Il se peut que Gafisi soit venu à Goma dans l’espoir de décrocher quelques miettes de postes ministériels à Kinshasa. Il a sans doute misé sur le fait qu’en principe la majorité présidentielle est sur le point de se réunir, mi-février, et pourra entre autres statuer sur l’entrée du CNDP dans l’alliance ou pas. Cela au niveau du sommet de l’Etat ou du moins au niveau du parti au pouvoir. Au niveau provincial par contre, il y a un peu de cacophonie, ce qui présage que l’incertitude finira par devenir le sort de Gafisi dans son aventure, qui à mon avis n’est qu’une tentative de perpétuer une trahison, ça ne porte pas bonheur. Quelle cacophonie observe-t-on au niveau provincial ? Un meeting entre le gouvernorat et l’équipe de Gafisi y compris Ntaganda aurait eu lieu, histoire de convaincre celui-ci de lever ses barrières. Of course il n’est pas pour. Mais que lui offre Paluku en échange ? Je n’en ai pas une seule idée. Vous vous souvenez qu’il y a une procédure pendante contre Paluku devant la justice à Goma n’est-ce pas ? Si la justice fonctionne comme au Rwanda dans le cas Nkunda, le Gouverneur n’a rien à craindre, ceux qui sont au pouvoir gagne en vertu de la raison d’Etat !
Cependant, il faut reconnaitre que ce n’est pas facile d’être le Gouverneur du Nord-Kivu quand le processus d’intégration des groupes armés reste une illusion, même si on se contente de considérer l’intégration terminée, ce n’est que théoriquement, d’ailleurs le recensement pour l’intégration prévue n’a jamais été effectué sur l’ensemble de la province. La Monuc, pour se donner à faire, est favorable à une intégration en situ, dès que la partie gouvernementale semble plancher sur son obsessionnelle idée de brassage. D’autre part, selon la Monuc et Eusec, il y a une certaine réticence de la part du Chef de l’Etat Major à continuer à intégrer des militaires de l’Est de la RDC, car cela rendrait plus faible la composante de l’Equateur. On ne sait, par ailleurs pas qui a vraiment le contrôle du commandement des FARDC sur les troupes (toutes origines confondues) déployées sur le terrain.
A ce stade vous vous demandez bien pourquoi rivaleries dans le titre. C’est qu’on a fait tant de bruit autour de Nkunda en disant qu’il était le problème, quand en fait il est la solution. Voilà le problème en dessous de tout ceci et qui n’apparait pas trop au grand jour. Le processus de la paix au Kivu depuis la conférence de Goma et le fameux défunt programme Amani se joue entre deux factions également coriaces autour du président Joseph Kabila. Il s’agit de la faction Malu Malu et de la faction Raymond Tshibanda. Les deux hommes et leurs factions s’occupent de la conduite des travaux du comité national de suivi de l'accord de
Ihusi. Tshibanda en est le président et Malu malu est son second. Le premier ayant plein à faire au sommet, n’arrive pas à faire le suivi de manière permanente quant à de la mise en oeuvre de l'accord signé avec les différents groupes armés y compris les forces de Terminator. Une manne pour Malu malu qui se voit en position de combler le vide et de manière tout à fait légale. En réalité Tshibanda s’inquiète des allures indépendantistes de Malumalu qui semble tout faire pour échapper au contrôle du ministre. Bien plus, il croit que Malumalu aurait l'intention de faire échouer le processus comme il en a été le cas avec le programme Amani.
C’est ici que les rivaleries se définissent car, 'à l'époque de la Conférence sur le Kivu, il existait deux camps autour de Kabila qui s'affrontaient ouvertement toutes armes permises: d'un côté il y avait Malumalu, Denis Kalume et Vital Kamerhe, tandis que de l'autre il y avait Raymond Tshibanda et Marcelin Chishambo. Après l'échec du programme Amani de Malumalu, le camp de Raymond Tshibanda a pris les affaires en
mains avec les négociations de Nairobi et le coup monté contre le CNDP. Il s’en félicite parce qu'il estime avoir réussi sans faute. En le supplantant dans l’imbroglio d’Ihusi, Malumalu serait en train de s’attribuer des dividendes que Tshibanda croit lui être dues, c’est pour cela qu’il serait prêt à lui faire la peau, à l’abbé, je veux dire. On en aura vu de toutes les couleurs.
Il y a un autre abbé dans les parages donc, lisez dans cela ce que vous voudrez. C’est l'Abbé Bahala, qui est le porte-parole du comité de suivi des accords d’Ihusi. C’est lui qui a signifié à Gafisi que ces accords n'ont jamais prévu des postes au sein du gouvernement en faveur du CNDP, que le gouvernement actuel appartient
à ceux qui ont gagné les élections et non à ceux là qui ont pris les armes et qui doivent être récompensés pour avoir tué des congolais. Je ne comprends pas cet homme, mais je ne sais pas comment le Rwanda lui a fait croire qu’il ferait quoi que ce soit pour sauver ces maudits accords ! Ils sont maudits parce qu’ils sont le fruit d’une trahison.
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