Tuesday 31 July 2012

UN POUVOIR SOUS LE CONTROLE D'ONG

C'est incroyable mais bien vrai, ce que Kinshasa fait militairement, diplomatiquement et même politiquement, si l'on peut dire, est dicté par la bande de malfaiteurs sophistiqués qui se cache derrière le masque d'ONG, pseudo-experts et/ou pseudo-academiciens de tous bords. Mais Kinshasa n'est pas la seule capitale dont la position devient de plus en plus opaque à cause de ces nouveaux acteurs maffieux qui nous font regretter presque que les Metternich de ce monde. Metternich travaillait aussi pour des intérêts impérialistes, sans le degré d'hypocrisie d'aujourd'hui. Je dis que Kinshasa n'est pas seule car il y en a qui parlent déjà de la schizophrénie diplomatique de Washington. En voici les termes: "L'administration américaine a bien essayé de contenir la crise congolaise, mais ses timides tentatives ont accouché d'une diplomatie schizophrène et totalement inadaptée. Cette diplomatie alimente un conflit au long cours, et n'est nullement parvenue à mettre un terme aux tueries. C'est peut-être dans l'espoir de remédier au peu d'attention que son administration a témoigné à l'Afrique —dans son ensemble— qu'Obama a dévoilé, le 14 juin, une nouvelle stratégie visant à renforcer les institutions démocratiques, à encourager la croissance économique, à faire progresser la paix et la sécurité et à promouvoir le développement économique dans la région". Schizophrénie donc quand on pense à l'appui que Kinshasa reçoit de Washington dans la forme de la pression qui s'exerce aujourd'hui sur le Rwanda, accusé par  Washington et d'autres capitales occidentales d'être la cause des malheurs de la RDC. C'est de mauvaise foi, tout comme la soi-disante democratie en RDC dont on parle après le hold-up électoral de Novembre 2011.

L'espoir que les congolais placent dans entre mains des autres pour résoudre leurs problèmes est incroyable. Ils attendent peut-être qu'après le retrait de l'aide militaire américaine - sanction imposée au Rwanda la semaine dernière-, les américains viennent si pas exterminer les tutsis congolais pour eux, au moins venir ériger un mur infranchissable pour éviter toute balkanisation possible. Comme s'il y avait balkanisation! C'est un mythe qui tient l'imaginaire congolais dans un trou noir. Personne ne veut balkaniser, juste le droit de developper le potentiel régional pour en faire profiter à la province et au pays, au lieu de quelques maffieux. Attendre que Washington délivre Kabila du M23, c'est oublier que les américains eux-mêmes aiment provoquer des conflits armés sous pretexte de promouvoir un processus démocratique. Rien de nouveau.

J'espère que cette fois-ci Kabila et ses alliés par ONG et pseudo-experts interposés ne commettra pas l'erreur de penser que le M23 n'est qu'une simple force négative. Ce serait une grosse erreur car il aura encore une fois oublié qu' "un gouvernement inepte, qui fait preuve d'un manque de leadership, ne dispose d'aucune vision clairement définie, et souffre d'une totale absence de légitimité au lendemain du fiasco des élections présidentielles de 2011" constitue le vrai problème de la RDC que le M23 veut bien l'obliger à reconsidérer. Plus il évite d'y faire face, moins il peut controler quoi que ce soit. Et pas seulement lui. Regardez la MONUSCO: elle est aussi enlisée que Kabila. Les FARDC sont complètement démoralisées. Qui combat pour Kabila alors? Eh bien la force de paix de l'ONU qui a cessé d'être neutre. Et partant, elle est devenue partisane. Par conséquent il faudra lui imputer les exactions et tueries des FARDC et des FDLR, puisque les trois forces collaborent et pour combattre le M23, et pour s'attaquer aux civils, surtout s'ils ont un faciès nilo-hamitique.

Que font les diplomates qui, jadis, auraient intervenus pour pousser à négotiation politique? D'après un journaliste qui les a percés à jour "ce cocktail de problèmes est renforcé par un corps diplomatique apathique, dont chaque membre est bien plus motivé par les intérêts à court terme du pays qu'il représente que par la perspective d'une stabilisation durable du Congo et de l'Afrique centrale". Voilà ce qu'il dit de Johnnie Carson par exemple: "La rhétorique du département d'Etat est pessimiste. Johnnie Carson, secrétaire d'Etat adjoint pour l'Afrique, évoque ainsi la taille du Congo, ses problèmes insolubles, le manque de fiabilité du gouvernement de la RDC en tant que partenaire.

Puisque les diplomates ne servent plus, qui les remplacent? "Des ONG, des universitaires et des militants sont venus combler ce vide diplomatique. Mais la plupart d'entre eux évitent de s'attaquer aux causes fondamentales des problèmes du pays.Leur rhétorique met l'accent sur deux symptômes d'un mal bien plus vaste: la violence sexuelle et les conflits liés aux ressources minières. C'est là une simplification excessive du problème; elle laisse entendre aux contribuables et aux donateurs américains qu'une fois ces violences sexuelles et ces conflits endigués, le Congo reprendra le chemin du progrès, puis celui de la paix. Cette vision réductrice est erronée, et elle a donné naissance à plusieurs initiatives inefficaces. Prenons l'exemple de l'article 1502 de la loi de réforme financière de 2010. Elle exige de la Securities and Exchange Commission qu'elle s'assure que les compagnies américaines ne s'approvisionnent pas en minéraux provenant des zones de conflits congolaises (et plus précisément des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu). Ceci constituerait une étape essentielle dans le processus de paix. Comme si la politique pakistanaise de Washington se consacrait soudain exclusivement au conflit du Cachemire. Dès 1994, avec l'exode de près de deux millions de réfugiés rwandais fuyant le génocide, la région du Kivu a été la plus touchée par la violence ethnique, les crimes de guerre, les viols de masse systématiques et le pillage des ressources naturelles. Mais les provinces du Kivu ne représentent qu'un quinzième du territoire congolais, et leurs problèmes découlent de l'incapacité de l'Etat à s'acquitter de ses fonctions. Ces problèmes doivent être traités dans le cadre de l'élaboration d'une politique nationale d'ensemble. Par ailleurs, cette approche (ONG-universitaires-militants) met en avant les côtés les plus sombres du Congo. Elle marginalise le peuple congolais aux yeux du monde; les fait passer pour des incompétents, incapables de résoudre leurs propres problèmes —et devant impérativement être secourus par les bonnes gens du reste de la planète."

Pendant que Kabila se laisse tromper par ces gaillards, le M23 campe de plus en plus proche de Goma. Attendons voir. Les leçons apprises depuis 2009 devraient être bien mis en pratiques... On en reparlera.

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