Saturday 18 July 2009

LE POIDS DU SILENCE AU SUJET DE LAURENT NKUNDA

Avant de spéculer sur qui pèse ce poids, il faut se demander à qui profite l'effort pour l'entretenir. Et qui l'entretient, si l'on peut oser se poser, ne fut-ce qu'à soi même ce genre de question. En se défaisant de certains préjugés, ou de certaines peurs de dire ouvertement ses opinions, on peut à juste titre avancer des arguments fort probables pour l'une et l'autre. Quant à savoir sur qui pèse ce silence, je crois qu'il n'est pas non plus difficile de dire qu'il pèse évidemment et primordialement sur ceux qui l'ont arrêté, au simple motif que les raisons pour ce faire se soient révélées vides, et il n'y a rien d'aussi dangereux que le vide en politique. Néamoins, il faut aussi avouer l'impossibilité de trouver des réponses satisfaisantes si l'on  se refuse de regarder en face le genre de partie ou match coriace qui se livre entre Kinshasa et Kigali en ce moment. Le jeu de positionnement dans ce match explique l'utilisation que font les deux capitales de la crise rdcongolaise. Malgré ce que j'appelais propagande dans un article précédent, Kigali sait que Nkunda n'était pas le problème que les accords secrets de décembre 08 et janvier 09 ont essayé de résoudre. Tout en le sachant cependant, Kigali veut faire de Nkunda juste un cas, peut-être même marginal. Ce qui est une erreur. Il n'était pas le problème par le fait d'être un cas marginal. Il ne l'était pas et ne l'est toujours pas parce qu'il luttait et lutte pour une RDC stable, unie, sans leadership corrompu, avec une armée digne de ce nom, toutes quatre conditions d'une stabilisation qui permettra l'instauration d'un Etat de droit, qui n'a peut-être pas existé depuis l'indépendance, à l'exception de quelques articles à formulation heureuse dans la loi fondamentale de 1960. En même temps que Kigali veut faire de Nkunda juste un cas marginal, au lieu d'une vraie cause politique dont il a décidé de prendre le flambeau, cette capitale n'a pas beaucoup d'autres alternatives que de tirer partie de la crise congolaise à ses propres fins, d'où un silence qui, à mon sens est temporisation. Mais pourquoi temporiser?

C'est ici que l'usage de la crise par Kinshasa intervient dans mon idée de partie ou match qui se livre entre ces deux capitales. Ce n'est un secret pour personne que Joseph Kabila est en campagne ouverte contre son homologue rwandais sur un point crucial. En cela, Joseph Kabila est secondé par une communauté internantionale qui ne dit pas son nom, mais qui est connue des observateurs attentifs. Le point crucial  c'est la prétention des FDLR d'obtenir un dialogue sur leur inclusion dans la démocratisation du Rwanda. Un discours que tout vautour qui se respecte tient aujourd'hui. N'oubliez surtout pas qu'il s'agit de la même communauté internationale qui a tourné le dos au génocide de 1994, qui continue à dire avec la bouche "never again", mais qui dans les faits canalise la pression que les FDLR exercent sur le Rwanda. La partie entre les deux capitales se livre à ce niveau précis. Toutes les deux temporisent.  Toutes les deux se fichent d'une crise endémique dont seule la population paie les frais. Elles temporisent et s'observent en mode impassible, afin de voir comment les relations entre Kinshasa et Kigali peuvent évoluer pendant que toute la communauté internationale soutient Joseph Kabila et l'entreprise de ses alliés génocidaires. C'est que cette communauté internationale traitresse, toujours du côté des destructeurs de nos peuples, croient que la stabilité des Grands Lacs viendra de l'inclusion des génocidaires dans les institutions rwandaises; souvenez-vous, ces génocidaires sont déjà présents dans les institutions congolaises. Or il n'y a rien de plus faux que cette perception de la stabilité des Grands Lacs par les vautours. D'abord je ne vois pas les rwandais qui, pendant près de quinze ans maintenant, ont mené haut le flambeau de l'assaisinissement institutionnel, aujourd'hui embrasser la mesure suicidaire d'introduire les génocidaires irrepentis dans leurs institutions. Ensuite, il faut dire que la communauté internationale se trompe sciemment de mesure de stabilité pour les Grands Lacs. Les représentants de cette fameuse communauté qui ont défilé dans les montagnes du Masisi y rencontrer Laurent Nkunda savent que là se trouvait le vrai antidote aussi bien pour les FDLR que pour le leadership corrompu en RDC. Ces deux derniers facteurs constituant à eux seuls l'obstacle à la stabilité. Cependant, ces "illustres" représentants ont aussi clairement perçu que des montagnes du Masisi on parlait un langage nouveau: du sérieux dans la vision du pays, mais aussi dans celle qu'on s'y faisait sur la place que la communauté internationale occuperait en relation avec les affaires interieures et extérieures du pays et de la Région. On y parlait un langage de partenariat, de complémentarité, pas d'un nouvel esclavage déguisé. Vouloir entretenir un silence autour de Laurent Nkunda, c'est au fond vouloir faire taire une Afrique qui veut se prendre en charge, une Afrique qui veut refléchir sur elle-même et par elle-même, pas par brouillons vauturesques interposés. On peut temporiser là-dessus, mais pas pour toujours!

Ceux qui ont lu l'article sur les fonds vautours que j'ai posté hier ont pu se rendre compte de l'idée géniale de la BAD qui vient de forger le concept de l'assistance à Etat en danger. C'est vrai et c'est urgent, mais pas seulement en matière de financement, mais aussi en matière d'identité et de destinée. La BAD a trouvé une assistance juridique pour défendre les Etats poursuivis par les détenteurs des fonds vautours, mais politiquement, les Etats sont sauvés par les plus patriotiques de leurs fils. On verra bien jusque quand les joueurs de la partie "crise rdcongolaise" mettront fin à leur temporisation et qui sera vainqueur. En tout cas Joseph Kabila peut se féliciter d'avoir marqué un but sérieux: il a rendu impossible le retour de la RDF sur la scène congolaise. Mais peut-il se féliciter, ou se rejouir  quand le dernier mot de ce match étrange n'est pas encore dit?

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