Friday, 5 August 2011

MOUVEMENTS PRESIDENTIELS DANS LES GRANDS LACS



Le vétéran Yoweri Museveni a passé chez son homologue rwandais quatre jours en une visite que certains croient historique, en tout cas du point de vue de l’atmosphère tendu qui a caractèrisé pendant longtemps leurs relations. C’était la semaine dernière. Cette semaine, c’est Joseph Kabila qui a rendu une visite éclair à son homologue et “conseiller supérieur” Eduardo dos Santos. La cordialité des deux premiers contraste avec l’air pressé des seconds. Quatre jours pour les premiers et quatre heures pour les seconds. S’agit-il encore des questions de sécurité? Ouvertement pour Kabila oui, si l’on en juge par les membres de son cabinet qui l’ont accompagné. Pour les deux vétérans de l’Est c’est plus difficile à dire. Ceux qui ont observé la présence d’Andrew Mitchell à Kigali avant la visite historique croient qu’il avait pour mission de rapprocher les deux grandes figures. Mais dans quel objectif? Sécuritaire aussi peut-être? La banque mondiale et le fond monétaire international réunissent à Kinshasa les gouverneurs des banques centrales et les ministres des finances pratiquement au moment de ces contacts entre chefs d’Etat. D’autre part, Kinshasa se prépare à de nouvelles élections justes et transparentes dans le style de Kabila.

Tout ce qui se passe en ce moment dans la région doit être bien observé. Nous savons que dans les officines de l’administration américaine se prépare une révolution frontalière pour les grands lacs et elle a commencé avec le succès au Sud Soudan. Si les vautours avancent leur project de révision des frontières en Afrique des grands lacs, nous regretterons d’avoir brutalement arrêté les efforts de Laurent Nkunda en Janvier 2009. A cette époque son équipe était sur le point d’atteindre un accord avec le gouvernement de Joseph Kabila en vue de la restoration de l’Etat à l’Est. La solution du problème du Kivu s’annonҫait plus durable à ce moment là et elle allait plutôt renforcer l’integrité du territoire aussi bien que le statut politique de la province au sein de toute le république. Au fond avoir bloqué la démarche en 2009 a ouvert la porte à des problèmes plus sérieux en ce sens que cela a précipité la faillite de l’Etat qui devenu encore plus liquefié. La déliquescence de l’Etat, en sa situation d’aujourd’hui permet aux aventurieux des chancelleries étrangères de comploter même un démembrement du pays. Qui peut les arrêter? Au fond ils savent qu’ils n’ont qu’à payer à Kabila son élection pour après, dans les coulisses de leurs propres officines, décider dans quel sens, de quelle manière ils aimeraient démanteler la RDC. 

Je ne veux pas être une sorte d’oiseau de mauvais augure. Ce que j’avance c’est simplement la thèse soutenant que Nkunda était et demeure un patriote à qui on n’a pas laissé la chance de contribuer à la restoration de l’Etat à l’Est. Par contre on a laissé l’ONU perpétuer sa contribution à la déliquescence de l’Etat en préparation du coup de grâce que les vautours peuvent lui infliger en le démantelant le moment venu. Si l’on doit accuser quelqu’un d’une quelconque balkanization de la RDC, ce n’est pas Nkunda mais bel et bien Joseph Kabila. C’est à lui que le titre de balkanisateur devra revenir de droit et de fait. Le projet balkanisateur ne serait peut être pas immédiat, mais il suffit de donner à Kabila un autre mandat de 5 ans pour que le travail soit préparé sans encombre. Où seraient les patriotes qui pourraient arrêter la machine Obama-Sarkozy après que celle-ci ait assuré un nouveau mandat à l’actuel maître de Kinshasa)?

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