Pendant que les journaux à Kinshasa se félicitent déjà d'un anéantissement hypothétique du M23 par la nouvelle brigade de la MONUSCO, celle-ci ne devrait pas s'amuser à chanter victoire avant la guerre. Surtout s'elle compte lourdement sur l'Afrique du Sud. En effet tout fait croire que la précipitation de Jacob Zuma dans sa disposition d'offrir ses hommes (que l'on dit majoritairement seropositifs, un détail à ne pas négliger) est justifiée par son empressement à faire oublier son fiasco en RCA. Or on dirait que dans son pays, l'effet escompté ne se produit pas encore, car l'opinion aimerait d'abord savoir les tenants et les aboutissants de l'échec de Bangui dont la majeure pièce à conviction demeure la fuite de François Bozizé et la défaite cuisante de ses alliés dont, précisement l'armée sud-africaine. L'opnion sud-africaine aimerait aussi s'assurer qu'il n'y a eu que les 13 morts déclarés, ce qui n'a pas encore été officiellement confirmé. D'autre part aucun pays ne décide la disposition de son armée juste sur injonction de l'ONU. Encore faut-il qu'il reçoive l'approbation de son parlement, ce que, si je ne m'abuse l'homme fort de Pretoria n'a pas encore reçu.
L' autre signe que la Monusco, ou l'ONU elle même devrait bien interpréter, c'est la discordance qui existe entre ce que les français cherchent en Afrique et ce que leurs homologues outre-atlantiques y cherchent. Quand nos experts vautours accusent ouvertement l'administration américaine d'avoir manqué pendant 4 ans l'opportunité d'assurer des élections crédibles en RDC, d'obliger Kinshasa a embrasser la fameuse "bonne gouvernance", ainsi que l'opportunité d'erradiquer la violence notamment au Kivu, la Monusco peut croire que la dite communauté internationale inteprète une même partition, mais non. Auquel cas, elle doit servir les intérêts divergents à chaque étape, la nouvelle brigade entrainera tout au moins un écartelement difficile à controler. La seule chose qui donne un semblant d'unité à son action étant la détermination de tous vautours confondus de combattre le M23. Ce dernier peut donner l'impression d'être en position vulnérable comme le veut l'opinion congolaise, mais la Monusco et Jacob Zuma sont tout aussi, sinon plus, mal barrés.
Kinshasa, l'ONU et tout ce monde ont trop misé sur l'éclatement du M23 avec la dernière aventure de Ntaganda. Le résultat de cette aventure est complèment opposé à leur prévision. Mais au lieu d'affaiblir le mouvement, il en est sorti regaillardi et le moral plus haut que jamais. Je suis loin des opérations pour l'affirmer catégoriquement, mais connaissant la cause pour laquelle le M23 combat, je n'ai nullement du mal à deviner la nouvelle vigueur. Vaincre la division est la force la plus grande que l'on peut avoir. Par contre, une mission de paix de l'ONU doublée d'une mission de guerre de la même, rend la position et les actions de la même institution plus contradictoires que jamais. Et donc plus inefficaces. La contradiction en fait souligne bien la division et là où il y a division, il ne peut qu'y avoir désintégration. Tout stratège militaire et/ou diplomatique devrait tirer un meilleur parti de cette situation. C'est ainsi que, quand les journaux à Kinshasa critiquent le M23 de mener une campagne contre la nouvelle brigade de la Monusco, je dis bien que non seulement le M23, mais tout Etat qui se respecte devrait maintenant mener campagne contre non seulement la Monusco, mais bien plus contre l'ONU. Si les Etats ne le font pas, eh bien les populations devraient le faire. Pour la simple raison que les combats que cette brigade va engager feront le gros de leurs victimes parmi les populations civiles.
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