DE LA LIBERTE DE LAURENT NKUNDA (III)

La réunion des chefs d'Etat des pays des Grands Lacs n'a pas eu lieu à Nairobi le 15 de ce mois comme cela était prévu. La médiation onusienne n'a pas donc présenté au monde le succès des opération Umoja wetu et l'accord signé entre Kinshasa et la dissidence du CNDP. Au lieu de cela, une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU a fait un tour dans le coin. Qu'a-t-elle constaté? Que les exactions des FARDC et des FDLR sur la population se font de plus en plus grave. C'est-à-dire plus qu'avant. Elles sont devenues maitre du terrain, et ce n'est pas le pouvoir à Kinshasa qui va les en empêcher. Tout au contraire, et nous avons souligné ici le pourquoi de cette situation. On est en train de créer un autre niveau d'un statu quo mortel pour le pays?

Vous imaginez bien qu'il n'y a qu'une seule issue viable et faisable. Et c'est bien évidement la liberté de Laurent Nkunda. L'homme n'est pas un auteur de miracles bien entendu. Mais est devenu très clair pour tout le monde que n'était ni l'ennemi de Kigali, ni de Kinshasa, il conserve une vision et une force alternative aux solutions partielles de Kabila et ses parrains. Il n'est pas ennemi de Kigali quoi qu'il ait montré qu'il admettait une certaine indépendance décisionnelle. Celle-ci en effet n'est pas dangeureuse, elle est par contre nécessaire à une coopération objective qui se passe de marionnetisme. Il est beaucoup plus apte, dans cet esprit de coopération sans marionnetisme, de résoudre la question épineuse des FDLR. Celles-ci peuvent parfois représenter un fond de commerce pour quelques caciques du régime rwandais, elle n'en demeurent pas moins une menace pour la population, de part et d'autre de la frontière.

L'homme n'est pas non plus ennemi de Kinshasa. En effet Nkunda n'est ennemi que de la médiocrité d'un régime devenu plus exclavagiste que du temps de l'époque coloniale. C'est dans ce sens que son savoir-faire militaire, sa vision d'une reforme de l'armée et d'un assainissement politique, font de lui, non pas un ennemi, mais une personnalité clé dans la solution de l'imbroglio kivutien et congolais. L'état dans lequel se trouve l'Est du pays et le reste rend inutile les tractations douteuses signées avec la dissidence.

Et face aux échéances électorales de part et d'autre de la frontière, on comprend que Kabila ne soit plus certain des résultats à l'Est si quelqu'un neutralise vraiment les FDLR. Mais ce serait tant mieux pour la population qui finalement voterait librement. Par contre on ne comprend pas que face à ces mêmes echeances à Kigali, le régime maintienne Nkunda en prison. Plus tot il est liberé, plus vite la maitrise des FDLR et leur influence sur le scrutin serait contenue. Et que l'on ne nous dise, ni à Kinshasa ni à Kigali que ces forces ne sont plus un danger. Il vous suffit de lire le rapport de HRW du 19 mai pour ouvrir les yeux sur la realité. Vous découvrirez aussi dans ce rapport, la manière dont la pression risque de monter d'un cran sur Kabila et la Monuc pour exécuter le mandat de la CPI contre Ntaganda...