Tuesday 31 March 2009

RANDOM NEWS

Après s'être acharnée férocement sur Kamerhe, la presse kinoise inféodée au pouvoir se met au service des visées dictatoriales en place. Voici une tentative de reprendre la rhétorique autour du cas Nkunda.

Celui-ci est un peu méchant mais la caricature du rais que j'y vois pour la première fois fera histoire!

Un congolais écrit au tout puissant abbé Malu Malu:

QUAND LES ELEPHANTS SE BATTENT

On dit bien que c'est l'herbe qui en pâtit. A regarder la RDC de près, en tout cas son peuple, ses citoyens ordinaires et courants, on comprend bien le sens illustratif du dicton. Seulement on ne sait pas combien d'élephants se battent et pour combien de temps, sur le territoire national. Le bras de fer, qui s'est soldé par l'éclipse politique de l'homme qui a le plus contribué à faire accepter Kabila en RDC, était de l'ordre de la bataille d'élephants même si il a pris la forme d'une querelle de parti. A un moment donné, sans être admiratrice de Kamerhe, j'ai cru et même souhaité que l'homme tiendrait tête à l'AMP. Son attitude lui avait gagné l'appui des députés qui voulaient demander des comptes au gouvernement. Le peuple surtout kinois, estomaqué par la resurgence d'une présence rwandaise, s'était spontanément rangé du côté de Kamerhe. Il est aisé de penser que le fragile imaginaire populaire flairait finalement une sorte de renaissance d'un homme d'Etat considéré corrommpu ne fut-ce que par la manière dont il a acheté les élections de 2006. J'ai vraiment cru, au moins par moments, qu'il allait vraiment tenir tête. Quel n'a donc pas été mon étonnement de le voir démissioner avec une telle promptitude, on dirait même une certaine aisance. La raison de ce revirement je l'ai trouvée dans les méandres des arguments compliqués que présente spéctaculairement le "Terminator original" (H. Ngbanda). Ne croyant pas beaucoup ni à sa conversion proclamée, ni à ses points de vue, je lis cependant ce qu'il écrit car, derrière toute cette fumée on peut trouver quelques charbons laissés par un certain feu.

En effet il a fait circuler sur le net un document faisant état d'une manoeuvre ayant pesé lourd dans la décision de Kamerhe. Voici en quels termes il nous présente la chose: " Car la veille de sa démission, Kamerhe venait de jeter le pavé dans la marre en écrivant au ministre des finances et au Président de la Cour des Comptes pour leur demander de diligenter une enquête sur la sortie frauduleuse de fond effectuée le 19 mars 2009 à la banque centrale du Congo au profit de l’Assemblée nationale, sans qu’aucune autorité compétente de cette institution ne l’ait ordonnée ni moins encore réceptionnée. Pourtant, le Comptable publique principal de la Banque centrale a bel et bien décaissé 1.150 000 $ (un million cent cinquante mille dollars américains) sous le code comptable 0536. Mais seulement, personne au Parlement n’est au courant de cette opération. Ou plutôt si ! Vital Kamerhe qui nage dans la même marre aux crocodiles avait été pleinement prévenu par ses antennes que c’est «son rival» (entendez «Joseph Kabila») qui a ordonné cette sortie de fonds pour financer l’opération de «soutien du moral des députés AMP» et autres en sa faveur. Et voilà que brusquement, mercredi 25 mars, alors que plus de quatre cents députés l’attendaient depuis 10 heures dans l’hémicycle pour la plénière, Kamerhe s’amène vers 13 heures seulement pour lâcher la bombe : « …tout en vous remerciant pour avoir cru à l’action que nous avons menée ensemble ici dans notre institution, je vous prie de bien vouloir accepter ma démission sans débat ni vote» ! Explosion de joie dans les rangs des députés de la majorité présidentielle, stupeur dans le camp de l’opposition, et plus particulièrement dans le groupe des dissidents de l’AMP qui avait cru en Kamerhe et qui voient leur pilote sauter en parachute et les abandonner en plein ciel agité par la tempête! "

Le Terminator, qui s'y connaît dans ce genre d'affaires, n'hésite pas à affirmer que Kamerhe est tombé dans la même trappe que JP Bemba. Ce qui me fait penser à une autre bataille d'élephants qui, en aout 2006 et en mars 2007, a meurti tellement l'herbe populaire qu'elle ne s'en remet encore pas. La chose la plus terrible, c'est qu'il y a des élephants encore plus gros et plus forts, capables de reduire les bataille ci-haut décrites en simple bagarres d'adolescents. J'ai affiché, il y a quelques jours un article sur le FMI. Les kabilistes avec Kabila en tête ont refusé mordicus d'opérer la révision des contrats chinois. Une des choses que le général Nkunda a dite en provoquant intensément le courroux des kabilistes, c'était que le peuple congolais avait le droit d'exiger la révision de ces contrats. Nous savons tous que cette exigence n'allait pas venir d'un parlement qui dit oui-oui à un exécutif prédateur. Or qu'en est-il de cette situation aujourd'hui? Les fameuses institutions de Bretton Woods n'avaleront jamais le troc sino-rdcongolais portant sur une exploitation léonine des mines en échange d'infrastructures encore invisibles. De quel pouvoir disposait Kinshasa pour resister à la pression? Aucun. Le résultat est là. La Chine est puissante, mais elle cultive aussi son image et sa place parmi les puissants. Elle n'est pas prête à saborder tout cela pour les beaux yeux des faucons kabilistes. Moyennant quoi, elle ne déboursera que le tiers des 9 milliards sur lesquels comptait Kabila pour réaliser les "cinq sentiers". A cette allure, ce ne sera vraiment plus que des sentiers! Surtout si pour la destruction de chaque adversaire politique, il faut puiser dans les coffres qui devraient financer les infrastructures potentielles... Voilà donc comment l'herbe populaire congolaise est savamment piétinée par les grands élephants de ce monde. Il faudra bien qu'il y ait pas seulement un Nkunda, mais bien un bon nombre qui veuille parler et défendre les victimes de ces batailles féroces entre élephants aveuglés par une cupidité sans mesure.

Monday 30 March 2009

L'IMPOSSIBLE DEMOCRATIE DU RAIS

L’une des personnalités qui admirent le plus Joseph Kabila souscrit a l’idée fondamentale selon laquelle le citoyen ordinaire ne sait pas voir le vrai Joseph Kabila. Selon Colette Braeckmann qui vient d’écrire un livre intitulé Vers la deuxième indépendance du Congo, il est une sorte d’antihéros qui a réussi, contre toute atteinte à relever tous les défis. Il serait doté d’une force tranquille et userait à la perfection l’art d’exploiter sa faiblesse pour réussir le coup le plus difficile, c’est-a-dire, isoler l’homme considéré comme étant le plus fort en Afrique centrale aujourd’hui. Aux yeux de Braeckmann, Kabila a réussi à faire isoler le président rwandais, d’un isolement qui confine ce dernier dans le rôle de mauvais joueur.

Ce sont là des paroles d’une admiratrice invétérée. Car on ne saurait trouver autrement des paroles aussi élogieuses au sujet d’une personne dont le leadership s’est caractérisé par dérive constitutionnelle sur dérive constitutionnelle. L’encre n’a pas encore séché sur les journaux qui parlaient encore hier du bras de fer entre le légaliste ex-président de l’assemblée nationale et le dictateur constitutionnel de la RDC, par faucons interposés. Dans un pays où les extrémistes font la loi, on a fait croire au public que la paix en RDC avait un obstacle, le CNDP et son leader Laurent Nkunda. Ensuite on a fait croire qu'en prenant une distance vis-à-vis de l'opération Umoja wetu, l'ex-président de l'assemblée devenait l'autre obstacle à abattre. L'AMP l'a liquidé anticonstitutionnellement sans aucun égard au travail de titan que cet homme a fourni pour installer une démocratie de pacotille à Kinshasa. Il y croyait peut-être quand il distribuait l'argent de Kinshasa à Kindu. Mais en ce moment il doit déjà méditer sur le caractère pacotille de la démocratie dont il a été un architecte clé. Nkunda est arrêté depuis deux mois et je ne sais plus combien de jours. Kamerhe a abandonné l'assemblée nationale. Mais est-ce que cela signifie que la paix, condition de la démocratie est enfin là? Non, absolument pas, parce que le problème de la paix et de la démocratie est tout autre.

Braeckmann a raison, au moins de par le titre qu'elle a choisi. La RDC a besoin d'une nouvelle indépendance, le Chairman du CNDP n'a pas cessé de le dire. La RDC a besoin d'un ressaisissement profond pour retrouver sa dignité. Peut être Kamerhe, qui a des intérêts différents de ceux de Nkunda, son choix de Kabila étant on ne peut plus explicite, l'a aussi réalisé. Un peu tard. Sa réaction, pour avoir été si tardive, a contribué à son lynchage politique personnel, au lieu de réveiller la torpeur du président qui, prisonnier de ses faucons, n'a jamais montré aucun intérêt à restaurer l'indépendance de la RDC, encore moins la dignité du dernier congolais redevenu victime des FDLR une fois que les opérations Umoja wetu ont été déclarées conclues.

Où en sommes-nous aujourd'hui? La majorité présidentielle tripatouille les institutions comme elle le veut. Elle tord et retord toute ficelle visant à consolider le pouvoir dictatorial du chef. Quel nouveau président de l'assemblée peut dorénavant parler de l'indépendance des institutions ou de la séparation des pouvoirs? Aucun. Le prochain sera encore plus inféodé aux caprices de la majorité et son boss, surtout s'il tient aux privilèges en USD et autrement, que son poste procure. Même chose sur le plan militaire: on a cherché la confusion, on l'a installée et le peuple est absolument sans défense. On a abondamment parlé du succès à 95% de l'opération Umoja wetu. Mais au Rwanda comme en RDC l'on sait que l'échec était inévitable d'abord parce que parmi les FARDC il y avait déjà des FDLR qui étaient donc impossibles à désarmer étant FARDC; que les PARECO qui ont intégré les FARDC pour l'opération Umoja wetu constituent un groupe armé à majorité FDLR (groupe créé par la 8ème région militaire pour combattre le CNDP quand le président a déclenché la guerre contre ce mouvement); et que la grande partie des FDLR controlant les mines du Sud-Kivu n'ont pas été inquiétées (c'est seulement maintenant que des forces se déplacent pour aller su Sud-Kivu et au Maniema), recevant ainsi une large marge de manœuvre en termes de temps et d'espace. Ce qui est étonnant c'est que les stratèges militaires rwandais aient concentré leurs efforts contre le CNDP en négligeant ces détails qui allaient, juste avec un peu de temps, montrer que la démarche de deux gouvernements serait un fiasco. C'est en tout cas ce qui s'avère pour le Rwanda, car la RDC a, en soi, consolidé son alliance avec les FDLR, ce qui donne à ces dernières la voie vers la réalisation de leur dessein, nuire assez dangereusement à leur pays d'origine et à la région. Elles ont tous les atouts maintenant, surtout que le cndp de Kamanzi ne peut pas les arrêter dans leur tentative.

Le mouvement des troupes vers le sud est donc trompeur, sa raison d'être demeure la possibilité pour les FDLR de contrôler la frontière et menacer effectivement. Ce mouvement qui vise aussi la dispersion de l’armée du CNDP peut se révéler dangereuse pour la RDC. On voulu a tout prix annihiler le CNDP, son chef et son armée. On espère avec cela donner un coup de grâce a un problème qui se répète inexorablement, a savoir les tensions su sein de l’armée. Il n’est pas nécessaire de rappeler les expériences de Kitona, de Kamina et du camp Kokolo. Les causes de ces expériences de triste mémoire sont encore entières, et l’opération Umoja ne comprenait aucune stratégie correspondante à ce mal. En tout cas leur plan semble avoir négligé le facteur le plus destructif, ou tout au moins le plus difficile à gérer en ce qui concerne l'armée de la RDC. Comme l'a souvent répété le Général Nkunda, on ne consolidéra jamais cette armée avant d'avoir affronté les causes de sa faiblesse, les raisons du cycle implosionnel qui l'afflige depuis le temps de la fameuse Force Publique. Les généraux peuvent croire que les soldats comme le peuple n’ont pas de privilèges, mais l’on récolte ce que l’on a semé. Et ici on est encore en train de semer la zizanie qui ne produira jamais du blé. Encore une fois, ce n’est ni Kamanzi, ni Munyampenda, ni Ntaganda qui empêcheront les tensions dangereuses dont on met en place l’architecture aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est que Joseph Kabila, lui, est en train de préparer
les élections de 2011. En ayant renforcée la puissance des FDLR, il peut se passer d’un Kamerhe. L’intégration forcée de l’armée lui assurera également une campagne à l’arme comme en 2006. Il se prépare bel et bien à une autre impossible démocratie.

Friday 27 March 2009

THE MAGNA VULTURE'S MOVE

The IMF’s Lending Overhaul

BY DOMONIQUE STRAUSS-KAHN

The International Monetary Fund should be an essential port of call for emerging-market and developing countries facing financing needs.

With its ability to mobilize large financial resources and buttress policy credibility, the IMF can help mitigate the large economic and social costs often associated with crises.

Against this background, the world has come together in the midst of the crisis to radically overhaul the framework for IMF lending. Now and in the future, the world needs the IMF to respond flexibly and effectively to its members’ needs.

First and foremost, our financing packages should be large enough relative to the size of the problem to make a difference.

In addition, the absence of an IMF insurance facility with acceptable terms has been a major gap in the global financial architecture, especially for the more dynamic emerging-market economies.

This is despite all the evidence of the value of early access to IMF financing, before a tough situation deteriorates into a crisis.

Moreover, while it remains essential to attach policy conditions to IMF-supported programs, they should be focused squarely on solving a country’s critical problems, so that the conditions will be relevant rather than intrusive.

With our members’ support, we are implementing important reforms to our lending policies that will encourage countries to approach the IMF early on, before crises become severe and almost intractable.

The reform comprises three core elements:

First, policy conditions associated with future IMF lending will be better tailored to country circumstances. A new Flexible Credit Line makes high-volume financing available – even before a crisis has struck – without any ex post policy conditionality to qualifying countries with strong economic fundamentals and policy frameworks. Some observers have dubbed the new facility “EZ loan,” though few countries meeting the qualifying criteria would consider their policy achievements – and their commitment to maintaining that record – anything but “easy.”

For others, conditionality will be more tightly focused on core areas, and “structural” conditions that require hard-to-time legislative measures will be judged in a less formalistic manner.

Second, for those not qualifying for the new instrument, the Fund’s workhorse lending facility, the Stand-By Arrangement, will be made more flexible along several dimensions. These include permitting high financial access even before a crisis materializes, and allowing disbursements to be more front-loaded.

Third, the amount of lending available from the IMF is being raised substantially. Normal limits on access to IMF resources are being doubled – a development consistent with the growing consensus that the Fund’s lending capacity needs to be at least doubled given the severity of this crisis.

This is extremely important, since few things are as fatal to the credibility of a policy package as insufficient financing. Taken together, these steps address the core problems – the stigma associated in the past with IMF conditionality, the availability of early pre-crisis financing, and the overall size of rescue packages – that have sometimes diminished the effectiveness of the Fund’s role as a crisis lender.

Emerging markets that approach the IMF early on for pre-crisis financing will find shelter from the winds of global deleveraging, which in turn will help contain the spread of the crisis.

The IMF has already moved quickly to help many of our member countries in this time of crisis, including by protecting social spending in order to cushion the impact of the crisis on the most vulnerable.

The lending reforms adopted this week will enable us to be even more flexible and responsive in assisting even more countries. At the same time, these reforms are only a part of a much larger plan for IMF renewal. Still in the pipeline are initiatives to increase concessional lending to low-income countries hit by the crisis, to strengthen the Fund’s surveillance and early warning capacity, and to improve its governance structure in ways that recognize the larger role of emerging-market countries in the world economy.

It is my hope that further action in all these areas will be taken in the coming months. Together, they constitute a turning point in the way the IMF works, and will allow it to serve its global membership even better.

Dominique Strauss-Kahn is Managing Director of the International Monetary Fund.

Et voici la première bénéficiaire du voyage d'affaires de Sarkozy en RDC: remarquez l'expression "renforcer leur présence"... (des entreprises françaises)


Et voici comment se passe la vente de l'Afrique par ses propres enfants:

Thursday 26 March 2009

RANDOM NEWS

http://af.reuters.com/article/topNews/idAFJOE52P03620090326

http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=4357

http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/afrique/20090325.FAP2621/afrique/

http://www.rfi.fr/actufr/articles/111/article_79530.asp

http://www.france24.com/fr/20090325-republique-democratique-congo-rwanda-president-demission-parlement-sarkozy-Kamerhe-kabila

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20090325.OBS0627/lsreactions00e5.html?l=0

http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7963755.stm

http://af.reuters.com/article/topNews/idAFJOE52P03020090326?sp=true

UN AUTRE DISCOURS!

Ci-dessous l'intégralité du discours de Vital Kamerhe à l'occasion de la présentation de sa démission.

DISCOURS DE L'HONORABLE VITAL KAMERHE, A L'OCCASION DE LA PRESENTATION DE SA DEMISSION DE SES FONCTIONS DE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE NATIONALE, LE 25 MARS 2009

Honorables Députés et Chers Collègues,

Lors de mon intervention sur Radio OKAPI, le 21 janvier 2009, en rapport avec le début des opérations militaires conjointes entre nos forces armées et celles de la République du RWANDA dans la province du Nord Kivu, j'avais déclaré que je n'en étais pas informé et que, si cela était vrai, ce serait grave parce que j'avais estimé que, compte tenu des dégâts collatéraux importants occasionnés en Province Orientale par une opération similaire avec l'armée ougandaise et celle du Sud-Soudan pour neutraliser les rebelles de la LRA, le Gouvernement devrait prendre des précautions pour éviter que la même situation ne se reproduise au Nord-Kivu.

Cette déclaration a été mal appréciée par ma famille politique qui a estimé que j'avais commis un crime de lèse majesté, car je venais, semble-t-il, de contredire le Chef de l'Etat, Chef de ma famille politique.

J'ai été astreint à la démission avec en prime une forte campagne de diabolisation et des injures gratuites sur ma personne à travers toute la presse, écrite et audiovisuelle tant privée que publique et ce, sans ménagement, ni le moindre égard à mes fonctions de Président de l'Assemblée nationale.

C'est le lieu de déplorer la culture de l'injure publique, de la délation et de l'immoralité dans la sphère politique congolaise, car nous, hommes politiques, avons l'obligation de servir de modèle aux jeunes générations et à la société congolaise toute entière.

Mon parti politique, par notre Secrétaire Général, m'a écrit pour m'inviter à démissionner sans délai.

Cependant, toutes ces demandes insistantes de ma famille politique m'étaient présentées pendant les vacances parlementaires, donc en l'absence de vous tous qui m'avez élu.

Ainsi que je l'ai dit dans mon discours d'ouverture de la présente session, j'avais entendu ce que mon parti politique, le PPRD et la hiérarchie de ma famille politique m'avaient demandé. Mais en même temps, j'étais aussi à l'écoute de notre peuple qui, à travers les églises, les organisations de défense des Droits de l'Homme, la Diaspora Congolaise, la jeunesse congolaise et toutes les forces vives, exprimait, dans une belle harmonie, la soif et le désir ardent de voir les hommes politiques que nous sommes, préserver les acquis démocratiques et se conformer à la légalité constitutionnelle pour briser définitivement la spirale d'éternels recommencements, caractéristique de la marche de nos institutions depuis 1960, à cause des querelles politiciennes.

Le grand combat que chacun de nous doit mener, comme le disait Gandhi, c'est contre soi-même pour repousser cette nature qui nous habite et qui nous pousse à détruire ce que nous avons construit, même au prix du sacrifice suprême.

C'est pourquoi je n'avais pas démissionné pendant les vacances parlementaires, comme mes collègues membres du Bureau qui avaient reçu la même instruction pour je ne sais quelle faute qu'ils auraient commise collectivement. J'ai la pleine conscience qu'ils ont payé le prix de ce qui m'a été reproché, alors qu'en réalité, ils n'ont rien fait!

Cependant, je n'ai pas le sentiment d'être responsable de ce qui leur est arrivé, car la faute, si faute il y a, doit être individuelle et directe. Je voudrais tout simplement leur dire que ce sont là, les aléas de la politique dans notre pays dont je suis moi-même victime.

Sans chercher à me justifier outre mesure, laissez-moi dire quand même un mot au sujet de la faute qui m'est imputée. En effet, l'article 213 de la Constitution dispose ce qui suit, je cite: " le Président de la République négocie et ratifie les traités et accords internationaux. Le Gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à ratification après délibération en Conseil des ministres. Il en informe l'Assemblée nationale et le Sénat ".

L'Assemblée nationale est informée par son Président que je suis. Je ne me souviens pas, à ce jour, avoir reçu l'information du Gouvernement sur l'accord signé avec le RWANDA pour les opérations militaires conjointes dans le Nord-Kivu. C'est une obligation constitutionnelle du Gouvernement et non du Président de la République.

Voilà pourquoi j'avais dit que je n'étais pas informé. Cela était et reste vrai. La gravité de cette opération tenait, à mes yeux, non seulement au fait que le Gouvernement avait officiellement annoncé, par la bouche de son Porte-parole, l'invitation de quelques officiers de renseignement de l'armée rwandaise pour assister à la traque des ex-FAR, FDLR et Interhamwe par notre armée, mais aussi et surtout parce qu'il y avait manifestement violation par le Gouvernement des dispositions sus rappelées de la Constitution de la République.

Au fait, si jamais il y avait un problème, il s'agirait d'un problème entre l'Assemblée nationale et le Gouvernement. Je n'ai donc jamais compris comment on est arrivé à y mêler le Président de la République, Chef de ma famille politique, et à créer artificiellement un problème entre Lui et moi. Le Président de la République, je le répète, ne doit pas servir de bouclier au Gouvernement, ni à ses membres qui eux ont l'obligation de rendre compte de leur gestion à l'Assemblée nationale. Nous devons ramener le Chef de l'Etat à son rôle d'arbitre neutre pour qu'il veille au bon fonctionnement de l'ensemble des institutions conformément à l'article 69 de la Constitution. Il ne doit pas non plus être l'otage d'un groupement politique quelconque parce que la Constitution le place au dessus de la mêlée.

Mais le vin est tiré, amer ou aigre, il faut le boire.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Nous voilà aujourd'hui à la croisée des chemins. Je dois opérer, avec vous, un choix et le bon. Notre seul fil conducteur doit être la lutte pour la préservation et la sauvegarde de la démocratie et de la légalité dans notre pays ainsi que l'indépendance du Député national, lequel ne doit pas être astreint à un mandat impératif en vertu de l'article 101, alinéa 5 de la Constitution. Le mandat dont nous sommes investis nous lie directement par un contrat social et politique avec le peuple congolais. Nous devons donc à tout moment rechercher son intérêt et nous mettre à son écoute pour connaître ses attentes et ses intérêts pour mieux le défendre. C'est donc à lui et à lui seul que nous rendons compte de notre mandat.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Nous avons le choix entre deux voies constitutionnelles valables.

La première possibilité qui s'offre à nous, est celle de poursuivre le processus enclenché jusqu'au vote à bulletin secret afin que les urnes parlent.

Au-delà du résultat arithmétique auquel ce vote pourrait conduire, personne dans cette salle ne peut nous dire avec exactitude de quoi demain sera fait. Personne ne peut parier que la démocratie et la paix sociale chèrement acquises en sortiront intactes.

Personne non plus ne peut parier que l'Assemblée nationale qui a su démontrer à la face du monde son engagement clair et net en faveur de la défense de la démocratie, ne sera pas déstabilisée ou à tout le moins, ne connaîtra pas de fonctionnement tumultueux.

La deuxième possibilité qui est tout aussi constitutionnelle, est celle de privilégier et de sauver la démocratie qui peut continuer et se renforcer sans que nécessairement un homme, qui qu'il soit, même pas Vital KAMERHE, reste absolument au perchoir comme Président de l'Assemblée nationale.

Puisant dans la sagesse du Roi Salomon appelé à trancher le conflit entre deux femmes qui se disputaient un enfant, - tous les chrétiens connaissent l'histoire-j'ai opté pour la voie la moins périlleuse et la moins couteuse pour le peuple congolais qui a démontré, à travers les années, son attachement à la démocratie.

Je pense notamment aux martyrs de l'indépendance, aux martyrs de la pentecôte et aux autres martyrs tombés lors de la marche pacifique des chrétiens du 16 février 1992, alors qu'ils réclamaient la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine.

Je pense aussi à tous ces hommes de Dieu pour ne pas les citer tous, Mgrs MUNZIHIRWA, KATALIKO et Charles MBOGA.

Je pense enfin à tous les autres martyrs anonymes qui sont tombés sur les champs de batailles lors des différentes rebellions et guerres d'agression.

Je ne voudrais pas lever l'option qui risque de nous conduire dans des situations incontrôlées et incontrôlables, dans des situations qui peuvent encore alourdir le bilan macabre des morts au sein de notre population. Le sens de notre combat doit demeurer la consolidation de la démocratie dans notre pays.

Je suis d'avis que nous devons nous prévenir du syndrome de déstabilisation des institutions démocratiquement établies par des putschs observés ces derniers temps ça et là en Afrique. Ce serait un grand retour en arrière.

C'est pourquoi, je lance un appel à l'apaisement et au calme en direction de toute la population de l'intérieur comme de l'extérieur du pays.

Nous devons bannir à jamais la violence et les rebellions. Nous devons ensemble continuer le combat de la démocratie par des voies pacifiques.

Nous devons, Honorables Députés et Chers Collègues, Majorité comme Opposition, faire le choix d'aller de l'avant et de défendre sans relâche la démocratie et les valeurs républicaines pour le renouveau de la classe politique congolaise qui doit prendre l'engagement de reconstruire un Congo où il fait beau vivre.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Je sais que beaucoup parmi vous, chacun devant sa conscience, aujourd'hui ou peut-être demain, vous n'êtes pas convaincu de vraies raisons de ma démission. Mais c'est comme qui dirait que la politique à ses raisons que la raison ignore.

Je ne voudrais pas inscrire mon nom dans l'histoire des blocages des institutions acquises chèrement par notre peuple au prix de son sang. Je ne voudrais pas non plus trahir la mémoire de nos pères de l'indépendance, des artisans de l'unité nationale et de la libération, encore moins de ceux qui ont sacrifié leurs vie et jeunesse pour l'avènement et l'émergence de la démocratie dans notre pays.

Mes pensées vont notamment à papa Simon KIMBANGU, à Joseph KASA-VUBU, à Patrice Emery LUMUMBA, à Joseph Désiré MOBUTU SESE SEKO, à Mzee Laurent Désiré KABILA pour les morts et à Joseph KABILA, à Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, à Antoine GIZENGA FUNDJI, à Monseigneur Laurent MONSENGWO PASSINY A et autres pour les vivants. Les mêmes pensées vont aussi en direction de ceux qui ont permis la réconciliation nationale qui nous a conduits aux élections démocratiques en 2006. Il s'agit particulièrement des animateurs de la Transition sous la formule 1 + 4, j'ai nommé en plus du Président de la République, Joseph KABILA déjà cité ci-haut, les anciens Vice-Présidents de la République JeanPierre BEMBA, Arthur ZAIDI NGOMA, AZARIAS RUBERWA et YERODIA ABDOULA YE NDOMBASI.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Mon vœu le plus ardent est que nous ne transigions jamais, sous quelques pressions que se soient, sur les missions constitutionnelles dévolues à l'Assemblée nationale, à savoir l'élaboration des lois et le contrôle ainsi que, le cas échéant, la sanction positive ou négative des membres du Gouvernement et des dirigeants des entreprises publiques, des établissements et services publics.

Nous veillerons à la liberté d'expression, au respect et à la tolérance des opinions de tout un chacun.

Un parlement démocratique est celui dans lequel la majorité n'étouffe pas l'opposition, en même temps que cette dernière s'incline sportivement devant la loi de la majorité. Il est aussi celui dans lequel les questions d'intérêt national mettent tout le monde d'accord.

Je suis heureux que cela soit le cas au sein de notre hémicycle jusqu'à ce jour. C'est pourquoi je vous remercie, Honorables Députés et Chers Collègues, pour votre amour et pour m'avoir facilité la tâche à la direction de notre chère institution. Merci de tout cœur.

Que les collègues du Sénat trouvent ici l'expression de ma reconnaissance pour le travail de production législative que nous avons réalisé ensemble dans un esprit de famille parlementaire. Je pense particulièrement à son Président, l'Honorable Léon KENGO WA DONDO.

Je ne peux oublier les amis de la communauté internationale pour leur collaboration et sages conseils, lesquels ont contribué à la bonne marche de nos travaux.

Mes remerciements s'adressent aussi à tous le personnel politique et agents de l'Administration de l'Assemblée nationale, ces héros dans l'ombre, sans lesquels nous n'aurions pu brandir le modeste bilan qui est le nôtre aujourd'hui où nous sommes à mi chemin de notre mandat.

J'exprime ma gratitude aux amis de la presse qui nous ont accompagnés dans notre délicate mission.

Je remercie enfin et de manière particulière, l'ensemble de la population congolaise qui, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, a apprécié nos débats et nous a toujours accompagnés par ses prières surtout pendant les moments les plus difficiles des nos travaux. Je lui en sais gré et lui promets de demeurer toujours à son écoute et à son service.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Ainsi que je l'avais promis dans mon discours du 16 mars 2009, à la demande de ma famille politique, j'ai soumis la question de ma démission à la Conférence des Présidents que j'ai réunie en date du 19 mars 2009, laquelle l'a retenue à l'ordre du jour de la présente plénière.

Un homme d'Etat est celui qui non seulement observe scrupuleusement la Constitution et les lois de son pays, mais aussi et surtout, celui qui est esclave de sa propre parole.

C'est pourquoi, tout en vous remerciant pour avoir cru à l'action que nous avons menée ensemble ici dans notre institution, je vous prie de bien vouloir accepter ma démission sans débat, ni vote.

En attendant l'élection du nouveau Bureau et la remise et reprise avec celui-ci, le Bureau que je préside expédie les affaires courantes conformément aux principes généraux de droit administratif.

Faisant miens les propos de Il THESSALONICIENS 3, 16: je cite " Que le Seigneur qui donne la paix vous accorde lui-même la paix de toute manière et en toutes circonstances. Que le Seigneur soit avec vous tous".

A Dieu seul soit la Gloire, l'Honneur et la Puissance.

Louez l'Eternel, car il est bon, car sa miséricorde et son amour dure à jamais. (Psaumes 136).

Dieu aime le Congo et je crois en l'avenir de mon pays. Que Vive la République Démocratique du Congo

Que Vive l'Assemblée nationale

Que Vive la Démocratie

Je vous remercie.

MORE TO COME!

Vital Kamerhe démissionne de son poste de président de l'Assemblée nationale

Kinshasa | Politique et Citoyen | 25 Mars 2009 à 16:17:05

Le président de l'Assemblée nationale a présenté sa démission au cours d’une courte plénière ce mercredi au Palais du peuple. Sans débat ni vote, sa démission a été acceptée par l’assemblée plénière. Dans un bref discours, Kamerhe a fait savoir que son parti politique, le PPRD lui avait écrit pour lui demander de démissionner sans délai suite à ses propos tenus sur les ondes de Radio OKapi. Il n’a pas voulu le faire, dit-il, en dehors de la plénière qui l’avait élu.

Vital Kamerhe

C’est dans une ambiance bon enfant que 404 députés présents dans la salle des Congrès ont favorablement accueilli la démission de Vital Kamerhe. Mais celui-ci demeure encore président du bureau démissionnaire qui expédie les affaires courantes jusqu’à l’installation du nouveau bureau. Ce dernier fera l’objet d’une commission ad hoc qui sera chargée d’organiser la prochaine élection du bureau.

Extrait du discours de Vital Kamerhe à l’Assemblée nationale

«Honorables députés et chers collègues, lors de mon intervention sur Radio Okapi le 21 janvier 2009 en rapport avec le début des opérations militaires conjointes entre nos forces armées et celles de la République du Rwanda dans la province du Nord-Kivu, j’avais déclaré que je n’avais pas été informé. Et que si cela était vrai, ce serait grave parce que j’avais estimé que compte tenu des dégâts collatéraux importants occasionnés en Province Orientale par une opération similaire avec l’armée ougandaise et celle du Sud du Soudan pour neutraliser les rebelles de la LRA, le gouvernement devait prendre des précautions pour éviter que la même situation ne se produise au Nord-Kivu. Cette déclaration a été mal appréciée par ma famille politique qui estimait que j’avais commis un crime de lèse-majesté, car je venais là, semble-t-il, de contredire le chef de l’Etat, chef de ma famille politique. J’ai été astreint donc à la démission, avec en prime, une forte campagne de diabolisation et des injures gratuites sur ma personne à travers toute la presse écrite et audiovisuelle, tant privée que publique. Et ce, sans ménagement ni le moindre égard à mes fonctions à l’Assemblée nationale. C’est le lieu de déplorer ici la culture de l’injure facile et publique, de la délation et de l’immoralité dans la sphère politique congolaise. Car, nous, hommes politiques, avons l’obligation de servir de modèle aux jeunes générations et à la société congolaise tout entière.


Mon parti politique, par notre secrétaire général Evariste Boshab, m’a écrit pour m’inviter à démissionner sans délai. Cependant, toutes ces demandes insistantes de ma famille politique m’étaient présentées pendant les vacances parlementaires, donc, en l’absence de vous tous qui m’avez élu. C’est pourquoi je n’avais pas voulu démissionner pendant les vacances parlementaires.


Ainsi que je l’avais dit dans mon discours d’ouverture de la présente session, j’avais entendu ce que mon parti politique, le PPRD et la hiérarchie de ma famille politique m’avaient demandé. Mais en même temps, j’étais aussi à l’écoute de notre peuple, qui, à travers les églises, les organisations de défende des droits de l’homme, la diaspora congolaise, la jeunesse congolaise, et toutes les forces vives, exprimer dans une belle harmonie, la soif et le désir ardent de voir els hommes politiques que nous sommes, préserver les acquis démocratiques et se conformer à la légalité constitutionnelle pour briser définitivement la spirale de l’éternel recommencement caractéristique de la marche de nos institutions depuis 1960, à cause des querelles politiciennes. Le grand combat que chacun de nous doit mener, comme le disait Ghandi, je le répète, c’est contre soi-même, pour repousser cette nature qui nous habite et nous pousse à détruire ce que nous avons construit, même au prix des sacrifices suprêmes. C’est pourquoi je n’avais pas démissionné pendant les vacances parlementaires comme mes collègues membres du bureau qui avaient reçu la même instruction pour je ne sais quelle faute qu’ils auraient commise collectivement. J’ai la pleine conscience qu’ils ont payé le prix de ce qui m’a été reproché, alors qu’en réalité, les pauvres collègues ici présents n’ont rien fait. Nous sommes dans un pays de justice, cependant, je n’ai pas le sentiment d’être responsable de ce qui leur est arrivé. Car la faute, si faute il y a, doit être individuelle et directe. Je voudrais tout simplement leur dire que ce sont là, chers collègues, les aléas de la politique dans notre pays dont je suis moi-même victime. Sans chercher à me justifier outre mesure, laissez- moi dire quand même un mot au sujet de la faute qui m’est imputée. En effet, l’article 213 de la Constitution dispose ce qui suit, je cite : « Le président de la République négocie et ratifie les traités et accords internationaux, le gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à la ratification, après délibération en conseil des ministres, il en informe l’Assemblée nationale et le Sénat. L’Assemblée nationale est informée par son président que je suis. Je ne me souviens pas à ce jour avoir reçu l’information du gouvernement sur l’accord signé avec le Rwanda pour els opérations militaires conjointes dans le Nord-Kivu.
C’est une obligation constitutionnelle du gouvernement et non du président de la République. Voilà pourquoi j’avais dit que je n’étais pas été informé. Cela était et reste vrai. La gravité de cette opération tenait à mes yeux, non seulement au fait que, le gouvernement avait officiellement annoncé, par la bouche de son porte-parole, l’invitation de quelques officiers observateurs de renseignements militaires de l’armée du Rwanda pour assister à la traque des Interhamwe par l’armée congolaise, mais aussi et surtout parce qu’il y avait manifestement violation, dans le chef du gouvernement, des dispositions précitées de notre Constitution. En fait, si jamais il y avait un problème, il s’agirait d’un problème entre l’Assemblée nationale et le gouvernement. Je n’ai donc jamais compris comment on est arrivé à y mêler le président de la République, chef de ma famille politique, et à créer artificiellement un problème entre lui et moi. Le président de la République, je le répète, ne doit pas servir de bouclier au gouvernement ni à ses membres, qui, eux, ont l’obligation de rendre compte de leur gestion à l’Assemblée nationale. Nous devons ramener le chef de l’Etat à son rôle d’arbitre neutre pour qu’il veuille au bon fonctionnement de l’ensemble des institutions, te ce, conformément à l’article 69 de notre Constitution. Mais le vin est tiré, amer ou aigre, il faut le boire.


Honorable députés et chers collègues, nous voilà aujourd’hui à la croisée des chemins. Je dois opérer avec vous un choix, et le bon. Notre seul fil conducteur doit être la lutte pour la préservation et la sauvegarde de la démocratie et de la légalité dans notre pays, ainsi que l’indépendance du député national, lequel ne doit pas être astreint à un mandat impératif, en vertu de l’article 101 de la Constitution, alinéa 7. Le mandat dont nous sommes investis nous lie directement par un contrat social et politique avec le peuple congolais. Nous devons, donc, à tout moment, rechercher son intérêt et nous mettre à son écoute pour connaître ses attentes et ses intérêts pour mieux le défendre dans cet hémicycle. C’est donc à lui, et à lui seul que nous rendons compte de notre mandat.

Honorables députés et chers collègues, nous avons le choix entre deux voies constitutionnelles valables. La première possibilité qui s’offre à nous est celle de poursuivre le processus enclenché jusqu’au vote à bulletin secret, afin que els urnes parlent. Au-delà du résultat arithmétique auquel ce vote pourrait conduire, personne alors personne dans cette salle ne peut nous dire avec exactitude de quoi demain sera fait. Personne ne peut parier que la démocratie et la paix sociale chèrement acquises en sortiront intactes. Personne non plus ne peut parier que l’Assemblée nationale qui a su démontrer à la face du monde son engagement clair et net en faveur de la défense de la démocratie ne sera pas déstabilisée, ou tout au moins, ne connaîtra pas de fonctionnement tumultueux. La deuxième possibilité qui est tout aussi constitutionnelle est celle de privilégier et de sauver la démocratie, qui peut continuer et se renforcer sans nécessairement un homme, qui qu’il soit, même pas Vital Kamerhe, reste absolument au perchoir comme président de l’Assemblée nationale. Puisant dans la sagesse du roi Salomon, appelé à trancher le conflit entre deux femmes qui se disputaient un enfant, tous les chrétiens connaissent l’histoire, j’ai opté pour la voie la moins périlleuse et la moins coûteuse pour le peuple congolais qui a démontré, à travers les années, son attachement à la démocratie.
Je pense notamment, aux martyrs de l’indépendance, aux martyrs de la pentecôte et aux autres martyrs tombés lors de la marche pacifique des chrétiens du 16 février 1992 lorsqu’ils réclamaient la réouverture de la conférence nationale souveraine. Je pense aussi à tous ces hommes de Dieu, pour ne pas les citer tous, les archevêques de Bukavu, Muzirwa, Kataliko et Charles Mboga. Je pense enfin à tous les martyrs anonymes qui sont tombés sur le champ de bataille lors de différentes rébellions et guerres d’agression. Je ne voudrais pas lever l’option qui risque de nous conduire dans des situations incontrôlées et incontrôlables, dans des situations qui peuvent encore alourdir le bilan macabre de morts au sein de notre population. Le sens de notre combat doit demeurer la consolidation de la démocratie dans notre pays. Je suis d’avis que nous devons nous prévenir du syndrome de déstabilisation des institutions démocratiquement établies, par des putschs observés ces deniers temps ça et là en Afrique. Ce serait pour notre pays dommage et un grand retour en arrière. C’est pourquoi je lance un appel à l’apaisement et au calme en direction de toute la population de l’intérieur comme de l’extérieur du pays. Nous devons bannir à jamais la violence et les rébellions. Nous devons continuer ensemble le combat de la démocratie par des voies pacifiques. Nous devons, honorables et chers collègues, majorité comme opposition, faire le choix d’aller de l’avant et défendre sans relâche la démocratie et les valeurs républicaines pour le renouveau de la classe politique congolaise qui doit prendre l’engagement de reconstruire un Congo où il fera beau vivre.


Honorables députés et chers collègues, je sais que beaucoup parmi vous, chacun devant sa conscience, aujourd’hui, ou peut-être demain, vous n’êtes pas convaincus des vraies raisons de ma démission. Mais c’est comme qui dirait, la politique a ses raisons que la raison ignore. Je ne voudrais pas inscrire mon nom dans l’histoire de blocage des institutions acquises chèrement par notre peuple au prix de son sang. Je ne voudrais pas non plus trahir la mémoire de nos pères de l’indépendance, des artisans de l’unité nationale et de la libération, encore moins ceux qui ont sacrifié leur vie et jeunesse pour l’avènement de l’émergence de la démocratie dans notre pays. Mes pensées vont notamment à papa Simon Kimbangu, à Joseph Kasa-Vubu, à Patrice Emery Lumumba, à Joseph Désiré Mobutu Sese Seko, à Mzee Laurent-Désiré Kabila, pour les morts ; et à Joseph Kabila, à Etienne Tshisekedi, à Antoine Gisenga Fundji, à Mgr Laurent Monsengwo Pasinya et autres pour les vivants. Les mêmes pensées vont aussi en direction de ceux qui ont permis la réconciliation nationale qui nous a conduits aux élections démocratiques en 2006. Il s’agit particulièrement des animateurs de la transition sous la formule 1+4. J’ai nommé, en plus du président de la République Joseph Kabila Kabange, déjà cité ci haut, les anciens vice-présidents de la République, Jean-Pierre Bemba Gombo, Arthur Z’Ahidi Ngoma, Azarias Ruberwa et Yerodia Abdoulaye Ndombasi.


Honorables députés et chers collègues, mon vœu le plus ardent est que nous ne transigions jamais sous quelque pression que ce soit sur les missions constitutionnelles dévolues à l’Assemblée nationale. A savoir, l’élaboration des lois et le contrôle parlementaire, ainsi que le cas échéant, la sanction positive ou négative des membres du gouvernement et des dirigeants des entreprises publiques et des établissements publics de l’Etat. Nous veillerons à la liberté d’expression, au respect et à la tolérance des opinions de tout un chacun. Un Parlement démocratique est celui dans lequel la majorité n’étouffe pas l’opposition. En même temps, que l’opposition s’incline sportivement devant la loi de la majorité. Il est aussi dans lequel les questions d’intérêt national mettent tout le monde d’accord. Je suis heureux que cela soit le cas au sein de notre hémicycle jusqu’à ce jour. C’est pourquoi je vous remercie, honorables députés et chers collègues, pour votre amour et pour m’avoir facilité la tâche à la direction de notre chère institution. Merci de tout cœur. Que les collègues du Sénat trouvent ici l’expression de ma reconnaissance pour le travail de production législative que nous avons réalisé ensemble dans un esprit de famille parlementaire. Je pense particulièrement à son président, l’honorable Léon Kengo wa Dondo. Je ne peux oublier les amis de la communauté internationale pour leurs collaboration et sages conseils, lesquels ont contribué à la bonne marche de nos travaux. Mes remerciements s’adressent aussi à tout le personnel politique et agents de l’administration de l’Assemblée nationale, ces héros dans l’ombre sans lesquels nous n’aurions pu brandir le modeste bilan qui est le nôtre aujourd’hui où nous sommes à mi-chemin de notre mandat. J’exprime ma gratitude aux amis de la presse qui nous ont accompagnés dans notre délicate mission. Je remercie enfin, et de manière particulière, l’ensemble de la population congolaise qui, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, a apprécié nos débats et nous a toujours accompagné par des prières,surtout pendant les moments les plus difficiles de nos travaux. Je lui en sais gré et lui promets de demeurer toujours à son écoute et à son service.


Honorables députés et chers collègues, ainsi que je l’avais promis dans mon discours du 16 mars 2009, à la demande de ma famille politique, j’ai soumis la question de ma démission à la conférence des présidents que j’ai réunie en date du 19 mars 2009, laquelle l’a retenue à l’ordre du jour de la présente plénière. Un homme d’Etat est celui qui, non seulement observe scrupuleusement la Constitution et les lois de son pays, mais aussi et surtout, celui qui est esclave de sa propre parole. C’est pourquoi, tout en vous remerciant pour avoir cru en l’action que nous avons menée ensemble ici dans notre institution, je vous prie de bien vouloir accepter ma démission sans débat ni vote. En attendant l’élection du nouveau bureau et la remise et reprise avec celui-ci, le bureau que je préside expédie les affaires courantes conformément aux principes généraux du droit administratif. […] Dieu aime le Congo et je crois en l’avenir de mon pays. Que vive la République Démocratique du Congo, que vive l’Assemblée nationale, que vive la démocratie. Je vous remercie.»


Des réactions

« Nous prenons acte de cette démission ». C’est la première réaction de certains députés de l’opposition qui ont salué ladite démission. Parmi eux, Delly Sesanga, député du MLC. Même son de cloche du coté de la majorité parlementaire. Vice-président du groupe parlementaire PPRD, Aubin Minaku exprime ici sa joie tout en expliquant la prochaine étape qui attend l’Assemblée nationale.


Le sort est jeté. Vital Kamerhe s’en va. Mais sur le plan législatif, il laisse derrière-lui un bilan largement positif. Plusieurs lois ont été votées, des contrôles parlementaires réalisés. Un bilan que l’AMP reconnaît tout en admirant le parcours politique de Kamerhe.

Le MLC regrette la départ de Vital Kamerhe

En réaction de cette démission, le Mouvement de libération du Congo, principal parti d'opposition, a exprimé sa "grande tristesse" après la démission mercredi du président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, exigée par la majorité présidentielle. "C'est une grande tristesse de voir partir un grand président qui a su situer l'Eglise au milieu du village, entre la majorité et l'opposition", a déclaré ce mercredi à l'AFP le secrétaire général du MLC, François Muamba."Les hommes passent mais les institutions restent. Mais pour qu'elles restent, les institutions doivent être dotées de lois et règles respectées par tous", a affirmé M. Muamba. Pour lui, "Kamerhe s'est battu jusqu'au bout pour que les règles qui nous régissent soient respectées et l'Assemblée nationale soit une institution forte".



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Wednesday 25 March 2009

DE LA SAGA PARLEMENTAIRE

Je ne sais pas de qui l'auteur de ce billet a eu mon adresse yahoo. Mais voici ce que je viens de recevoir de lui. La saga est-elle finie? Le meilleur messager de la campagne du rais s'efface. Qui le remplacera? Je vous copie le billet tel qu'il est apparu sur ma fameuse inbox yahoo:

  • Selon une information nous transmise par un correspondant occasionnel présent au Palais du Peuple à Kinshasa, monsieur Vital Kamerhe vient de démissionner de la présidence du parlement.
  • Dans son mot devant la plénière, il affirmé qu'il n'était pas informé de l'entrée des rwandais chez nous.
  • Il a préferé démissionner avant le vote et avant le débat.

Cheik FITA
Bruxelles, le 25 mars 2009, 14h55

ABSURDE

Le bémol de la paix au Nord-Kivu
(Gabon Eco 25/03/2009)


Le processus de Nairobi III pour la pacification du Nord Est de la République démocratique du Congo (RDC) s’est achevé le 23 mars dernier à Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, sanctionné par la signature de l’«Accord de Ihussi», un compromis de paix qui doit mettre un terme définitif à la guerre dans cette région. Mais cet accord comporte certaines propositions qui pourraient entretenir une situation conflictuelle, notamment le découpage territorial du Kivu en deux provinces sur des critères de répartition ethnique.

Le ministre à la Coopération internationale et régional, Raymond Tshibanda, le président national du Congrès national pour la démocratie et le développement (CNDP), Désiré Kamanzi, et l’ancien président du Nigeria, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU et chargé de la Facilitation internationale, le général Olusegun Obasanjo, ont procédé dans l’après-midi du 23 mars dernier à la signature de l’accord de paix sanctionnant le processus de Nairobi III.

L’«Accord d’Ihussi» a été signé dans l’hôtel éponyme de la ville Goma, la capitale provinciale du Kivu, et met un terme à la guerre du Nord-Kivu en formalisant le cessez-le-feu du 5 janvier dernier.

Le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku, s’est réjoui des fruits du processus de Nairobi III, qui aura notamment permis que les concepts de «groupe armé» et de «rébellion armée» soient bannis au profit de la désignation de «lutte politique».

A l’issue de l’opération «Umoja Wetu», avec la participation des forces rwandaises aux côtés des FARDC, le processus Nairobi III avait déjà permis d’entériner un pré accord entre le CNDP et Kinshasa avec l’aide de la Commission politique, sécuritaire, juridique et administrative et de la Commission sociale et humanitaire mises en place à cet effet.

Dans une note interne remise à la MONUC, le CNDP avait formulé huit recommandations, notamment les négociations directes avec le gouvernement de Kinshasa; la renégociation de tous les contrats chinois signés par le gouvernement congolais avec les entreprises chinoises; la cessation de la coopération par le gouvernement avec les FDLR; la protection des minorités ethniques de la RDC; l’intégration des combattants du CNDP dans les FARDC et dans l’administration; la promotion de la bonne gouvernance ainsi que le travail de Laurent Nkunda dans l’armée.

Le cessez-le-feu du 5 janvier dernier avait déjà permis de trouver des solutions aux négociations directes, à la renégociation des contrats chinois, à la fin de la coopération avec les FDLR à travers l’opération «Umoja Wetu» et à l’intégration des combattants au sein des FARDC.

Alors que demeurent entières les questions de protection des minorités de la RDC, du cas Nkunda et de la bonne gouvernance, un document présenté comme «l’une des pistes de solutions à la situation qui prévaut au Kivu», daté du 2 décembre 2008 et qui aurait été certainement remis à la facilitation internationale pour le secrétaire général de l’ONU,
préconise le découpage territorial de la province du Nord-Kivu pour créer une nouvelle province, sur base «sociologique».

Ce document appelle à un découpage territorial pour la création de deux provinces, le Grand Nord qui regrouperait Beni et Butembo, et le Grand Sud qui comprendrait les zones de Masisi, Rutshuru et Walikale. La région Grand Nord abriterait majoritairement l’ethnie Nande, alors que le Grand Sud hébergerait les Hundes, les Hutus et les Tustis.

A en croire les auteurs de cette proposition, l’obsession de domination des ethnies autres que les minorités hutu-tusti serait à la base des conflits fonciers et ethniques. Pour mettre fin à cette rivalité, la solution passerait par la prise en compte de cet aspect sociologique qui aurait été négligé pendant la IIème République.

Mais les intérêts économiques majeurs de Masisi, Rusthuru et Walikale, qui recèlent beaucoup de minerais pourrait amener des dissensions sur ce découpage.

Certains observateurs craignent même qu’un rapprochement s’effectue avec les pays voisins au risque de voir cette partie échapper au contrôle du pouvoir central et provincial de l’actuelle province du Nord-Kivu.

Alors que le pays compte plus de 450 ethnies, la réconciliation nationale peut-elle s’appuyer sur des considérations sociologiques, voire ethniques?

Publié le 25-03-2009 Source : Gaboneco.com Auteur : Gaboneco

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Tuesday 24 March 2009

LES SIGNES D'UN DECLIN

Selon le Potentiel, “le processus de Nairobi III a pris fin. Il a été sanctionné par la signature d’un compromis de paix : « Accord de Ihussi », du nom de l’hôtel à Goma où s’est déroulée cette cérémonie importante. Un autre pas positif vers la paix vient d’être franchi, consacrant officiellement la fin de la « guerre du Nord-Kivu ». Mais signer un accord est une chose. Préserver les acquis de cet accord en est une autre. Quels sont les problèmes de fond qui ont été résolus ? Comment a été envisagée la cohabitation pacifique entre les différentes ethnies, sans susciter l’intervention des pays voisins, pour ne plus ressusciter les mêmes causes qui produisent les mêmes effets ? Interrogations pertinentes dans la mesure où dans la foulée des pistes de solutions, l’on propose le découpage territorial du Nord-Kivu”. Le quotidien de Jaynet Kabila exulte, mais pas absolument car il avertit qu’il y a un piège.

De quel piège s’agit-il? Le Potentiel contourne la réalité. On le lit bien depuis la première phrase. Ce qui a été signé n’est qu’un compromis, et c’est tout ce que vous voudrez sauf un Nairobi III. J’espère m’expliquer dans un instant. Il est fort probable que Kabila soit conscient du fiasco que suppose le fait de clamer la signature d’un Nairobi III dans un hôtel au bord du lac Kivu. Les interlocuteurs au compromis signé, le contenu de ce qui a été signé, le cadre absolument opaque dans lequel ce compromis a été décidé, tout est parfaitement louche. On dit même que la personnalité clef de l’affaire, le Général Bosco Ntaganda serait en cavale. Il a peut-être compris que les belles dames de Human Rights Watch sont sur le point de préparer une offensive. Si Kabila suspecte que le compromis est un faux parce qu’il traite avec un interlocuteur dépourvu de crédibilité, qu’est ce qui lui reste comme moyen ? On ne sait plus. Il peut toujours presser ceux qui ont reçu de l’argent, mais la réalité est toute autre, la mascarade de Goma que l’on veut faire passer pour un Nairobi III avec présence d’Obasanjo n’y peut rien. Un des signes d’un possible déclin. En fait l’équipe gouvernementale doit être désemparée d’une certaine manière.

C’est pour cette raison qu’elle se serait empressée de publier la nouvelle du compromis, en espérant en même temps étouffer les bruits qui couraient sur le mécontentement des habitants de Mwenga qui auraient jeté des pierres sur le convoi du rais. L’argent qui a été distribué dans Bukavu n’aurait pas suffit pour apaiser la population. C’est normal, puisqu’il semble que même des gens haut placés dans la hiérarchie du diocèse de Bukavu en auraient reçu pour le compte des FDLR. Le rais ne peut pas se défaire de son armée supplétive, en tout cas pas encore. Encore un signe ici ? Oui surtout si on le met en relation avec l’atmosphère explosif au parlement dans la capitale. Sans oublier les liens étroits qui existent entre le président du parlement, la haute hiérarchie diocésaine de Bukavu, le gouvernorat du Sud-Kivu et les FDLR. Avec tout cela is,n plus l’on mécontente les électeurs normaux et courants et que l’on fomente une implosion au sein des institutions que l’on préside, c’est inévitable de lire dans tout cela des augures pas positifs.

Quoi faire alors ? D’ores et déjà, je dirais : retour au processus politique engagé avec Nairobi I et II. Tout simplement parce qu’il faut répéter pour la cent dixième fois que le problème de la paix au Kivu est un problème politique interne d’abord, et un problème de voisinage ensuite. Un problème politique que l’on avait fini par commencer à traiter politiquement à Nairobi. Ce qui avait coûté énormément d’effort et de lutte, le rais n’ayant jamais voulu faire face au défi politique qui attend depuis si longtemps. Ceci avait été compris même par la communauté des vautours qui avait fini par écarter l’idée du gouvernement congolais de faire de cette assise le lieu et place de la résurrection du défunt programme amani. Mais il ne peut y avoir de Nairobi III sans la libération de Laurent Nkunda. Et qui aura le courage d’enterrer toute la mascarade qui dure depuis deux mois à Goma ? Tout ce beau monde qui se dit intéressé à la vraie paix. Ils sont tous conscients qu’elle n’est pas encore là, et s’ils l’oubliaient les FDLR se chargent de le leur rappeler tous les jours. La population l'a compris, le jet des pierres de Mwenga en dit long. Et les vautours aussi d’ailleurs. Ce n’est pas par hasard qu’Anneke Van Woudenberg commence à dire à la presse que la réélection de Kabila en 2011 est improbable. Elle cherche Ntaganda, mais comme par hasard, elle insinue assez clairement qu’il y a des signes qui annoncent le déclin du régime actuel. Les medias rappellent que l'amnistie promise dans le compromis n'exempte pas Ntaganda des poursuites internationales. Voici ce qu'en dit La Libre: "L’accord entre le gouvernement et le CNDP indique ainsi comment ce dernier peut se transformer en parti politique, et les conditions de l’amnistie ("conformément au droit international", ce qui continue d’en exclure les auteurs de crimes de guerre, de génocide et contre l’humanité). Un article évoque le besoin de réconciliation - ce qui est entendu à Goma comme devant ouvrir des postes ministériels au CNDP. Un autre prévoit la création d’une police de proximité; celle-ci devrait comporter d’anciens rebelles, toujours préoccupés par la sécurité des Tutsis du Nord-Kivu, alors que les FDLR (rebelles hutus rwandais, issus des génocidaires) font un retour dans la région après le départ des troupes de Kigali venues, du 20 janvier au 27 février, les forcer à désarmer et les rapatrier". Donc, un Nairobi III avec le vrai CNDP avec son leader libéré peut se révéler tout à fait incontournable. Et pour bien de motifs. Nous y reviendrons.

En attendant, essayez de trouver dans ce charivari phraseologique le point de la saga Kamerhe: http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=1289

Monday 23 March 2009

LE NOUVEAU CHARGE DES AFFAIRES AFRICAINES POUR LES USA

C'est un vétéran, avec des vues africaines très proches de celles de son ancienne patronne, Madeleine Albright, si vous voyez ce que je veux dire.

Ambassador Johnnie Carson, Nominee for Assistant Secretary for African Affairs, State Department
Washington, DC, Mar 21, 2009 (The White House/All Africa Global Media via COMTEX) --
An American career diplomat, named by AllAfrica recently as the new administration's most likely pick as its top Africa official, has been nominated as U.S. Assistant Secretary for African Affairs. The White House announced the nomination of Ambassador Johnnie Carson Friday. The full text of the White House announcement:
President Barack Obama today announced his intent to nominate Ambassador Johnnie Carson, Assistant Secretary for African Affairs, State Department.
Ambassador Johnnie Carson is currently the National Intelligence Officer for Africa on the National Intelligence Council. He joined the NIC in September 2006 after a 37-year career in the Foreign Service. Prior to this appointment, Carson served as the Senior Vice President of the National Defense University in Washington D.C. (2003-2006).
Carson's Foreign Service career includes ambassadorships to Kenya (1999-2003), Zimbabwe (1995-1997), and Uganda (1991-1994); and Principal Deputy Assistant Secretary for the Bureau of African Affairs (1997-1999). Earlier in his career he had assignments in Portugal, Botswana, Mozambique, and Nigeria. He has also served as desk officer in the Africa section at State's Bureau of Intelligence and Research; Staff Officer for the Secretary of State (1978-1979), and Staff Director for the Africa Subcommittee of the US House of Representatives (1979-1982).
Before joining the Foreign Service, Ambassador Carson was a Peace Corps volunteer in Tanzania. He has a Bachelor of Arts in History and Political Science from Drake University and a Master of Arts in International Relations from the School of Oriental and Africa Studies at the University of London.
Ambassador Carson is the recipient of several Superior Honor Awards from the Department of State and a Meritorious Service Award from Secretary of State Madeleine Albright. The Centers for Disease Control presented Ambassador Carson its highest award, "Champion of Prevention Award," for his leadership in directing the US Government's HIV/AIDS prevention efforts in Kenya.


Copyright The White House. Distributed by AllAfrica Global Media (allAfrica.com).

JOHN NUMBI D'APRES JEUNE AFRIQUE

JHON NUMBI, LE BRAS ARME DES OPERATIONS MILITAIRES ET DES ACCORDS SECRETS DE JOSEPH KABILA.

L'inspecteur général de la police a été l'un des artisans de la récente opération militaire menée dans le Kivu par les armées rwandaise et congolaise. Enquête sur un homme de l'ombre, dont l'influence s'étend jusqu'à Kigali.

C'est devenu presque une habitude. Chaque fois que l'inspecteur général de la police congolaise, le général John Numbi, accomplit une mission en rapport avec la crise qui mine les provinces de l'est de la RD Congo, il déchaîne les passions. Ce fut le cas en janvier 2007 lorsque, sous les auspices du Rwanda, il rencontrait secrètement Laurent Nkunda à Kigali. L'entrevue avait abouti au fameux processus de « mixage », dont l'objectif était d'intégrer les combattants du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP) à l'armée régulière. Très décriée, l'entreprise fit long feu. Deuxième tempête, celle provoquée par l'opération Umoja Wetu (« Notre unité », en swahili). Négociée secrètement par John Numbi, elle s'est traduite par des actions conjointes des armées congolaise et rwandaise au Nord-Kivu, officiellement pour traquer les membres des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Mais les dommages collatéraux de cette opération dont il a assuré la coordination sont importants, notamment au sein de la majorité présidentielle. Bien qu'il ait agi au nom du chef de l'État, l'inspecteur général de la police est la cible de vives critiques émanant de la classe politique. À ses détracteurs, le général répond, lapidaire: « Je ne me préoccupe pas des rumeurs. Il y a des choses qui relèvent du secret défense. Quand il s'agit d'un plan pour sauver le pays, on ne peut y associer tout le monde. »
Numbi, « c'est le militaire le plus puissant du pays après le chef de l'État, tout comme l'est Katumba Mwanke, l'éminence grise du président, sur le plan politique. Il traite directement avec Kabila », explique l'un de ses compagnons d'armes. Fidèle parmi les fidèles, il appartient au premier cercle des collaborateurs du numéro un congolais, ce groupe que l'on qualifie à Kin¬shasa de « gouvernement parallèle ». Né en 1962, il est originaire du Haut-Lomami (Nord-Katanga) . En 1983, il décroche un diplôme en électronique à l'Institut supérieur pédagogique technique de Likasi. Selon lui, sa première rencontre avec les Kabila, père et fils, remonte à 1989, à Pweto. À cette époque, le Katanga s'appelle encore Shaba. Laurent-Désiré Kabila, rebelle errant depuis les années 1960, n'imagine pas un seul instant qu'il prendra un jour le pouvoir. Mais ce n'est qu'à l'occasion d'une nouvelle rencontre, en 1992, que John Numbi sympathisera avec le jeune Joseph Kabila.
À Kinshasa, le président Mobutu Sese Seko a décrété la démocratisation de son régime depuis avril 1990. La scène politique est en ébullition. Au Shaba, toutes les dérives sont permises: les « autochtones », sous la houlette principalement de l'Union des fédéralistes et des républicains indépendants (Uferi), le parti de Nguz a Karl-i-Bond, se livrent à une épuration ethnique. Principales victimes, les Kasaïens, priés de rentrer « chez eux ». Ceux qui ont vécu ces événements se souviennent de John Numbi, l'un des « activistes les plus fous » de la jeunesse de l'Uferi. Il aurait exécuté de « sales besognes ». Ce que l'intéressé réfute: « J'ai toujours dit que si une seule famille kasaïenne a été endeuillée à cause de moi, qu'elle se fasse connaître. Jusqu'à ce jour, je n'ai vu personne. » En 1996, soupçonné d'entretenir des liens avec les adversaires du régime zaïrois, il est arrêté à Lubumbashi et emmené à Kinshasa. Mais il réussit à échapper à ses geôliers et à se réfugier dans l'enclave de Cabinda, où sont établis des gendarmes katangais – issus de l'armée de Moïse Tshombe constituée lors de la sécession de 1960 – avec lesquels il est en contact. C'est avec ce groupe que Numbi entrera à Kinshasa en mai 1997 par Kitona (ouest), après la chute du régime zaïrois. Laurent-Désiré Kabila s'installe au pouvoir grâce à ses parrains rwandais et ougandais.
Sous Laurent-Désiré Kabila – comme c'est le cas avec son successeur –, John Numbi se montre opportuniste. Une de ses vieilles connaissances résume: « Audacieux, il a toujours agi sans réserve. Il sait s'attirer les bonnes grâces du chef. C'est Kabila père qui a fait de lui un militaire. » Petit à petit, il se fraie un chemin: chargé de la communication dans une compagnie, puis dans une brigade, Numbi se retrouvera directeur des transmissions de l'armée du nouveau pouvoir et même commandant de la 50e brigade chargée de la sécurité de la ville de Kinshasa. Ses relations avec James Kabarebe, officier rwandais qui était alors le patron de l'armée congolaise, remontent à cette époque. Mais en 1998, à la suite d'un renversement d'alliances, Rwandais et Ougandais attaquent le Congo. Nommé commandant opérationnel à Kindu, dans le Maniema, il ne peut empêcher la prise de la ville par l'ennemi. En décembre 2000, alors qu'il doit assurer avec Joseph Kabila la défense de la localité de Pweto, au Katanga, celle-ci tombe entre les mains des Rwandais. Furieux, Laurent-Désiré Kabila le décharge de ses fonctions. Quelques semaines plus tard, le 16 janvier 2001, alors qu'il est au Zimbabwe pour suivre une formation militaire, Numbi apprend que Laurent-Désiré Kabila a été assassiné.

LE TEMPS D'APPRENDRE :

De retour à Kinshasa, il est nommé, en mars 2001, chef d'état-major de l'armée de l'air par le nouveau président, Joseph Kabila. Mais les officiers de carrière ne le considèrent pas comme un « vrai » militaire. L'un d'eux explique, sarcastique: « Les militaires se reconnaissent par écoles et par promotions. Nous ne connaissons pas les siennes ». Mais Numbi ne se contente pas d'être promu: il prend aussi le temps d'apprendre. Et il apprend vite, à travers les différents séminaires qu'il organise dans le cadre de ses fonctions. Parallèlement, celui qui est devenu un homme du sérail se voit confier les missions les plus délicates, notamment en matière de maintien de l'ordre. « Avec brutalité », affirment ses détracteurs. « Il est autoritaire, mais pas dur », rectifie un de ses collaborateurs. C'est lui, par exemple, qui s'illustre en mars 2007 lors du conflit entre le président Kabila et l'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba. Ses hommes ont, en effet, pilonné la résidence de ce dernier au moment où il recevait des diplomates étrangers. Un observateur constate: « Pour Numbi, il n'y a pas d'équivoque: les ennemis de Kabila sont ses ennemis. » En juin 2007, il est nommé inspecteur général de la police congolaise. C'est à lui que revient la tâche de réprimer les manifestations du mouvement religieux Bundu dia Kongo, dans la province du Bas-Congo. Une opération qui fera de nombreuses victimes.
Si certains n'apprécient pas ses méthodes, ils reconnaissent toutefois à John Numbi une indéniable qualité: le sens de l'ordre et de l'organisation. Il a ainsi amélioré les infrastructures des services dont il a eu à s'occuper. Les officiels rwandais, avec lesquels il s'entend bien, le considèrent comme « un homme ouvert au dialogue, qui va droit au but, sait se montrer blagueur et taquin ». Tout en soulignant l'un de ses « défauts »: « Il a tendance à vouloir tout faire lui-même. » Marié, père de six enfants, John Numbi n'a pas beaucoup de loisirs. Mais quand il quitte sa tenue de général trois étoiles, il aime consacrer du temps à sa ferme de Lubumbashi. À moins qu'il n'écoute ses musiques favorites. En particulier, celle de son idole: le maître de la rumba congolaise, Luambo Makiadi.

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Wednesday 18 March 2009

DE LA LIBRE

Alors qu’une manifestation “pour la sauvegarde de la jeune démocratie congolaise” était annoncée pour lundi, elle n’a pas eu lieu après l’arrestation, dimanche, de trois de ses organisateurs, Floribert Chebeya et Dolly Inefo Mbunga de “La voix des sans voix”, et Donat Tshikaya de la Renadhoc.
Alors que la crise n’est pas résolue au Kivu, qui voit un retour en force des FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires) depuis le départ de l’armée rwandaise chargée brièvement (20 janvier - 27 février) de les combattre, et que l’Etat est au bord de la faillite en raison de difficultés économiques, l’attention des Congolais est focalisée sur le conflit entre l’exécutif et le législatif (voir LLB 14 mars). La présidence exige la démission immédiate du président de l’Assemblée, Vital Kamerhe, membre du parti présidentiel PPRD, qui ne s’est pas exécuté jusqu’ici, parce qu’il avait exprimé publiquement son désaccord avec l’entrée des troupes rwandaises sur le sol congolais.

“Lâchez Kamerhe”
Il y a une semaine, les députés de la majorité avaient reçu un SMS leur enjoignant de “lâcher Kamerhe” faute de quoi l’assemblée serait “dissoute”. Dimanche, selon notre confrère “Le Soft”, 263 députés de la majorité ont signé, “lors d’une garden-party” au siège de leur formation, une “Déclaration politique” ordonnant à M. Kamerhe de démissionner. De plus, les députés ont reçu l’ordre de ne pas se présenter, lundi à l’ouverture de la session parlementaire, afin qu’il n’y ait pas le quorum. Enfin, la police interdisait lundi l’entrée de l’hémicycle aux journalistes et au public.

Devant 120 députés sur 500, Vital Kamerhe a néanmoins ouvert la session, estimant que le quorum n’était nécessaire que pour un vote. Evoquant la crise de l’heure, il a insisté pour que cesse “l’intrusion des partis et regroupements politiques, faits privés, dans le fonctionnement des institutions”. Il a souligné que ce n’était pas le Président qui était responsable devant le Parlement, mais le gouvernement, et invité les ministres “à éviter de se cacher derrière le chef de l’Etat, qu’ils exposent inutilement, pour chercher à échapper à leur responsabilité politique”. Et d’appeler le gouvernement “à justifier promptement sa gestion” devant les élus.

Le président de l’Assemblée a indiqué que son refus de démissionner en dehors de la session parlementaire n’était pas “de l’indiscipline face à la hiérarchie de ma famille politique” mais dicté par le souci de respecter “l’esprit et la lettre de la Constitution” et de “préserver la démocratie pour laquelle notre peuple s’est battu”. Il a également tenu à “rassurer le Président de la République, chef de l’Etat et de ma famille politique” : “j’inscrirai la question de ma démission et du renouvellement du bureau (de l’Assemblée) à la prochaine réunion de la Conférence des présidents” de groupes “avant de venir en débattre à la plénière et ce en conformité avec la Constitution et notre règlement intérieur”.

Arrestations
Alors qu’une manifestation “pour la sauvegarde de la jeune démocratie congolaise” était annoncée pour lundi, elle n’a pas eu lieu après l’arrestation, dimanche, de trois de ses organisateurs, Floribert Chebeya et Dolly Inefo Mbunga de “La voix des sans voix”, et Donat Tshikaya de la Renadhoc.
Marie-France Cros
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WILL BE AWAY ON A WORKSHOP

Je ne pourrais donc pas blogger d'ici lundi prochain! J'espère pouvoir renouer sans trop de difficulté le suivi des événements en RDC. Si les lecteurs trouvent des choses interessantes, ils pourraient me les envoyer par ma boîte magique yahoo. En voici l'adresse: kankindia@yahoo.com

La liberté se conquiert avec ténacité et ce que les anglophones appellent fair play. Cheers cheers!

Tuesday 17 March 2009

UN DISCOURS ATTENDU AVEC TREPIDATION

DISCOURS D’OUVERTURE DE LA SESSION ORDINAIRE DE MARS 2009 PRONONCE LE 16 MARS 2009 PAR L’HONORABLE VITAL KAMERHE, PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE DE NATIONALE



Honorable Président du Sénat ;

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;

Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême de Justice ;

Monsieur le Procureur Général de la République ;

Honorables Membres des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat ;

Messieurs les Vice-Premiers Ministres ;

Honorables Députés et Sénateurs, Chers Collègues ;

Mesdames et Messieurs les Ministres et Vice-Ministres ;

Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques ;

Excellences Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;

Messeigneurs et Chefs spirituels des Confessions religieuses et des Eglises de réveil ;

Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa ;

Monsieur le Bourgmestre de la Commune de Lingwala ;

Mesdames et Messieurs, Distingués invités,


C’est pour moi un honneur et un réel plaisir de procéder ce matin à l’ouverture solennelle de la Session ordinaire de mars 2009 de l’Assemblée nationale.

Je voudrais, à cette occasion, rendre d’abord grâce à Dieu qui est le Maître des temps et des circonstances.

Je remercie ensuite nos invités qui ont sacrifié un peu de leur temps précieux pour rehausser de leur présence cette cérémonie officielle et solennelle prévue par les articles 115 de la Constitution et 55 du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale.

Enfin, je souhaite la bienvenue aux Honorables Sénateurs et Députés, nos Chers Collègues qui reviennent de leurs vacances parlementaires.

Honorables Députés et Chers Collègues,

L’article 113 de notre Règlement intérieur nous impose à la fin des vacances parlementaires, de dresser, conformément au canevas établi par le Bureau de l’Assemblée nationale et de déposer auprès de ce dernier, un rapport sur la vie politique, administrative, économique, sociale et culturelle de l’entité dans laquelle nous avons passé les vacances parlementaires.

Je sais que pour des raisons évidentes, beaucoup d’entre nous n’ont pas pu atteindre leurs circonscriptions électorales. Le Bureau sera indulgent à leur égard.

Mais pour les autres, le Bureau attend, dès à présent, le rapport d’un chacun d’eux, afin qu’il en fasse la synthèse qu’il soumettra à l’adoption de la plénière, avant sa transmission au Gouvernement de la République pour dispositions utiles.

Ce n’est pas en vain que j’ai rendu grâce tout à l’heure à Dieu, car il fait répandre sa miséricorde et ses bénédictions sur nous tous, en nous renouvelant son souffle de vie et en permettant la réalisation du rendez-vous de ce jour.



Honorable Président du Sénat ;

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;

Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême de Justice ;

Monsieur le Procureur Général de la République ;

Honorables Membres des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat ;

Messieurs les Vice-Premiers Ministres ;

Honorables Députés et Sénateurs, Chers Collègues ;

Mesdames et Messieurs les Ministres et Vice-Ministres ;

Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques ;

Excellences Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;

Messeigneurs et Chefs spirituels des Confessions religieuses et des Eglises de réveil ;

Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa ;

Monsieur le Bourgmestre de la Commune de Lingwala ;

Mesdames et Messieurs, Distingués invités,



Qu’il me soit permis, dans le cadre de ce discours de vous brosser, en un premier point, le bilan de la Session ordinaire de septembre 2008 et de la Session Extraordinaire de décembre de la même année, en deuxième lieu, de m’appesantir, un tant soit peu, sur quelques faits saillants ayant emmaillé la période des vacances parlementaires et enfin, vous faire les perspectives et recommandations de la session qui s’ouvre aujourd’hui.

La formation du Gouvernement Muzito subséquente à la démission du Patriarche et Vénérable Gizenga Funji de ses fonctions de Premier Ministre, la procédure de son investiture après adoption de son programme d’action ainsi que le dépôt tardif du budget de l’Etat pour l’exercice 2009 expliquent le maigre bilan de la Session ordinaire de septembre 2008, au cours de laquelle notre Institution a adopté :

1. La proposition de loi portant composition, organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audio-visuel et de la communication de notre collègue, l’Honorable BOFASA DJEMA ;

2. La proposition de loi organique portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle de notre collègue, l’Honorable BULE Mohamed.

A la fin de la durée constitutionnelle de la Session ordinaire de septembre 2008, les deux Chambres n’avaient pas encore adopté, en des termes identiques, la Loi portant budget de l’Etat pour l’exercice 2009. Et comme les Députés étaient déterminés à donner au Gouvernement une loi budgétaire au plus tard le 31 décembre de l’année écoulée, de façon à commencer la nouvelle année avec un budget, la convocation de l’Assemblée en Session extraordinaire s’était donc imposée.

C’est pour cela que par ma décision n°0079/CAB/P/AN/2008 du 15 décembre 2008, j’avais convoqué l’Assemblée nationale en Session extraordinaire avec un ordre du jour précis.

Je voudrais à ce stade, réitérer mes félicitations aux Honorables Députés pour l’ab dénégation et l’assiduité au travail.

Aux termes de ces travaux et sur le plan de la production législative, notre Chambre a adopté, après les rapports des commissions mixtes paritaires avec le Sénat, les lois suivantes :

1. Loi portant protection de l’enfant ;
2. Loi portant budget de l’Etat pour l’exercice 2009.

Nous avons reçu du Sénat la Proposition de loi organique portant fixation de subdivision des territoires à l’intérieur des provinces que nous avons envoyée à la Commission Politique, Administrative et Juridique de notre Chambre pour examen et rapport à la plénière.

Au cours de cette Session extraordinaire, l’Assemblée nationale a examiné les initiatives de contrôle parlementaire prises par quelques uns de nos collègues.

Il s’agit de :

1. L’audition du Rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur le détournement de la paie complémentaire des salaires de février et mars 2008 des enseignants du Sud-Ubangi dans la Province de l’Equateur.

La plénière a décidé de transmettre ledit rapport au Procureur Général de la République et de recommander à l’Assemblée Provinciale de l’Equateur d’en tirer les conséquences qui s’imposaient.

2. L’audition du Rapport de la Cellule de réflexion sur la problématique de l’industrie et du commerce du ciment en République Démocratique du Congo à la suite de la motion de notre collègue Jean BAMANISA.

La plénière peut se réjouir ensemble avec le peuple congolais car les travaux sur le rapport de cette Cellule dirigée par le Professeur KATANGA MUKUMADI, couplé avec les mesures appropriées prises par le Ministre de l’Economie et Commerce, Philipe FUTA, ont conduit à ramener le prix du ciment dans des proportions accessibles à tout le monde. Voilà un exemple d’une collaboration Assemblée nationale et Gouvernement qui a produit des effets bénéfiques pour l’ensemble de notre population.

Nous voulons donc exhorter le Premier Ministre à appliquer les autres recommandations de cette Cellule, spécialement celles qui concernent la CINAT.

La plénière a décidé aussi de charger la même Cellule de s’intéresser à d’autres produits de base pour en améliorer le circuit de desserte ainsi que le prix de vente.

3. La poursuite de l’examen du dossier SNEL-MAG Energy et celui des passeports biométriques.

A cet égard, la plénière a pris la résolution de charger la Cour des Comptes d’en finaliser l’examen. Le moment venu, le rapport de la Cour des Comptes sera présenté à la plénière pour examen et délibérations.

4. La question d’actualité adressée au Ministre des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction par l’Honorable Jean-Pierre PASI ZAPAMBA BUKA sur la détérioration des routes sur l’ensemble du pays en général et dans la Ville de Kinshasa en particulier.

Le Ministre concerné a donné un chronogramme de début des travaux de réfection des routes à partir de fin mars 2009.
5. La question orale avec débat adressée au Ministre des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction par l’Honorable PUELA sur la signature depuis le 18 novembre 2008, d’un contrat entre la RDC par l’entremise du Ministre des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction avec l’entreprise chinoise, groupe du 7e Bureau de Chemin de Fer de Chine (CREC7) pour l’exploitation en Built-operet transfert (BOT) de la Route Nationale n°1 Kinshasa-Matadi.

Le Ministre a donné des informations utiles qui ont emporté l’adhésion de la plénière.

6. La question orale avec débat adressée au Ministre des Mines par l’Honorable Ghislain KIENGE DYASHI concernant la gestion du secteur minier face à la crise financière internationale.

La plénière a recommandé au Gouvernement par l’entremise du Ministre des Mines de procéder à la révisitation des contrats répertoriés comme posant problème et de faire rapport à l’Assemblée.

Un délai de 60 jours avait été accordé au Gouvernement pour ce faire.

7. La question orale avec débat adressée au Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel par l’Honorable Christophe MBOSO N’KODIA PWANGA sur la correction informatisée des Examens d’Etat édition 2007-2008.

Nous avons chargé, après débats, la Commission Sociale et Culturelle de notre Chambre à laquelle devait se joindre l’auteur de la motion, et d’ailleurs à l’invitation du Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnelle de descendre dans les services compétents de ce ministère pour se rendre compte des insuffisances réelles ou supposées de la correction informatisée des examens d’Etat.

La Commission présentera son rapport à cet effet, au cours de cette session.

8. La question orale avec débat adressée au Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire par l’Honorable Jean-Lucien BUSSA TONGBA concernant les réformes à envisager sur tous les plans en vue de la valorisation de l’Enseignement Supérieur et Universitaire dans notre pays.

Le Ministre concerné, après avoir brossé avec maitrise l’historique de l’Enseignement Supérieur et Universitaire dans notre pays et après avoir présenté les maux dont celui-ci souffrent, a dégagé les pistes des reformes envisagées dans son ministère.

La plénière en a pris acte et l’en a félicité.

9. La question orale avec débat adressée au Ministre de la Fonction Publique par l’Honorable Nicolas MODUA MOLENGOMO à propos des mises en place intempestives des Secrétaires Généraux de l’Administration publique.

Le Ministre invité à cet effet, a reconnu la pertinence de la préoccupation soulevée par l’Honorable MODUA dans sa question. Il a promis de s’y mettre afin de régulariser la situation des Secrétaires Généraux se trouvant dans leurs droits.

L’examen du dossier de validation des pouvoirs des suppléants présenté par la Commission Politique, Administrative et Juridique, a conduit la plénière à constater des infractions de faux et usage de faux dans le chef du Ministre des Affaires Sociales et Humanitaires, Barthélemy BOTWALI LENGOMO. Les débats qui s’en étaient suivis ont conduit au vote de sa mise en accusation devant le Procureur Général de la République.

Ce vote n’a pas pu atteindre le quorum de la majorité qualifiée par le Règlement Intérieur. Ce dossier a été ainsi clôturé.

Enfin, trois questions écrites ont été adressées à trois membres de l’Exécutif.

Il s’agit de :
Primo : La question écrite de l’Honorable TAKIZALA MASOSO Alexis adressée au Directeur Général des Migrations ;

Secundo : La question écrite des Honorables BULAMBO KILOSHO et JEMSI MULENGWA Jean-Kevin adressée aux Ministres de la Fonction Publique et de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel sur la situation administrative et salariale des Agents et Fonctionnaires de l’Etat et la mécanisation des écoles des territoires de Fizi et de Mwenga ;

Tertio : La question écrite de l’Honorable ANZIAMA KAMUZIBAMI adressée au Ministre de l’Energie au sujet de la non réalisation des projets financés sur le crédit PPTE, exercice 2005.

Les Ministres concernés y ont répondu et un rapport y afférent sera présenté au cours de la présente session.

Faudra-t-il vous rappeler que l’œuvre de la réforme de l’Etat est loin d’être achevée ? Il nous reste beaucoup à faire ! C’est pourquoi, je demande à tous, à commencer par moi-même, de mettre les bouchées doubles pour que les lois en rapport, notamment avec la décentralisation, la justice, les finances, les services de sécurité et les élections puissent être adoptées au cours de cette session.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Je voudrais dire à présent, un mot sur le contrôle parlementaire qui est une mission constitutionnelle importante de notre Chambre.

En effet, il vous souviendra que la plénière avait pris un bon nombre des résolutions portant création des commissions d’enquêtes parlementaires. Faute des moyens financiers, nous n’avons pas pu vous charger de ces missions de contrôle durant les vacances parlementaires comme il avait été décidé.

Sans non plus verser dans la léthargie, votre Bureau a chargé la Cour des Comptes de toutes ces missions qui, au moment où je vous parle, est à pied d’œuvre sur le terrain.

Les rapports de toutes ces missions vous seront soumis le moment venu pour examen et décisions à prendre.

Honorable Députés et Chers Collègues,

J’en arrive maintenant au chapitre des points saillants qui ont émaillé la vie politique nationale au cours de nos deux mois des vacances parlementaires.

Il vous souviendra qu’au cours de ces vacances parlementaires, deux événements et non des moindres, ont accaparé l’attention de tout le monde. Deux événements, qui ont dû surprendre nombre d’entre vous, y compris moi-même. Il s’agit, vous vous en doutez bien, de la démission en cascade des membres du Bureau de l’Assemblée nationale et de la pétition initiée par certains de nos collègues.

D’aucuns peuvent s’étonner que dans ma position de Président de l’Assemblée nationale, je ne puisse tenir informée l’opinion nationale et internationale des problèmes que connait notre institution.

Concernant la pétition initiée par l’Honorable KYAVIRO, qui a tant défrayé la chronique, je peux affirmer qu’il y a eu plus de peur que de mal. Il sied de rappeler que la pétition est un droit reconnu par la Constitution à tout député et même à tout Congolais.

Cette pétition dont certains m’attribuent la paternité, plus pour nuire à ma personne que pour établir la vérité, était, en réalité, adressée non pas au Président de la République mais au Premier Ministre, le Chef de l’Etat n’étant pas responsable devant l’Assemblée nationale.
Comme vous venez de le remarquer, c’est donc au Premier Ministre que cette pétition était adressée afin qu’il vienne expliquer aux élus du peuple ce qui s’est passé dans le Nord-Kivu. C’est un droit pour les députés d’exiger au Gouvernement des explications, dès lors que la situation du pays l’exige. Et c’est une obligation pour le Gouvernement de se soumettre à cet exercice. C’est pour vous dire que le Président de l’Assemblée nationale n’est ni à la base, ni un des auteurs de la pétition qui était adressée au Gouvernement.

L’objet de cette pétition pour peu que je m’en souvienne, visait à obtenir du Premier Ministre et des membres du Gouvernement concernés, les informations utiles en rapport avec les opérations militaires conjointes des forces armées de la RDC et du Rwanda dans le Nord-Kivu.

Puisque cette opération n’était pas la première du genre et se souvenant encore des dégâts collatéraux parmi les populations civiles consécutives aux opérations contre la LRA dans la Province Orientale, les Députés Nationaux ont voulu tout simplement savoir, sans entrer dans le secret de la défense, si cette fois, toutes les dispositions ont été prises pour la protection des populations civiles afin d’éviter une nouvelle tragédie humaine au Nord-Kivu.

Dire cela, n’est ni empiéter sur les prérogatives constitutionnelles du Gouvernement, ni chercher à s’opposer au retour de la paix dans le Nord-Kivu, au contraire, cela a toujours été notre prière et nous n’avons jamais ménagé d’effort pour le rétablissement de la paix sur l’ensemble de notre territoire.
Tout ce que nous souhaitons est que les choses se passent correctement avec l’appui et le soutien de tous, de manière à ce que le processus ainsi enclenché devienne irréversible pour le bien de tous.

Ces députés étaient dans leurs droits conformément à la Constitution et au Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale.

Cette question ne devait donc pas soulever une levée de boucliers pour le cas de notre pays, la RDC, qui a toujours été cité en Afrique comme un modèle de démocratie réussie au regard des dernières élections présidentielles, législatives nationale et provinciales.

On ne peut pas jeter le discrédit sur les députés tout simplement parce qu’ils ont exercé une prérogative qui leur est reconnue constitutionnellement, encore qu’en l’espèce, cette pétition n’a jamais été déposée à mes services.

Il est nécessaire d’insister que celle-ci n’était pas adressée au Président de la République qui, constitutionnellement, n’est pas politiquement responsable devant l’Assemblée nationale.

Le Chef de l’Etat, symbole de l’Unité nationale mérite respect et protection par nous tous. Je ne permettrais pas que son image soit ternie, ni au sein de notre Institution, ni ailleurs.

Je pense que les membres du Gouvernement de la République doivent éviter de se cacher derrière le Chef de l’Etat, qu’ils exposent inutilement, pour chercher à échapper à leur responsabilité politique devant l’Assemblée nationale. Le Chef de l’Etat n’est pas leur bouclier. Quant on les invite à l’Assemblée nationale, ils doivent savoir que c’est un exercice démocratique auquel ils doivent se soumettre et s’habituer.

J’invite donc, le Gouvernement dans son ensemble, à s’assumer et à justifier promptement sa gestion des affaires de l’Etat devant les Honorables Députés d’une part, et à éviter de mêler le Chef de l’Etat qui, pourtant, au terme de l’article 69 de la Constitution, est l’arbitre neutre chargé de veiller au bon fonctionnement des toutes les institutions.

Faut-il rappeler que notre Chambre a reçu de la Constitution les missions de légiférer, de contrôler le Gouvernement, les entreprises publiques et tous les établissements et services publics ainsi que, le cas échéant, celle de les sanctionner.

L’Assemblée nationale composée de 500 Députés élus démocratiquement entend assumer pleinement et en toute responsabilité, les missions lui dévolues par la Constitution. C’est pour cela que je félicite les Honorables Députés, qu’ils soient de la Majorité ou de l’Opposition pour leurs initiatives de contrôle parlementaire.

Le fait de détenir la majorité à l’Assemblée nationale ne dispense pas le Gouvernement du contrôle parlementaire, de même qu’il ne condamne pas les députés de la majorité au déni ou mieux au silence.


Honorables Députés et Chers Collègues,

Compte tenu de ce qui précède, il s’impose à moi le devoir de vous rappeler que le mandat du Député national n’est pas impératif, conformément à l’article 101 alinéa 5 de la Constitution qui dispose que «Tout mandat impératif est nul ».

En effet, Pierre AVRIL et Jean GICQUEL dans leur ouvrage intitulé droit parlementaire, 3e édition, publié par les éditions Montchrestien, édition de 2004, enseignent en page 33 que « le terme mandat impératif doit être entendu comme un acte établissant un rapport de droit entre le mandataire et le ou les mandants, tel que le premier se trouve dans leur dépendance étroite. Cette dépendance se traduit par la révocation de l’élu qui ne se conformerait pas aux engagements qu’il a contractés ». C’est donc ce mandat impératif que notre Constitution a proscrit.

Car, ainsi qu’on peut lire dans la revue Parlement et Démocratie au vingt et unième siècle, guide des bonnes pratiques, édition de 2006 en page 41, je cite : « les parlementaires ont l’obligation individuelle de défendre les intérêts de leurs électeurs, de s’opposer aux politiques qu’ils estiment dévoyées ou nocives, même lorsqu’elles sont soutenues par leur propre parti politique».

Nous devons donc arrêter rapidement cette tendance observée ces derniers temps de l’intrusion des partis et regroupements politiques, faits privés dans le fonctionnement des Institutions de l’Etat.


Honorables Députés et Chers Collègues,


S’agissant de la démission, beaucoup de gens s’interrogent ici et là sur les raisons de ces démissions en cascade des membres du Bureau de l’Assemblée nationale ? Quelle faute collective ont-ils commise pour démissionner tous en même temps ? Qu’est-ce qui se cache derrière ces démissions qui soulèvent beaucoup d’interrogations dans l’opinion alors que tout le monde sait que chacun a été élu de façon individuelle, la démission de l’un ne devant pas entrainer celle des autres ?

Pourquoi, se demande-t-on aussi, les démissionnaires n’ont-ils pas attendu l’ouverture de la présente session pour quitter le Bureau en toute légalité ? Ont-ils quelque chose à cacher ou bien c’est dans le seul souci de les humilier ?
Le public s’interroge, aussi, pourquoi le Président de l’Assemblée nationale n’a pas lui aussi rendu le tablier ? Autrement-dit, l’opinion cherche à savoir pourquoi le Président de l’Assemblée nationale ne démissionne toujours pas alors que cela lui aurait été demandé par son parti. Des gens se demandent aussi pourquoi l’UDEMO qui est aussi membre de la coalition AMP-PALU-UDEMO a demandé à son représentant au Bureau de l’Assemblée nationale d’attendre l’ouverture de la présente session pour présenter sa démission devant la plénière ?
En ce qui me concerne en tant que Président de l’Assemblée nationale, je n’ai pas voulu m’expliquer en dehors de cet hémicycle de peur d’enfreindre moi-même la loi. Si j’avais démissionné en votre absence, j’aurais violé l’esprit et la lettre de la Constitution, j’aurais abusé de votre confiance vous tous qui m’aviez élu, et j’aurais en même temps bafoué les règles qui régissent notre Institution.

Le Président Mitterrand, que je cite de mémoire disait : « on sauve la démocratie par le respect des lois. On la perd par la raison d’Etat ».

Pour revenir à la démission des membres du Bureau de l’Assemblée nationale, je vous informe qu’à ce jour, le Secrétariat de mon Cabinet a enregistré, de façon formelle, les lettres de démission de quatre membres du Bureau de l’Assemblée nationale, à savoir :

- l’Honorable Christophe LUTUNDULA APALA Pen’APALA, Premier Vice-Président ;
- l’Honorable Marc MVWAMA ANEDU, Deuxième Vice-Président et ;
- Honorable KATENDE wa NDAYE MULEDI, Rapporteur ;
- l’Honorable Brigitte KALABA SANKWE, Questeur Adjoint.


Pour l’Honorable BAHATI LUKWEBO Modeste, Questeur, donné comme démissionnaire, mon secrétariat n’a pas enregistré à ce jour leurs lettres de démission.


Honorables Députés et Chers Collègues,


Pour n’avoir pas présenté ma démission en votre absence, certains m’ont accusé, à tort, de vouloir engager un bras de fer avec la hiérarchie de mon parti.
En effet, je n’ai jamais, dans ma vie politique, vécu un moment aussi palpitant que celui-ci, où la quasi-totalité de la presse tant écrite qu’audiovisuelle, toutes tendances confondues, m’a réservé autant de titres et d’émissions, les uns pour me vilipender, ne comprenant pas mon attitude de ne pas présenter ma démission, les autres pour me féliciter pour mes convictions et ma détermination de préserver du naufrage la démocratie et l’institution Assemblée nationale.

Car, à la moindre maladresse de ma part, on pourrait se retrouver à la case de départ où finalement ce serait les membres du Gouvernement, pour la plupart Chefs des partis, qui désormais en viendrait à donner les ordres aux députés, à leur guise, au risque de conduire ces derniers de façon inconsciente dans le piège de l’autodissolution de l’Assemblée nationale ; Ce qui est aussi contraire à la nature du mandat de député, qui n’est pas impératif comme j’ai eu à le souligner plus haut.

Ma position m’a valu aussi une campagne de diabolisation systématique à Kinshasa comme à l’intérieur jusque dans mon fief électoral au Sud-Kivu par des personnes qui pensaient bien faire !

Pendant toute cette période, j’ai gardé le silence, non pas parce que je n’avais rien à dire, ou que je pensais surtout à préserver ma propre personne, mais plutôt à préserver la démocratie pour laquelle notre peuple s’est battu jusqu’au sacrifice suprême. Et j’ai fait mienne la sagesse d’un auteur français du nom d’Alfred de Vigny, qui disait : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ».

Je mets donc toutes ces pratiques et actions sur le compte de l’apprentissage de la démocratie, chacun de nous étant appelé à gagner à son niveau le combat de la tolérance et de l’amour du prochain.


Comme disait Ghandi, « le plus grand combat que l’on doit gagner, c’est contre soi-même qu’il faut le gagner, en refoulant constamment la mauvaise nature qui nous pousse à détruire ce que nous avons érigé au prix de beaucoup de sacrifices ».


Honorables Députés et Chers Collègues,

J’ai gardé aussi le silence par respect pour cette liberté des autres d’exprimer leur opinion et j’ai porté sur moi le poids de tolérer les opinions différentes aux miennes.


Cette attitude que je continue à observer jusqu’à ce jour, n’est nullement, j’insiste, de l’indiscipline face à la hiérarchie de ma famille politique, encore moins un bras de fer, comme certains l’ont prétendu, ni de la surenchère politique, ni la recherche d’une singularisation quelconque, mais la conviction qu’en tout temps et en tout lieu, la vérité est dans la mesure, et que jamais les Nations ne se construisent aux extrêmes. Car la dialectique nous apprend qu’aucune thèse n’est exacte si elle n’a été confrontée à son antithèse.
C’est du choc de ces deux réalités que l’on progresse par la synthèse. C’est aussi du choc des idées que jaillit la lumière.

C’est cela et rien d’autre. Tout en étant conscient de ce que les membres de ma famille politique attendaient de moi, c’est-à-dire, démissionner avec effet immédiat, j’étais en même temps persuadé que quelque part dans le pays, les députés et sénateurs en vacances, les femmes, les hommes, les jeunes, les défenseurs de droit de l’homme et les églises ainsi que toute la société civile et nos chers compatriotes de la diaspora voulaient de moi, une attitude, un comportement responsable pour d’abord préserver la démocratie et son artisan, j’ai cité le Président Joseph KABILA ; pour ensuite sauver l’honneur et le prestige de l’Assemblée nationale, et pour protéger la loi suprême du pays, j’ai cité la Constitution, et enfin observer strictement le texte qui régit l’Assemblée nationale, à savoir le Règlement Intérieur.

Je reste convaincu que cette attitude que je me suis imposée n’était pas vaine. Cette attitude, disais-je, n’était pas inutile pour la démocratie pour laquelle nous nous sommes tous mobilisés avec l’aide très appréciable de la Communauté Internationale. Car en revisitant l’histoire politique de notre pays, je me suis rendu compte des ravages et dégâts irréparables que peut causer toute décision hasardeuse. J’ai voulu donc épargner notre pays des divisions inutiles.


Honorables Députés et Chers Collègues,

Maintenant que je procède à l’ouverture de cette session de mars 2009, je voudrais rassurer le Président de la République, Chef de l’Etat et ma famille politique, que j’inscrirai la question de ma démission et du renouvellement du Bureau à la prochaine réunion de la Conférence des Présidents, avant de venir en débattre en plénière, et ce, en conformité avec la Constitution et notre Règlement Intérieur.

Même si je me suis imposé le silence, j’aimerais quand même préciser certaines choses qui m’ont paru comme des contre-vérités monstrueuses et grossières dans les déclarations de certains politiciens en mal d’arguments et de positionnement.

Je voudrais ici dire et prendre l’Assemblée nationale à témoins que j’ai été parmi les premiers à prôner le rapprochement avec le Rwanda par le rétablissement de nos relations diplomatiques qui devaient conduire rapidement à l’accréditation des ambassadeurs dans nos deux pays respectifs.

Puisque l’histoire est têtue, j’ai eu le privilège de m’exprimer tout récemment au Parlement du Rwanda où j’ai affirmé clairement que l’histoire et la géographie condamnent nos deux peuples et nos deux pays à vivre en une parfaite harmonie et entente.

Au cours de cette adresse, j’ai insisté aussi en disant que personne ne déplacera le Rwanda et personne non plus ne déplacera la RDC.

Mon choix au cours des récents conflits que le pays a connu a toujours été constant : C’est celui de privilégier le dialogue, la négociation à la guerre.

Je n’ai pas besoin d’énumérer ici toutes les étapes auxquelles j’ai pris part depuis le processus de Lusaka en passant par Sun City jusqu’à la toute récente Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement dans les Provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Mon expérience dans les travaux réussis de la Commission de pacification de l’Ituri, où nous avons pris des risques énormes avec le Professeur NTUMBA LWABA me conforte dans mes convictions.

En juin 2007, mû uniquement par le souci de la recherche de la paix, j’avais présenté un plan de sécurisation des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont la copie avait été remise à la mission du Conseil de Sécurité des Nations Unies de passage dans notre pays.

Tout récemment encore, en octobre 2008, l’Assemblée nationale a adopté un plan de sortie de crise à l’Est de la RDC au cours de sa plénière du mercredi 29 octobre 2008.

Ce plan qui avait été entériné par le Gouvernement a ouvert la voie aux négociations avec le CNDP et entre les Ministres des Affaires Etrangères du Rwanda et de la RDC.

Il s’est fait qu’au cours des négociations de Nairobi, Laurent NKUNDA, leader du CNDP, dans une lettre adressée au Président de l’Assemblée nationale et à celui du Sénat, avait exigé la présence du Président KENGO et de moi-même pour parrainer ces discussions.

Moi j’ai appris qu’on ne peut négocier qu’avec son ennemi ou son adversaire et ce n’est pas un signe de faiblesse. C’est pourquoi, j’avais encouragé les pourparlers de Nairobi qui se poursuivent présentement à Goma. Je ne doute pas que l’expérience des anciens Présidents OBASANJO du Nigeria et MKAPA de la Tanzanie constitue une garantie à l’aboutissement heureux de ces négociations.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Nous avons donc à cet instant précis, une responsabilité historique d’incarner pour les générations futures, les chances d’un passage à témoins. Car nous devons leur léguer une société meilleure que celle dont nous avons héritée. Et nous ne pouvons le faire que si nous mettons Dieu au centre de nos actions d’une part, et d’autre part si nous renonçons aux anciennes habitudes, ces antivaleurs qui sont déjà un obstacle aujourd’hui au développement et qui seront demain un frein à l’épanouissement d’une nouvelle société congolaise.

Dieu doit être de tous nos projets. Car il est dit dans la Bible : « Si Dieu n’est battu la maison, en vain peinent les bâtisseurs, si Dieu ne garde la Ville, en vain la garde veille »

Nous sommes tous, donc, acteurs de l’histoire commune de notre pays. Il nous revient à nous-mêmes de choisir la partition que nous voulons jouer, celle de la discorde, de la division ou celle de l’union pour le progrès.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Dans mon discours d’investiture à l’occasion de l’installation du Bureau de l’Assemblée nationale, j’avais promis de faire de l’Assemblée le creuset de la démocratie dans notre pays. J’entendais par là, en faire le lieu où la Majorité et l’Opposition devraient s’exprimer librement afin de réduire la tension politique dans les rues et les cités du pays. En le faisant, je ne pense pas avoir trahi mon parti et le peuple congolais.

J’avais promis de faire de notre Chambre une famille parlementaire où les Députés de la Majorité et de l’Opposition devraient croiser leurs idées dans la convivialité pour booster notre société vers le progrès. Je me réjouis que cela soit devenu aujourd’hui une réalité. J’invite donc tout le monde à faire un effort pour accéder à cette exigence démocratique d’une société moderne.

La situation de notre pays qui renoue avec la paix, demande de nous tous, un sursaut patriotique pour tendre vers une sorte d’union sacrée dans la communion des esprits et des efforts nécessaires à l’amorce du combat de la reconstruction et du développement sous l’égide du Président de la République, Chef de l’Etat.
Trêve de divisions, de dissensions et de crises artificielles, car l’heure est aux débats d’idées, à la justice pour tous et au travail bien fait, bref au respect des valeurs républicaines qui intègrent les exigences de bonne gouvernance, de démocratie et d’observation des droits de l’homme.


Honorable Président du Sénat ;

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;

Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême de Justice ;

Monsieur le Procureur Général de la République ;

Honorables Membres des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat ;

Messieurs les Vice-Premier Ministres ;

Honorables Députés et Sénateurs, Chers Collègues ;

Mesdames et Messieurs les Ministres et Vice-ministres ;

Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques ;

Excellences Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;

Messeigneurs et Chefs spirituels des Confessions religieuses et des Eglises de réveil ;

Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa ;

Monsieur le Bourgmestre de la Commune de Lingwala ;

Mesdames et Messieurs distingués invités,


Je ne saurais terminer ce discours sans faire allusion à la femme et à la jeune fille congolaises auxquelles le mois de mars est dédié. L’Assemblée nationale ne ménagera aucun effort pour améliorer la protection légale de la femme dans notre société et pour veiller, dans la mesure de ses compétences, à leur représentation dans la vie publique. Je tiens à les féliciter au nom de tous les Députés.

Je ne cesserai de condamner de la manière la plus vigoureuse toutes les violences faites aux femmes. Et j’exhorte les instances compétentes pour poursuivre et sanctionner les auteurs de ces crimes odieux.

Comme j’ai eu à le dire, à l’occasion de l’installation du Comité de pilotage du projet de mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, les hommes de notre pays et de beaucoup de pays africains, doivent cesser de considérer la promotion de la femme comme un cadeau.
Les femmes congolaises, j’allais dire les femmes africaines, sont très compétentes. Je ne comprends pas pourquoi certaines fonctions sont considérées dans le cas de mon pays, comme une chasse gardée des hommes.

Par ailleurs, pour terminer sur une note positive, notre pays vient de connaitre un événement sportif historique. Il s’agit de la victoire de nos Léopards au premier Championnat africain de Football des Nations réservé aux joueurs évoluant sur le continent.

Emboitant le pas au Chef de l’Etat, je voudrais, au nom des Honorables Députés et au mien propre, présenter mes sincères félicitations à ces vaillants fils du pays. Autant que la Nation toute entière, l’Assemblée nationale leur exprime toute sa reconnaissance et son admiration.

Il ne me reste plus qu’à réaffirmer mon appel à l’apaisement et à la concorde nationale. Et je voudrais insister sur l’obligation qui nous est faite de respecter les droits de l’homme, fondement de notre vie en commun.

C’est ici donc le lieu de demander aux services compétents de procéder à la relaxation de tous les activistes de droits de l’homme et toutes les autres personnes qui ont été arrêtées uniquement pour avoir exprimé leur opinion en rapport avec la réconciliation nationale, la démocratie et la présente rentrée parlementaire.

Je voudrais en terminant emprunter l’étoffe du Pasteur et faire mien le message qu’un ami, un collègue député élu du Katanga vient de m’envoyer et que j’adresse à notre peuple en n’inspirant des saintes écritures : « Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous » et il ajoute : « Tant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous ».

Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo,

Que Dieu bénisse notre Assemblée Nationale,

Je déclare ouverte la Session ordinaire de mars 2009.

Je vous remercie.








REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


Assemblée Nationale






DISCOURS D’OUVERTURE DE LA SESSION ORDINAIRE
DE MARS 2009 PRONONCE LE 16 MARS 2009 PAR L’HONORABLE VITAL KAMERHE, PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE DE NATIONALE









Palais du Peuple, le 16 mars 2009