Silence on tue !
Assassinats ciblés et chasse à
l’homme en corollaire d’une fausse victoire. Les actes de génocide en cours au
Nord-Kivu font-ils partie de la « solution politique » de la crise de
l’Est de la RDC qui se profile pour demain, lundi 11 novembre, à Kampala, avec
l’acte conclusif d’un Accord de Paix
signé part Kinshasa et les représentants du M23 ?
Pendant que la propagande de Kinshasa, relayée par les
médias du monde entier et par les
déclarations officielles des acteurs internationaux de la crise congolaise, bat
son plein autour de la « victoire
militaire » fictive des forces armées
gouvernementales (FARDC), les populations civiles des territoires jadis sous
contrôle du M23 sont décimées, harcelées et persécutées. Des Kibati à Kiwanja
et jusqu’à Bunagana, l’ancien fief de la rébellion située à la frontière
ougandaise, les cas ne se comptent plus, depuis une quinzaine de jours, de
tueries, tortures, pillages, viols, incendies et vols.
Un notable de Rutshuru,
Gustave Ndeze, vient d’être’ assassiné avec sa femme et ses quatre enfants. Son
frère, le Mwami Paul, un ancien délégué du M23 à Kampala, s’était réfugié en un
premier temps dans les bureaux de la mission onusienne (MONUSCO) avant d’en
être exfiltré par une équipe de militaires FARDC qui, selon plusieurs
témoignages, seraient en train de le torturer. Quoique sa responsabilité pénale
et morale de complicité en ces actes gravissimes de violation des droits de
l’homme est carrément engagée, Monsieur Kobler, responsable de la MONUSCO, ne
bronche pas devant l’ampleur des faits.
A Bunagana, le maire de la
cité a été tué et toutes ses affaires, y compris un troupeau de vaches, ont été
pillées. Il était accusé d’avoir des liens avec les rebelles et le même sort,
pour les mêmes raisons, a été réservé à trois autres personnes.
Selon notre source sur place, les FARDC agissent en connivence avec des
militaires des forces armées sud-africaines (SANDF) dans des opérations
d’enlèvement et de déportation à Kinshasa de complices présumés du mouvement
rebelle. Le fils d’une autorité coutumière, Mzee Kanyabire, figure parmi les
disparus. Cette même pratique a lieu ailleurs dans le Nord Kivu : on en
signale onze cas à Kiwanja, dont celui de Papa Nyarubwa, celui du chef Modeste
Kabori à Bukoma et d’autres à Goma, où ce genre d’épisodes n’a jamais cessé
depuis la prise de la ville par les troupes de l’Armée Révolutionnaire
Congolaise en fin novembre dernier. De Tchegerero, une femme, Marie Subutozi,
nous signale l’assassinat de sa sœur. A Kibaya, une femme de nom Nyiramakuza a
été violée puis tuée par un groupe nourri de militaires congolais et
tanzaniens, pendant que des soldats sud-africains assistaient au crime.
Si nous avons décidé que de
citer les cas qui nous ont été directement signalés, il est aussi certain que
ce phénomène est d’une extension largement supérieure à ce qu’on a pu détailler
ici.
Or, le déroulement des faits,
le caractère ciblé des victimes, toutes appartenant à la communauté rwandophone
du Nord Kivu, l’insistance dans l’utilisation du viol comme arme de guerre et
l’identité des auteurs des crimes, tous faisant partie des diverses forces
militaires de la coalition opposée au M23 et systématiquement appuyés par des
groupes de civils, ne laissent pas de doutes sur la préméditation de tels
actes, planifiés dans un cadre stratégique bien précis. Et dont la mise en
résidence surveillée dans une villa de Kinshasa des hauts gradés rwandophones
loyalistes (on cite les généraux Salongo, Kabundi et Ruhorimbere) est également
un élément essentiel…
Il s’agit d’une forme
particulière de quadrillage de l’espace et d’embrigadement de forces civiles
(comme les Interahamwe rwandaises…) pour contrecarrer l’action d’un mouvement
d’opposition. Ce dispositif, qui cible avant tout un « ennemi intérieur », la communauté
tutsie dans ce cas, s’inscrit forcement dans la logique du génocide et est
emblématique de la doctrine française de la « guerre révolutionnaire », dont la définition ambigüe en dit long
sur la tentative de dissimulation d’un but qui demeure l’extermination d’une
partie de la population. Comme en Algérie, à l’époque de la décolonisation, et
comme au Rwanda, pendant le génocide de 1994.
La présence de militaires
français dans cette guerre grise du Kivu est d’autre part avérée. Pendant les
séances des pourparlers de Kampala qui ont eu lieu du 16 au 21 octobre, le
général français Bailloud, systématiquement repris en photo avec son uniforme
dans les couloirs de l’Hôtel Munyono, a joué un rôle de premier plan avec celui
du pool des 5 envoyés (ONU, MONUSCO, UE, UA, USA). Le haut gradé a la renommée
d’être un théoricien de ce que l’on appelle « l’approche globale », une méthode d’intervention militaire
indissociable de la mobilisation des médias, des Ong et des fonctionnaires de
la ‘société civile’. Ce qui s’est passé au Kivu et qui se passe maintenant en
forme d’actes de génocide caractérisés, et cela dans le silence assourdissant
de la dite ‘communauté internationale’.
Le forces impériales ont fait
preuve, dans la gestion du dossier Est de la RDC, d’une cohésion remarquable
qui a eu le dessus sur les divergences qui ont pu sembler opposer Paris et Washington.
Les mêmes sont par conséquent complices ou commanditaires de ces actes, qui
n’arrêtent pas d’endeuiller la région depuis 20 ans, et qu’à l’heure actuelle,
sont couverts par une omerta unanime.
L’Agence
d’information.com
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