Tuesday, 11 November 2008

LE FALLACIEUX ARGUMENT D'ICG

LE REVISIONNISME ANTICIPÉ D’INTERNATIONAL CRISIS GROUP

Ou comment les puissances étrangères veulent à tout prix réécrire l’histoire des Grands Lacs Africains. Et au passage, ils veulent aussi réécrire le droit international tout en transformant ce qui devrait être une justice internationale en criminalité internationale. Je me servirai de l’article écrit par deux « spécialistes de l’Afrique », Mr François Grignon et Mme Fabienne Hara, tous deux d’International Crisis Group. Je mets spécialistes entre guillemets parce qu’ils sont plutôt spécialistes de leurs propres intérêts en Afrique. Cela est lisible dans leur article apparu stratégiquement la veille de la conférence de Nairobi la semaine dernière. Il a été publié sous le titre de Years of peace-building at stake, le 4 novembre 2008, par le Wall Street Journal Europe.

Ces visibles alliés du gouvernement congolais commencent l’article en affirmant que pour la troisième fois en 12 ans, une rébellion tutsie est en position offensive et menace de prendre la capitale du Nord-Kivu avec l’appui du voisin d’à côté, le Rwanda. Kinshasa, affirme l’article, fait encore une fois appel à l’Angola afin de pouvoir résister ce qu’il perçoit comme une agression rwandaise. Dans ces affirmations introductoires de l’article se trouve clairement établie la position révisionniste non seulement d’International Crisis Group, mais également de toute la communauté internationale au sujet du conflit à l’Est de la RDC. Ces puissances étrangères se liguent pour convaincre l’opinion que ce conflit est un conflit entre la RDC et le Rwanda. La raison en est simplement le fait que toutes appuient passivement ou activement la présence des ex-FAR/Interahamwe en RDC. Cette raison noie automatiquement les revendications citoyennes de Laurent Nkunda et son CNDP dans le jargon inventé par ces mêmes puissances, et qui finit par les éliminer.

On le voit dans la suite de l’article qui affirme littéralement que Mr Nkunda dit que le gouvernement congolais est géré par les génocidaires, pendant que Kabila est absolument loin de commettre ce genre de crime. Premièrement ce que Nkunda affirme et qui est prouvé historiquement et sur terrain, c’est que le gouvernement congolais est allié avec les génocidaires pour combattre des congolais et leur refuser de revendiquer leurs droits et libertés. Ensuite, Kabila a bel et bien de très proches collaborateurs qui tiennent invariablement et publiquement des propos, menaces, génocidaires à l’encontre du CNDP sous prétexte qu’il est appuyé par le Rwanda. Et d’ailleurs il y a eu des massacres perpétrés contre les tutsis congolais depuis 1998 jusqu’aujourd’hui. Ces massacres sont documentés et la dépossession de biens et des libertés subie par cette communauté est reconnue. Elle ne peut être niée que par ceux qui appuient directement et indirectement les Ex-FAR Interahamwe/FDLR, ainsi que le gouvernement congolais qui les utilisent.

International Crisis Group est sans aucun doute du côté de ceux qui appuient ces forces criminelles, conclusion qui découle de son interprétation de la situation. Voilà les éléments de son interprétation qui démontrent à quel point elle est partisane.

1) International Crisis Group considère que Joseph Kabila est arrivé au pouvoir à travers des élections plus démocratiques que celles qui ont porté au pouvoir le chef de l’État rwandais. Les élections présidentielles rwandaises qui ont eu lieu il y a presque sept ans n’ont absolument rien à voir avec la crise à l’Est de la RDC ni avec les revendications du CNDP. La comparaison entre les deux élections n’est utilisée que pour créer le mécanisme d’un révisionnisme anticipé, déjà consacré par ICG qui considère que le problème congolais est un problème rwandais.
2) Les auteurs de l’articles, spécialistes de l’Afrique d’ICG renchérissent en soulignant pourquoi ils considèrent les élections qui ont porté Joseph Kabila au pouvoir comme légitime. La raison en est qu’elles ont été lourdement financées par les puissances occidentales, l’Afrique du Sud et l’Angola. À noter immédiatement qu’il y a là une indication sur qui supporte l’obstination de Kabila de ne pas considérer les congolais du CNDP qu’il combat, comme des interlocuteurs avec lesquels il doit négocier la paix. ICG ne dira jamais, par ailleurs que c’est Kabila qui a pris l’initiative de la guerre.
3) ICG considère que les élections de décembre 2006 ont clôturé le chapitre national du processus de paix. Mais le monde a en mémoire les combats sanglants et les tueries menées par la garde présidentielle de Joseph Kabila contre le peuple congolais qui protestaient contre le manque de transparence ayant entaché les élections. ICG considère aussi qu’un chapitre plus ample du processus de paix avait été clôturé en 2003. On suppose qu’il s’agit de l’accord de Sun City. Mes lecteurs devront attendre la semaine prochaine, je publierai en anglais une explication montrant que justement le conflit actuel est dû à l’échec des négociations de Sun City.
4) ICG justifie la collaboration entre le gouvernement congolais et les génocidaires FDLR avec les raisons suivantes :

- La soif de vengeance qui anime Kinshasa contre le gouvernement rwandais, une soif que Mr Grignon et Mme Hara affirment qu’elle existe dans les cercles militaires et politiques les plus proches de Kabila, à cause de l’humiliation qu’a été le rôle que le Rwanda a eu dans le renversement de la dictature mobutienne et l’installation au pouvoir du kabilisme. C’est cela qu’ils appellent la brutale occupation rwandaise pendant quatre ans.
- L’inexistence d’une armée congolaise capable de contenir la rébellion du CNDP. Les auteurs de l’article croient que l’échec de l’intégration de l’armée qui est à l’origine de la rébellion de Nkunda n’est pas dû à l’échec de Sun City en soit, mais à la corruption de la hiérarchie militaire et l’intransigeance de Laurent Nkunda. Mais ils confondent intransigeance avec la détermination à ne pas admettre une injustice flagrante démontrée par la position de Laurent Nkunda depuis 2003. Le CNDP veut une vraie integration de l'armee, une restructuration federale de la RDC pour en permettre une meilleure gestion, et bien sur, une citoyennete inclusive pour les tutsis congolais.
5) Les solutions proposées par ICG ressemblent à s’y méprendre avec les résolutions sans force obligatoire ni probante de la dernière conférence de Nairobi. Mr Grignon et Mme Hara propose que Kabila plient les extrémistes de son entourage et accepte une supervision internationale directe de son armée au Kivu, pour démanteler les FDLR. C’est là une mesure kosovisatrice d’abord parce qu’elle confirme que ICG est à la recherche d’une tutelle pour l’EST de la RDC. Ensuite parce qu’ils croient que seule une force internationale peut démanteler les FDLR, mais le CNDP équipé par les mêmes moyens qu’une force de tutelle peut les démanteler en quelques semaines.
6) Mr Grignon et Mme Hara pensent que la seule façon d’en finir avec la rébellion du CNDP c’est que les mêmes puissances qui ont fait élire Kabila mettent une pression plus importante sur le Rwanda.

Le révisionnisme d’ICG est patent ici. Il consiste : a) à faire oublier que les FDLR sont des génocidaires ; b) qu’en s’alliant avec elles Kinshasa et les puissances européennes et africaines qui appuient Kabila veulent réécrire le droit international en légitimant l’action déstabilisatrice d’une force criminelle ; c) qu’en persistant dans l’effort de ne pas considérer les revendications du CNDP comme congolaises, c’est simplement vouloir déstabiliser la région en transférer entre les congolais et leur pouvoir en conflit entre deux, et même plus d’États voisins. Un tel révisionnisme vise à préparer l’opinion à une kosovisation que le CNDP ne veut pas, mais que les puissances étrangères veulent et pour ce faire, utilisent Kabila et les génocidaires FDLR.

2 comments:

Anonymous said...

The architects of matata not of peace are butchers and colonialists. You rightly mention the kosovisation. This is a good example how the international community organized butchery on the Balkans. Africans must learn from this tragedy and avoid falling into the trap. In the case of Kosovo Russia fought to preserve it's Balkan backyard, but EU won this battle and now Kosovo sucks EU-welfare having 60% unemployed.
In Africa China has taken over this part. It is very interesting to notice that all "wellwishers" of Joseph Kabila avoid mentioning this. The latest conference in Nairobi took place on the soil soaked with blood from the recent clash between the followers of Odinga and this other chap. Odinga again, as his father, are brave followers of Mao and China and promise heaven on earth with maoism. I had the unique chance to witness that struggle some 40 years ago. Whilst Odinga squatted in the Aberdares, Jomo Kenyatta was filled up with whisky by Brits so as educate him . And in fact the Kenyatta clan took place of the Brit governor. This comedy was called uhuru. The result of this is that Lord Delaware is still occupying a vast area in Kenya and does not stop to behave like all this other Brits killing a ranger recently. So colonialism is working fine. To preserve this in Africa the EU uses the leaver of China. This is why German army helped Joseph Kabila in Kinshasa to get president. Elections with military boots like in Kosovo or Kinshasa can not at all be called free. They are one of this pseudo-democratic manouvers we now witness in the US. Neither military boot nor ballot give food for Africa!
Those "wellwishers" of Africa must start to wipe at their own door instead of sticking their nose into African matters. Walter Heinz, Reporter of ARD in Nairobi recently blamed the European industry as source of trouble in Africa. Immediately he was cut off in TV, censorship. Those German firms sucking out Africa are known name by name, no worry. And I bet, once they notice that their puppet Joseph Kabila is in agony, they look for a new prey.
L.

Part of Goma said...

Right, absolutely right!