Une interview à un journaliste du New York Times. C’est vraiment le retour par une grande porte médiatique. Mais on ne peut pas dire que cela présage un retour diplomatique. L’entrée en la matière par une question directe du journaliste au sujet des accords secrets entre Kinshasa et Kigali déclenche une déclaration brutale de la part du rais. Très peu diplomatique. Veut-il fâcher les autorités rwandaises ? A-t-il fait un deal avec la France lui permettant d’utiliser un langage aussi provocateur envers ses alliés rwandais dont le président disait encore tout récemment que l’amitié avec Kinshasa était solide ? Jugez vous-mêmes cet extrait en anglais. La question du journaliste était de savoir si le rais faisait confiance aux rwandais. En gros, il répond qu’il n’est pas question de confiance mais d’intérêts. Et en matière d’ intérêts: “What are Rwanda's interests in the Congo? I like to believe that they are the same. But if there is a hidden agenda, and Rwanda's interest is more or less controlling the mining concessions and all that, illegally, and if they have a hand in each and everything that goes on in North and South Kivu, then we're still a long way from trust. Let's give them the benefit of the doubt, once again, probably for the last time”. http://www.nytimes.com/2009/04/04/world/africa/04kabilatranscript.html?pagewanted=1&_r=1
Joseph Kabila est en train d’avertir ces alliés que les incursions militaires rwandaises comme la toute dernière risquent de ne plus se répéter. Mais qui lui a donné l’ordre de faire des déclarations de cette teneur, juste en ce moment où l’ONU par la bouche de Ban Ki Moon, commence à reconnaitre que le résultat des accords secrets entre la RDC et le Rwanda est plutôt une situation plus fluide et volatile. http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=30378&Cr=democratic&Cr1=congo Le secrétaire général de l’ONU se plaint déjà du manque d’engagement politique. http://lepotentiel.com/afficher_article.php?id_article=79559&id_edition=4604 Evidement c’est une plainte hypocrite parce qu’elle part de l’hypothèse d’une réussite en terme d’intégration militaire du CNDP et des groupes armés. Les lecteurs de ce blog se souviennent de la réserve que j’ai émise ici, car la réussite d’une intégration militaire en RDC ne peut pas se faire sans affronter les questions politico-sociales d’une taille énorme qui ne sont pas encore affrontées. L’hypocrisie ne s’arrête pas là, il gémit parce qu’il veut des troupes pour grossir sa Monuc qui irait continuer les affaires avec les FDLR dès lors que le rais assure que les rwandais ne peuvent plus revenir.
Nous ne pouvons pas connaitre le plan des vautours, mais ils en ont, si non le rais ne parlerait pas avec autant d’arrogance de ses alliés du mois dernier. Mais ce que nous pouvons dire en toute certitude, c’est qu’il savoure ouvertement sa victoire sur ses mentors. J’ai l’ai dit ici que c’était lui le gagnant, et il le déclare haut et fort. S’il est gagnant dans sa compétition personnelle avec les autorités rwandaises, le peuple kivutien lui demeure le perdant. Il a besoin d’une voix qui place au-dessus des intérêts politicailleurs et au-dessus des guerres des chefs, les intérêts du peuple. Je n’ai jamais caché mon soutien au CNDP de Laurent Nkunda, bien que je n'en fasse pas partie, et cela parce que je connais bien son cahier des charges.et crois comprendre la vision claire qu'il a pour l'Est de la RDC. Celui-ci demeure un passage obligé déjà formulé pour une vraie défense des intérêts du peuple. Kinshasa le sait, au moins toute l'équipe qui négociait à Nairobi; la communauté internationale le sait. Il est temps que les hommes au pouvoir arrêtent de le contourner. Finalement, un détail de la personnalité du rais qui m’a amusée: il collectionne des motos donc, vieux et nouveaux. A chacun ses hobbies, moi je cultive de violettes africaines! Je croyais qu’il collectionnait des voitures assez solides pour aller de Kisangani à Kindu sans accroc. Son retour médiatique, s’il prend du momentum, nous révélera sans doute d’autres détails que Colette Braeckmann ne nous a pas encore fournis.