Il y a une certaine confusion ou est-ce un certain embarras. Chez les afandes de Kigs je veux dire. De Kigali. Avec leur prisonnier Laurent Nkunda. Celui-ci a donné une sorte de manne à certains journalistes, ce qui a réjouit les lâches du leadership kinois. Il aurait dit qu’il serait prêt à l’exil, à la Haye ou même devant je ne sais quelle cour à Kinshasa. Mende a tout de suite parlé aux journalistes de ces propos. C’est étonnant, les journalistes aimeraient beaucoup que Nkunda parle. Un d’eux m’a demandé la semaine dernière pourquoi il ne proclame pas son mécontentement. Il disait presqu’innocemment quelque chose dans le genre « je ne comprends pas, je ne sais pas si Nkunda est furieux ou content, s’il fait réellement partie du ‘plan’ ou s’il est vraiment là contre sa volonté ». Les journalistes pensent toujours qu’il y a ‘un plan’, parce qu’au-delà des sentiments de Laurent Nkunda, ils n’ont jamais compris les raisons des réactions de Kigs. A la recherche du sensationnel, ils n’ont pas compris pourquoi le Rwanda, au lieu de préciser ouvertement s’il appuyait la rébellion de Laurent Nkunda ou pas, il l’ait arrêté. Pourquoi le rapport de l’ONU publié à la fin de l’année 2008 a-t-il piqué si furieusement la hiérarchie militaire rwandaise qui, généralement exécute les ordres politiques venus d’en haut, au point de la pousser à prendre une mesure négative sur tous les plans. Remarquez que le « en haut » peut dire quarante milles sphères de décisions que vous et moi ne pouvons que soupçonner sans jamais pouvoir mettre un doigt dessus. Cependant, la sphère directement concernée c’est bien les Nokos de Kigs. La question maintenant est celle-ci : ont-ils un plan pour sortir de l’embrouillamini créé par eux-mêmes avec l’arrestation du général Nkunda ?
Le seul plan qu’il devrait y avoir devrait être le résultat d’une analyse objective des relations entre la RDC et le Rwanda depuis leurs accords secrets. Ces « maudits » accords ont créé une complication politico-diplomatique dont, peut-être, les meneurs de l’arrestation de Nkunda ont négligé l’importance. Pour assouvir une soif de gains individuels et une influence néfaste sur le Kivu, les accords secrets et leurs opérations connexes ont démontré qu’aussi bien à Kin qu’à Kigs, on a toujours mal calibré les revendications politiques pour lesquelles la rébellion du général Nkunda se battait et se bat encore. La conséquence des manigances autours des accords secrets est maintenant étalée aux yeux de tous : je parle de la paralysie complète du processus de paix au Kivu et partant en RDC et dans la Région d’une part, et de l’abus des droits de l’homme ourdi contre le général Nkunda dans un pays qui veut apparaitre aux yeux du monde comme étant le pays le plus progressif dans ce sens en Afrique. La paix au Kivu, je l’ai dit mainte fois ici, est plus grande que les intérêts de quelques chefs militaires, politiques, ou commerçants outre-frontière Est de la RDC. En la paralysant, l’insécurité s’est amplifiée ainsi que la pauvreté qui l’accompagne. Le nombre des déplacés atteint des proportions exponentielles. Personne ne négocie plus rien du côté d’une administration des affaires publiques qui sont des affaires du peuple (abandonné). On est bien forcé de découvrir une vérité aussi évidente que l’emplacement du nez sur un visage. Les accords secrets relevaient du gangstérisme et n’ont rien résolu. Le bande putschiste de Ntaganda peut vous le confirmer : elle cherche encore quelques miettes à Kinshasa, mais elle serait bête de croire que miettes il y aura. Et dire que c’est cette bande là qui était « le plan ».
Le panorama aujourd’hui démontre que les Nokos de Kigs n’ont plus de plan. Mais est-ce que cela justifie qu’ils continuent de violer les droits et libertés fondamentales de quelqu’un qui, comme eux veut un avenir meilleur pour son pays ? Leur système judiciaire controlé par les commanditaires de l’arrestation de Nkunda n’a pas su lui rendre justice et ne le saura pas d’ailleurs. Je dis cela pas pour décourager quelques « faint hearted » lecteurs, mais juste pour exprimer l’évidence. Maintenant le meeting entre Kabila et Kabarebe a eu lieu. What next ? Etait-ce une occasion de chercher un compromis sur la question politico-diplomatique lourde de conséquences que représente la personne de Laurent Nkunda ? En ce moment nous ne le savons pas. Ayant joué les policiers de Kabila pour arrêter Nkunda, il ne devrait pas leur être si compliqué de lui faire voir qu’en réalité, tous ont besoin de Nkunda libre et en RDC, au Kivu. Et cela pour relancer le processus de paix. L’année 2009 a amplement confirmé qu’il est plus que chef d’une rébellion, il est un acteur politique indispensable. Les Nokos à Kigs ne devraient ni se plaindre de l’arrogance de Kabila ni négliger la cause politique plus ample pour laquelle il faut libérer le prisonnier. Il faut être pragmatique jusqu’au bout. Il n’y aura pas de paix sans le retour de ce gars et seuls ceux qui sont aveuglés par des intérêts égoïstes ne le comprennent pas.
D’autre part, à Kigs, on doit se mettre bien en tête, j’ai envie d’écrire ça en majuscules, que ce n’est pas en divisant les tutsis que le leadership se maintiendrait, se pérenniserait au pouvoir. Réflexion osée mais vraie sans doute. Et que les policiers de Kabila prennent note. A Kin, on panique et avec raison. Les hauts gradés du CNDP ont poliment et fermement décliné une invitation qui les appelait à participer aux soit-disantes concertations sur l’évaluation de Kimia II. Pourquoi évaluer une opération disqualifiée et remplacée par une autre ? Ce refus doit être pris tel qu’il est, un signal fort en direction de Kin, mais indirectement aussi à Kigs. Le sérieux de la situation doit peser dans la balance des discussions entre Kabila et Kabarebe et leurs équipes. Puisque la libération de Nkunda est une donnée clef dans l’imbroglio des relations entre le Rwanda et la RDC pour un problème exclusivement congolais mais avec des implications lourdes sur la région, la raison doit primer sur l’orgueil de ceux qui ont fait un très mauvais pas en l’arrêtant. La stabilité de la région est bien plus importante que des « egos » quelque peu démesurés. Les deux pays doivent faire montre, pour une fois, de prudence en traitant le cas Nkunda, car il ne s’agit pas seulement d’une personne mais du gros problème de leadership. Endémique à Kin et problématique à Kigs. Le seul prix à payer pour la trahison du 22 janvier 2009, c’est juste un sacré coup assené à l’orgueil, cet ennemi mortel de l’homme!
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