JOSEPH KABILA S’ENCOMBRE ET LES VAUTOURS HUMANITAIRES SE FROTTENT LES MAINS.
L’Est de la RDC a toujours été explosif, pas seulement à cause de la nouvelle forme de guerre inaugurée par le jeune président du grand pays. C’est la terre des volcans, c’était le grénier de la République jusqu’à la fatidique année 1994, sa géographie, sa flore et sa faune vous coupent tout simplement le souffle, n’est-ce pas explosif ça ? Cependant l’évolution des choses depuis la semaine dernière prend de plus en plus les allures d’une éruption volcanique, et pas celle du Nyamulagira dont les vulcanologues de Goma annoncent déjà les signes. Il va y avoir du remous, mais c’est du remous politique. Peut-être le Nyamulagira y mettra du sien sans crier gare, ce qui n’arrangera pas le destin du peuple. Quels remous politiques peut-on envisager ?
Echéances électorales et repositionnement politique.
Oui les Nokos ont fabriqué une simili-démocratie sur la superficie d’un magma de problèmes politiques non résolus. C’est connu, mais on y reviendra. Le ticket qui a installé le chef de l’Etat avait un slogan, emmener la paix dans tout le pays. Mais surtout restaurer la paix à l’Est du pays. Ce qui n’est pas arrivé. D’abord parce que les Nokos, après avoir exporté et installé les génocidaires en RDC, ont contribué activement à les maintenir comme un facteur destabilisateur. Ils n’ont jamais rien fait à leur propos depuis Lusaka en 1999 jusqu’à Rome en 2005, et finalement le fameux accord de Nairobi. Ensuite parce que, contre l’avis de ces mêmes Nokos, le chef de l’Etat a voulu résoudre les problèmes politiques des ressortissants du Nord-Kivu par les armes, sans pour autant avoir une armée. Pendant que les insurgés du Nord-Kivu réussissaient à contraindre le pouvoir au dialogue, les remous politiques ont commencé. Les Nokos s’agitaient parce que sachant que les insurgés ont des doléances politiques sérieuses. Il ne fallait pas risquer d’y répondre sans avoir joui des bénéfices d’avoir payé 500 millions d’euros pour introniser le pouvoir à Kinshasa. En écoutant les doléances des insurgés sur le plan national et international, on risquait de faire face à la tache gigantesque de penser au peuple plutôt qu’à la poche ou au champ d’influence de certains. Je l’ai dit ici beaucoup de fois, on a traîné les pieds à Nairobi pour trouver une manière d’adopter l’option du Rais et ses parrains, à savoir le programme Amani. Je posterai tantôt le lien sur une nouvelle de l’ONU qui le réitère.
Mais tout cela était sans compter sur la vitesse que le dynamique Rwanda et Kabila allaient imprimer sur le cours des événements en prenant tout le monde de court. On ne compte que des heures entre la scission provoquée au sein du CNDP (les dollars payés à Bosco Ntaganda, le transfert d’un Munyampenda à Masisi pour faire figure politique à côté d’un militaire de la trempe de Ntaganda, les déclaration du fameux Dr Kamanzi qui ne s’y connait absolument pas en maquis etc...), la ruse assez simple (une fois qu’on la connait) d’attirer Laurent Nkunda en détention et le début des opérations conjointes entre la RDF et les FARDC. On ne peut pas vraiment inclure le CNDP parce que Bosco Ntaganda ne compte pas grand chose comme militaires l’ayant suivi dans sa démarche hasardeuse. Parfaite synchronisation des faits spéctaculaires sur lesquels Kabila compte pour engranger la confiance de son électorat qu’il a surtout fait souffrir. Consternation du peuple auquel Kinshasa a habitué des discours vilipendant le Rwanda. Jusque là les congolais savent que Kinshasa insulte le Rwanda. Et les tutsis congolais sont traités de rwandais par les congolais comme si cela était une insulte. Mais en politique on peut passer des insultes aux embrassades sans transition. Kabila le démontre depuis la semaine dernière et les congolais doivent s’y faire vouloir ou pas, car c’est la réalité.
Qu’est-ce que tout cela a à voir avec le repositionnement politique ? Eh bien le président de l’assemblée nationale s’est dit surpris des accords et des opérations qui en ont résulté. Il a dit que si c’était vrai, c’était grave, montrant qu’il n’était pas au courant de la démarche menée par Katumba Mwanke et John Numbi au Rwanda (selon Braeckmann pour maintenir le secret et laisser dehors les kivutiens http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/01/27/le-double-pari-de-kabila-et-kagame/). Depuis, il est allé demandé des explications au président, sous pression des députés. Et c’est ici qu’on voit les signes du shift au sein de la toute puissante AMP, et c’est certain que c’est en vue des prochaines échéances. Evariste Boshab avait déjà rappelé à Kamere qu’il fallait faire confiance au président. C’est d’ailleurs ce que Etumba lui même s’était empressé de faire, une fois qu’il s’est rendu compte qu’il avait parlé trop vite en confiant aux medias qu’il ne savait rien. La motion des députés de l’opposition portant sur la convocation d’une session extraordinaire pour débattre des opérations a été déchirée par ceux de la majorité. Le repositionnement se dessine, on ne peut s’y méprendre. Lambert Mende lui a été le fidèle porte-parole du gouvernement insistant que le Rwanda a été invité. Et après il a même dit à Radio Okapi que le gouvernement avait été surpris de la surprise du président de l'assemblée... Sideling somebody here?
Les encombrements du Rais
Et voilà le premier encombrement du président de la république, c’est-à-dire la scission au sein de son cercle de faucons. La scission n’est plus seulement entre l’opposition et la majorité, mais celle-ci également semble se diviser. Les Kivutiens perdent leur « clout » autour du président et quand cela arrive, les plus sûrs, c’est la famille, le Katanga. Le deuxième encombrement du président c’est l’autre scission qu’il a créée : entre Bosco Ntaganda et Laurent Nkunda. L’arrestation de Nkunda a accompli le miracle d’une victoire finale de kabila contre ce dernier. Gérard Prunier a pourtant dit à IRIN que c’était le résultat « d’un désespoir, d’une incompétence et de l’animosité personnelle ». Mais l’utilisation de Ntaganda ne peut pas produire de gros résultat pour Joseph Kabila. HRW, la CPI, même la MONUC désespèrent de prouver au monde qu’ils sont efficaces. Ils ont déjà commencé à faire pression pour que Bosco Ntaganda soit arrêté. Il faut souhaiter que ces vautours lui accordent au moins le temps de jouir de son argent qui le prix de quelque chose de très précieux. Mais ils ne lacheront pas si vite. La délégation que Kinshasa a envoyé à la Haye pour négocier le retrait du mandat contre Ntaganda.
Le dernier encombrement du président est sa propre capacité de convaincre le monde, surtout les vautours, de la justesse de sa coopération avec la RDF. Vous pouvez voir la pression se formuler clairement ici : http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=5886. En plus ce n’est pas certain que l’opération contre les FDLR soit un succès en 15 jours, même pas en une année. Tout au plus ils vont être repoussé le plus loin possible dans la forêt. Mais alors, les troupes qui les chassent devront s’installer d’où elles les ont chassées pour a’assurer qu’ils ne reviendront pas. Les FDLR ont affirmé à maintes reprises qu’elles ne retreront pas de manière forcée. Pour que cela se fasse, il faut de troupes qui connaissent mieux le terrain et bien plus nombreuses et mieux équipés. Ce dernier encombrement est juste, si pas une erreur de calcul de la part de Kabila, un mensonge aux institutions et à son peuple. 15 jours ? C’est simplement ridicule. Et c’est sur ce point-ci que l’ONU patauge et va patauger, à moins que l’UA ne la secoure à Addis-Abeba cette fin de semaine.
L’Est de la RDC a toujours été explosif, pas seulement à cause de la nouvelle forme de guerre inaugurée par le jeune président du grand pays. C’est la terre des volcans, c’était le grénier de la République jusqu’à la fatidique année 1994, sa géographie, sa flore et sa faune vous coupent tout simplement le souffle, n’est-ce pas explosif ça ? Cependant l’évolution des choses depuis la semaine dernière prend de plus en plus les allures d’une éruption volcanique, et pas celle du Nyamulagira dont les vulcanologues de Goma annoncent déjà les signes. Il va y avoir du remous, mais c’est du remous politique. Peut-être le Nyamulagira y mettra du sien sans crier gare, ce qui n’arrangera pas le destin du peuple. Quels remous politiques peut-on envisager ?
Echéances électorales et repositionnement politique.
Oui les Nokos ont fabriqué une simili-démocratie sur la superficie d’un magma de problèmes politiques non résolus. C’est connu, mais on y reviendra. Le ticket qui a installé le chef de l’Etat avait un slogan, emmener la paix dans tout le pays. Mais surtout restaurer la paix à l’Est du pays. Ce qui n’est pas arrivé. D’abord parce que les Nokos, après avoir exporté et installé les génocidaires en RDC, ont contribué activement à les maintenir comme un facteur destabilisateur. Ils n’ont jamais rien fait à leur propos depuis Lusaka en 1999 jusqu’à Rome en 2005, et finalement le fameux accord de Nairobi. Ensuite parce que, contre l’avis de ces mêmes Nokos, le chef de l’Etat a voulu résoudre les problèmes politiques des ressortissants du Nord-Kivu par les armes, sans pour autant avoir une armée. Pendant que les insurgés du Nord-Kivu réussissaient à contraindre le pouvoir au dialogue, les remous politiques ont commencé. Les Nokos s’agitaient parce que sachant que les insurgés ont des doléances politiques sérieuses. Il ne fallait pas risquer d’y répondre sans avoir joui des bénéfices d’avoir payé 500 millions d’euros pour introniser le pouvoir à Kinshasa. En écoutant les doléances des insurgés sur le plan national et international, on risquait de faire face à la tache gigantesque de penser au peuple plutôt qu’à la poche ou au champ d’influence de certains. Je l’ai dit ici beaucoup de fois, on a traîné les pieds à Nairobi pour trouver une manière d’adopter l’option du Rais et ses parrains, à savoir le programme Amani. Je posterai tantôt le lien sur une nouvelle de l’ONU qui le réitère.
Mais tout cela était sans compter sur la vitesse que le dynamique Rwanda et Kabila allaient imprimer sur le cours des événements en prenant tout le monde de court. On ne compte que des heures entre la scission provoquée au sein du CNDP (les dollars payés à Bosco Ntaganda, le transfert d’un Munyampenda à Masisi pour faire figure politique à côté d’un militaire de la trempe de Ntaganda, les déclaration du fameux Dr Kamanzi qui ne s’y connait absolument pas en maquis etc...), la ruse assez simple (une fois qu’on la connait) d’attirer Laurent Nkunda en détention et le début des opérations conjointes entre la RDF et les FARDC. On ne peut pas vraiment inclure le CNDP parce que Bosco Ntaganda ne compte pas grand chose comme militaires l’ayant suivi dans sa démarche hasardeuse. Parfaite synchronisation des faits spéctaculaires sur lesquels Kabila compte pour engranger la confiance de son électorat qu’il a surtout fait souffrir. Consternation du peuple auquel Kinshasa a habitué des discours vilipendant le Rwanda. Jusque là les congolais savent que Kinshasa insulte le Rwanda. Et les tutsis congolais sont traités de rwandais par les congolais comme si cela était une insulte. Mais en politique on peut passer des insultes aux embrassades sans transition. Kabila le démontre depuis la semaine dernière et les congolais doivent s’y faire vouloir ou pas, car c’est la réalité.
Qu’est-ce que tout cela a à voir avec le repositionnement politique ? Eh bien le président de l’assemblée nationale s’est dit surpris des accords et des opérations qui en ont résulté. Il a dit que si c’était vrai, c’était grave, montrant qu’il n’était pas au courant de la démarche menée par Katumba Mwanke et John Numbi au Rwanda (selon Braeckmann pour maintenir le secret et laisser dehors les kivutiens http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/01/27/le-double-pari-de-kabila-et-kagame/). Depuis, il est allé demandé des explications au président, sous pression des députés. Et c’est ici qu’on voit les signes du shift au sein de la toute puissante AMP, et c’est certain que c’est en vue des prochaines échéances. Evariste Boshab avait déjà rappelé à Kamere qu’il fallait faire confiance au président. C’est d’ailleurs ce que Etumba lui même s’était empressé de faire, une fois qu’il s’est rendu compte qu’il avait parlé trop vite en confiant aux medias qu’il ne savait rien. La motion des députés de l’opposition portant sur la convocation d’une session extraordinaire pour débattre des opérations a été déchirée par ceux de la majorité. Le repositionnement se dessine, on ne peut s’y méprendre. Lambert Mende lui a été le fidèle porte-parole du gouvernement insistant que le Rwanda a été invité. Et après il a même dit à Radio Okapi que le gouvernement avait été surpris de la surprise du président de l'assemblée... Sideling somebody here?
Les encombrements du Rais
Et voilà le premier encombrement du président de la république, c’est-à-dire la scission au sein de son cercle de faucons. La scission n’est plus seulement entre l’opposition et la majorité, mais celle-ci également semble se diviser. Les Kivutiens perdent leur « clout » autour du président et quand cela arrive, les plus sûrs, c’est la famille, le Katanga. Le deuxième encombrement du président c’est l’autre scission qu’il a créée : entre Bosco Ntaganda et Laurent Nkunda. L’arrestation de Nkunda a accompli le miracle d’une victoire finale de kabila contre ce dernier. Gérard Prunier a pourtant dit à IRIN que c’était le résultat « d’un désespoir, d’une incompétence et de l’animosité personnelle ». Mais l’utilisation de Ntaganda ne peut pas produire de gros résultat pour Joseph Kabila. HRW, la CPI, même la MONUC désespèrent de prouver au monde qu’ils sont efficaces. Ils ont déjà commencé à faire pression pour que Bosco Ntaganda soit arrêté. Il faut souhaiter que ces vautours lui accordent au moins le temps de jouir de son argent qui le prix de quelque chose de très précieux. Mais ils ne lacheront pas si vite. La délégation que Kinshasa a envoyé à la Haye pour négocier le retrait du mandat contre Ntaganda.
Le dernier encombrement du président est sa propre capacité de convaincre le monde, surtout les vautours, de la justesse de sa coopération avec la RDF. Vous pouvez voir la pression se formuler clairement ici : http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=5886. En plus ce n’est pas certain que l’opération contre les FDLR soit un succès en 15 jours, même pas en une année. Tout au plus ils vont être repoussé le plus loin possible dans la forêt. Mais alors, les troupes qui les chassent devront s’installer d’où elles les ont chassées pour a’assurer qu’ils ne reviendront pas. Les FDLR ont affirmé à maintes reprises qu’elles ne retreront pas de manière forcée. Pour que cela se fasse, il faut de troupes qui connaissent mieux le terrain et bien plus nombreuses et mieux équipés. Ce dernier encombrement est juste, si pas une erreur de calcul de la part de Kabila, un mensonge aux institutions et à son peuple. 15 jours ? C’est simplement ridicule. Et c’est sur ce point-ci que l’ONU patauge et va patauger, à moins que l’UA ne la secoure à Addis-Abeba cette fin de semaine.