L’une des personnalités qui admirent le plus Joseph Kabila souscrit a l’idée fondamentale selon laquelle le citoyen ordinaire ne sait pas voir le vrai Joseph Kabila. Selon Colette Braeckmann qui vient d’écrire un livre intitulé Vers la deuxième indépendance du Congo, il est une sorte d’antihéros qui a réussi, contre toute atteinte à relever tous les défis. Il serait doté d’une force tranquille et userait à la perfection l’art d’exploiter sa faiblesse pour réussir le coup le plus difficile, c’est-a-dire, isoler l’homme considéré comme étant le plus fort en Afrique centrale aujourd’hui. Aux yeux de Braeckmann, Kabila a réussi à faire isoler le président rwandais, d’un isolement qui confine ce dernier dans le rôle de mauvais joueur.
Ce sont là des paroles d’une admiratrice invétérée. Car on ne saurait trouver autrement des paroles aussi élogieuses au sujet d’une personne dont le leadership s’est caractérisé par dérive constitutionnelle sur dérive constitutionnelle. L’encre n’a pas encore séché sur les journaux qui parlaient encore hier du bras de fer entre le légaliste ex-président de l’assemblée nationale et le dictateur constitutionnel de la RDC, par faucons interposés. Dans un pays où les extrémistes font la loi, on a fait croire au public que la paix en RDC avait un obstacle, le CNDP et son leader Laurent Nkunda. Ensuite on a fait croire qu'en prenant une distance vis-à-vis de l'opération Umoja wetu, l'ex-président de l'assemblée devenait l'autre obstacle à abattre. L'AMP l'a liquidé anticonstitutionnellement sans aucun égard au travail de titan que cet homme a fourni pour installer une démocratie de pacotille à Kinshasa. Il y croyait peut-être quand il distribuait l'argent de Kinshasa à Kindu. Mais en ce moment il doit déjà méditer sur le caractère pacotille de la démocratie dont il a été un architecte clé. Nkunda est arrêté depuis deux mois et je ne sais plus combien de jours. Kamerhe a abandonné l'assemblée nationale. Mais est-ce que cela signifie que la paix, condition de la démocratie est enfin là? Non, absolument pas, parce que le problème de la paix et de la démocratie est tout autre.
Braeckmann a raison, au moins de par le titre qu'elle a choisi. La RDC a besoin d'une nouvelle indépendance, le Chairman du CNDP n'a pas cessé de le dire. La RDC a besoin d'un ressaisissement profond pour retrouver sa dignité. Peut être Kamerhe, qui a des intérêts différents de ceux de Nkunda, son choix de Kabila étant on ne peut plus explicite, l'a aussi réalisé. Un peu tard. Sa réaction, pour avoir été si tardive, a contribué à son lynchage politique personnel, au lieu de réveiller la torpeur du président qui, prisonnier de ses faucons, n'a jamais montré aucun intérêt à restaurer l'indépendance de la RDC, encore moins la dignité du dernier congolais redevenu victime des FDLR une fois que les opérations Umoja wetu ont été déclarées conclues.
Où en sommes-nous aujourd'hui? La majorité présidentielle tripatouille les institutions comme elle le veut. Elle tord et retord toute ficelle visant à consolider le pouvoir dictatorial du chef. Quel nouveau président de l'assemblée peut dorénavant parler de l'indépendance des institutions ou de la séparation des pouvoirs? Aucun. Le prochain sera encore plus inféodé aux caprices de la majorité et son boss, surtout s'il tient aux privilèges en USD et autrement, que son poste procure. Même chose sur le plan militaire: on a cherché la confusion, on l'a installée et le peuple est absolument sans défense. On a abondamment parlé du succès à 95% de l'opération Umoja wetu. Mais au Rwanda comme en RDC l'on sait que l'échec était inévitable d'abord parce que parmi les FARDC il y avait déjà des FDLR qui étaient donc impossibles à désarmer étant FARDC; que les PARECO qui ont intégré les FARDC pour l'opération Umoja wetu constituent un groupe armé à majorité FDLR (groupe créé par la 8ème région militaire pour combattre le CNDP quand le président a déclenché la guerre contre ce mouvement); et que la grande partie des FDLR controlant les mines du Sud-Kivu n'ont pas été inquiétées (c'est seulement maintenant que des forces se déplacent pour aller su Sud-Kivu et au Maniema), recevant ainsi une large marge de manœuvre en termes de temps et d'espace. Ce qui est étonnant c'est que les stratèges militaires rwandais aient concentré leurs efforts contre le CNDP en négligeant ces détails qui allaient, juste avec un peu de temps, montrer que la démarche de deux gouvernements serait un fiasco. C'est en tout cas ce qui s'avère pour le Rwanda, car la RDC a, en soi, consolidé son alliance avec les FDLR, ce qui donne à ces dernières la voie vers la réalisation de leur dessein, nuire assez dangereusement à leur pays d'origine et à la région. Elles ont tous les atouts maintenant, surtout que le cndp de Kamanzi ne peut pas les arrêter dans leur tentative.
Le mouvement des troupes vers le sud est donc trompeur, sa raison d'être demeure la possibilité pour les FDLR de contrôler la frontière et menacer effectivement. Ce mouvement qui vise aussi la dispersion de l’armée du CNDP peut se révéler dangereuse pour la RDC. On voulu a tout prix annihiler le CNDP, son chef et son armée. On espère avec cela donner un coup de grâce a un problème qui se répète inexorablement, a savoir les tensions su sein de l’armée. Il n’est pas nécessaire de rappeler les expériences de Kitona, de Kamina et du camp Kokolo. Les causes de ces expériences de triste mémoire sont encore entières, et l’opération Umoja ne comprenait aucune stratégie correspondante à ce mal. En tout cas leur plan semble avoir négligé le facteur le plus destructif, ou tout au moins le plus difficile à gérer en ce qui concerne l'armée de la RDC. Comme l'a souvent répété le Général Nkunda, on ne consolidéra jamais cette armée avant d'avoir affronté les causes de sa faiblesse, les raisons du cycle implosionnel qui l'afflige depuis le temps de la fameuse Force Publique. Les généraux peuvent croire que les soldats comme le peuple n’ont pas de privilèges, mais l’on récolte ce que l’on a semé. Et ici on est encore en train de semer la zizanie qui ne produira jamais du blé. Encore une fois, ce n’est ni Kamanzi, ni Munyampenda, ni Ntaganda qui empêcheront les tensions dangereuses dont on met en place l’architecture aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est que Joseph Kabila, lui, est en train de préparer
les élections de 2011. En ayant renforcée la puissance des FDLR, il peut se passer d’un Kamerhe. L’intégration forcée de l’armée lui assurera également une campagne à l’arme comme en 2006. Il se prépare bel et bien à une autre impossible démocratie.
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