Les vautours jubilent. Un de ces jeunes journalistes écrivant pour les périodiques américains de Nairobi voulait que je lui envoie un commentaire avec mon opinion sur le procès Lubanga et ce que je pense de la CPI. Le bruit que font les vautours autour du cas m'exaspère. Ce qui explique mon refus de lui parler. Pour moi ils ont bien plannifié le cas. Et ils savaient tous que l'argent investi dans cette cour ne se justifie nullement. La BBC parlait depuis deux jours d'une somme de 900 millions de dolars américains(http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-17364988), juste pour condamner Lubanga, ayant complètement échoué dans le cas des criminels comme le yougoslave dont je n'ai besoin de donner le nom, ou d'autres sanguinaires dans et en dehors de la CPI.
Cette même semaine, les lobbies vautours ont fait circuler une video pour arrêter Kony. Je ne deviendrai jamais un défenseur de Kony, je me voudrai toujours être un défenseur du droit de l'Afrique de s'affranchir et de se libérer. Personne ne doit nous dicter ce que nous sommes et ce que nous devrions être. Et je ne suis pas la seule, il y a des américains qui comprennent aussi bien que moi que ces lobbies ne sont que des vautours et vous pouvez lire cela ici: http://www.mercatornet.com/conniptions/view/10445.
Entre les deux réalités décrites ci-haut, personne n'a besoin d'une interprétation sophistiquée: les vautours qui ont créé la CPI sont les mêmes qui versent les larmes de crocodiles de la video produite pour "sauver" les victimes de la LRA. Ce qui m'intéresse le plus avec le timing de ces deux "non-événements" que les médias vont exploiter à 150% pour leur propres intérêts c'est que les africains que nous sommes soient encore capables de gober ces couleuvres malgré leur taille et leur absurdité. C'est à regretter l'époque de la lutte pour l'indépendance. Nous avons perdu la passion que l'oppression suscite car nous l'acceptons sans broncher. Quand mes collègues Kenyans pensent que leur pays a besoin de la justice de la CPI, je leur demande combien de déplacés de décembre 2007 récupéreront leur terres et leurs villages, ils n'ont pas de réponse. Quand je leur demande la justice de la CPI c'est quelle justice et c'est pour qui? Ils n'ont pas de réponse. Et quand plusieurs d'entre eux m'ont demandé ce que je pense de la condemnation de Lubanga, je leur ai donné la réponse la plus simple: une fausse cour ne peut que donner des jugements faux. C'est cela que la gouvernance des ONG a fait tant à la souveraineté des Etats qu'aux concepts les plus sacrés tel que celui de la justice. Leur euphemisme réduit tout à un vide extraordinaire, pendant que les idéologues derrière tout cela s'enrichissent.
Nos soi-disants experts de l'Afrique vont écrire des commentaires à la video Kony pendant des semaines et même créer des chaires académiques dans des universités américaines pour des sujets tel que les révolutions internets ou "social-media revolutions", et commenceront à offrir des doctorats etc... Ils vont aussi spéculer abondamment sur le cas Lubanga. Je me permets demander à quiconque prend la peine d'ouvrir ce blog de refléchir un peu plus: cette nouvelle colonisation va être pire que la précédente si nous continuons de croiser les bras. Et nous croisons les bras chaque fois que, en tout cas pour ceux qui sommes dans le monde académique, nous nous laissons berner par ces pseudo-experts et suivons leurs tendances sans les mettre en question, comme si notre capacité de penser ne se limite qu'à leur interprétation bidon.
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