaboba, le bien nommé, pour avoir mis certaines idées reçues au point du jour pour l'unité de l'Afrique qui est en "marche forcée" vers sa réalisation.

Merci aussi à Kamerhe pour nous avoir livré sa pensée et ce qu'il projette pour et complote contre son pays et ses voisins. Est-ce sa nature (kamere) ou une éducation acquise.

Bagambiki