Vous m'excuserez de la longueur du post d'aujourd'hui, mais c'est que je pars encore pour trois jours, j'ai l'impression d'être tout le temps partie. Mais reflechissez un peu à tout ceci et tirez vos conclusions.
Le rais est en campagne incontestablement. En campagne électorale. Il n’a pas cessé de s’y préparer. C’est pour cela qu’il a accouru à Mbuji Mayi, à Gemena, histoire de se montrer populaire même chez des populations qui l’observent, si pas avec indifférence, du moins avec méfiance généralement. Entre temps on parle de 70.000 déplacés dans la province de l’Equateur. S’il y a quelqu’un qui ne semble pas avoir entendu le coup de sifflet sonnant la recréation, c’est bien le rais ! Pas de surprise de ce côté-là. Il faut maintenant faire le bilan d’une année de plus à la présidence contient, à part une déception générale pour ceux qui attendent la paix.
Je ne prétends faire un bilan d’un régime si complexe ne fut-ce qu’en son niveau de corruption. Je voudrais juste souligner quelques points saillants de ses nombreux échecs dans la poudrière de l’Est du pays:
1) Le refus aveugle de mener à bien le processus politique de Nairobi interrompu en janvier par les abruptes et inefficaces opérations Umoja Wetu. Elles ont été dénoncées sur ce blog dès leur commencement, y compris le jour du putsch contre Laurent Nkunda. Ceci est le plus gros des échecs de Kabila parce que la paix promise avec les accords secrets entre Kigali et Kinshasa est demeurée chimérique. La communauté internationale qui a applaudi et appuyé ces accords commence seulement aujourd’hui à les dénoncer en utilisant les rapports de l’ONU qui sont aussi inefficaces que ses missions de paix. Cependant, n’eut été cet aveuglement, Nairobi promettait de devenir le nouveaux cadre d’un rétablissement des relations ou de coopération active entre la RDC et ses voisins en commençant par le Rwanda. Nairobi promettait également d'être un pas définitif dans le règlement du conflit qui opposait le CNDP et le gouvernement congolais. C’est pour cela que ces négociations portaient en elle l’espoir pour la paix, la sécurité et la stabilité de la sous-région des Grands-Lacs.
2) L’incapacité de lire dans la crise de l’Est de la RDC sa double dimension, à savoir sur le plan interne et sur le plan régional. Cette incapacité est soulignée par le mépris des efforts investis par l’ONU, l’UA et la ICGLR, mépris affiché par le rais encouragé par ses mentors de Kigali ? Bien sûr que certains se flattent de ce mépris là, mais il dénote un cynisme destructif, car une fois la crédibilité de la diplomatie régionale et internationale est réduite à néant, on ne peut plus s’attendre qu’au désordre complet. Je suis la première personne à me ranger du côté de ceux qui fustigent la lenteur de cette diplomatie et parfois son inutilité, mais en certaines circonstances, elle constitue encore le seul rempart d’une possible légalité et légitimité. En la bafouillant, Kinshasa suivant l’exemple ou le conseil de Kigali, a voulu balayer le terrain de ce genre de rempart pour pouvoir créer un contexte de ce que j’appellerais du gangstérisme.
3) D’où le troisième point saillant de l’échec : le manque de volonté politique de lutter une fois pour toutes contre les FDLR. En effet l’expédition rwandaise de Janvier nous a montré qu’il ne s’agissait que du gangstérisme qu’on offrait au Kivu en guise de paix. Les FDLR n’ont pas été inquiétées par les opérations car c’est le CNDP de Laurent Nkunda que Kinshasa et Kigali voulaient anéantir. Aux dires de tous les « vautours » opérant dans l’Est, y compris le dernier rapport de l’ONU, les accords secrets entre le Rwanda et la RDC a rendu la paix encore plus lointaine. Sans paix, nous nous retrouvons dans le quatrième point saillant de l’échec du Kabilisme : l’absence totale de leadership.
4) Sans leadership, la déliquescence de l’Etat est chose faite. Ce n’est pas seulement son absence, c’est que les leaders eux-mêmes agissent en gangsters. Il suffit de voir la magouille au niveau de la primature, du ministère des finances, de la Banque Centrale, et ne parlons pas des contrats chinois. Quand il s’agit de l’Est, eh bien l’ONU vient de démontrer que ce sont les FDLR qui gèrent pour et par elles même les ressources naturelles. Les bandits armés soutirent ce qu’ils veulent. Il n’y a plus d’administration publique, etc. Il n’y a pas même de monnaie, cela fait plusieurs années que la monnaie courante c’est le dollar américain.
On pourrait continuer la liste serait interminable. Malgré cela, le rais suit son bonhomme de chemin. Malu Malu qui semble faire partie du cabinet parallèle va être en contrôle des cartes d’identité. Il aura une fois de plus l’appui de l’UE pour organiser une autre tricherie électorale et ainsi de suite. Vous connaissez la chanson. Cela n’empêche cependant pas une possible dérive de la situation à l’Est. La tension est palpable, les choses peuvent sauter en l’air sans attendre les élections de Malu Malu. Le régime a suffisamment montré qu’il ne comprend rien au dialogue. Je ne pense pas que cela puisse se tolérer pour trop longtemps.
Pendant ce temps, les afandes à Kigali semblent ne plus savoir quoi faire de leur prisonnier. Le garder pour longtemps doit leur rappeler constamment l’échec de leur dernière expédition en RDC, expédition qui a marqué l’impossibilité de toute autre. Ils savent qu’ils n’ont rien à reprocher à Laurent Nkunda, sauf sa détermination à lutter pour une RDC meilleure, respectueuse de la dignité de tous ses citoyens sans exception. Le système judiciaire aussi bien civile que militaire au Rwanda n’ose se déclarer compétent de recevoir la cause d’un innocent. Son avocat qui saisit la Cour Suprême cette semaine contre le Chief of Staff (qui a personnellement arrêté Nkunda) a sans doute beaucoup dérangé les choses. J’entends que toute visite, même celle de sa femme vient de lui être interdite, Kabila doit être content. C’est cela le respect des libertés civiles dans un Etat de droit nouvellement intégré dans la fameuse Commonwealth.
En attendant, comme je l’avançais dernièrement, Ntaganda se prépare à une rébellion, qui de Kigali ou Kinshasa peut l’arrêter? Il est allié de Kagame pour avoir trahi Nkunda ; et il est allié de Kabila en vertu des accords bidon d’Ihusi. Que fera le Rwanda ? Son armée rentrera-t-elle en RDC quand les puissantes FDLR avec leurs commandants hutus congolais tel que Rugayi, Mayanga, Mugabo, Smith, Elimu veulent déterrer tous les morts du Kivu pour les présenter comme les victimes du génocide commis par le Rwanda en RDC ? La Monuc veut certainement les aider dans cette démarche pour pouvoir obtenir du CS la possibilité de proroger son mandat ! Le boulot du nouvel ambassadeur du Rwanda à Kin risque de ne pas être une partie de plaisir. Attendons voir.
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