Il y a peu je rappelais aux lecteurs de ce blog que quand la légitimité de Joseph Kabila chancelle, il a recours au même pretexte: agiter les eaux de la haine contre les tutsis congolais. Une tactique qui a toujours marché car un discours destructeur fonctionne plus efficacement qu'un discours constructeur surtout quand il vise un imaginaire aussi faible que celui du peuple congolais. C'est à cela que rime toute la confusion qu'il a laissée sur sa trace lors de son dernier passage à l'Est. Ses généraux se félicitent encore d'avoir arrêté je ne sais combien de militaires du CNDP. Ils ont même parlé de ceux qu'ils ont réussi à déployer ailleurs que dans le Nord et le Sud-Kivu. Soit, mais en quoi cela change-t-il le sort du peuple qui a besoin de paix pour continuer ses occupations qui consistent, très souvent en un effort de survivre le jour?
Mon passage à Goma il y a une semaine m'a confirmé le gouffre qu'il y a entre le discours de la classe politique et l'acharnement d'un peuple travailleur qui se débrouille en une absence généralisée de l'Etat. L'allure bigarrée du quartier Birere à Goma vibrant d'une dernière version de ce que l'on appelle l'économie informelle est très éloquente. Cette activité grouillante fait plus pour le pays que Kabila et la Monusco combinés. Puisque je mentionne la Monusco, parlons-en. Elle approche la fin de son mandat les mains vides quant aux résultats en terme d'impact sur le processus de paix bloquée depuis Janvier 2009; d'impact sur la rehabilitation des déplacés dans leurs propres terres; enfin d'impact sur le retablissement de l'autorité de l'Etat à l'Est de la RDC. Je suppose cependant que cette même Monusco s'est enrichie en termes d'affaires louches autours de l'exploitation des mines et malheureusement aussi des pratiques immorales qui détruisent la population surtout jeune. Mains vides donc et au moment où le sort de cette entité doit être décidé au Conseil de securité de l'ONU.
C'est en prévision de cette échéance que la Monusco aurait, semble-t-il préparé ce qu'elle a espéré être un scoop médiatique. Elle signale Bosco Ntaganda en Ituri bien entendu en affirmant qu'il y prépare une nouvelle rebellion. La Monusco a donc mis en alerte ses ttroupes dans cette partie du pays. Simultanément elle affirme avoir établi huit postes opérationnels au Sud-Kivu pour la protection des populations dans cette autre partie de l'Est de la RDC. Il faut courir tous les lièvres à la fois pour assurer la permenance de cette inepte Monusco qui se moque bien de la misère de la population qu'elle s'est habituée à regarder dédaigneusement du haut de ses jeeps tout terrain, ses avions et helicos. En brandissant le nom de Ntaganda lié à une énième rebellion à l'Est est, sans doute, une assurance de légitime présence de la Monusco. Roger Meece et ses gars sont sûrs que le conseil de sécurité n'y refléchira pas deux fois. Joseph Kabila non plus, tout occupé avec son nouveau premier ministre à embrasser la modernité le slogan de son nouveau quinquenat!