(Gabon Eco 25/03/2009)
Le processus de Nairobi III pour la pacification du Nord Est de la République démocratique du Congo (RDC) s’est achevé le 23 mars dernier à Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, sanctionné par la signature de l’«Accord de Ihussi», un compromis de paix qui doit mettre un terme définitif à la guerre dans cette région. Mais cet accord comporte certaines propositions qui pourraient entretenir une situation conflictuelle, notamment le découpage territorial du Kivu en deux provinces sur des critères de répartition ethnique.
Le ministre à la Coopération internationale et régional, Raymond Tshibanda, le président national du Congrès national pour la démocratie et le développement (CNDP), Désiré Kamanzi, et l’ancien président du Nigeria, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU et chargé de la Facilitation internationale, le général Olusegun Obasanjo, ont procédé dans l’après-midi du 23 mars dernier à la signature de l’accord de paix sanctionnant le processus de Nairobi III.
L’«Accord d’Ihussi» a été signé dans l’hôtel éponyme de la ville Goma, la capitale provinciale du Kivu, et met un terme à la guerre du Nord-Kivu en formalisant le cessez-le-feu du 5 janvier dernier.
Le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku, s’est réjoui des fruits du processus de Nairobi III, qui aura notamment permis que les concepts de «groupe armé» et de «rébellion armée» soient bannis au profit de la désignation de «lutte politique».
A l’issue de l’opération «Umoja Wetu», avec la participation des forces rwandaises aux côtés des FARDC, le processus Nairobi III avait déjà permis d’entériner un pré accord entre le CNDP et Kinshasa avec l’aide de la Commission politique, sécuritaire, juridique et administrative et de la Commission sociale et humanitaire mises en place à cet effet.
Dans une note interne remise à la MONUC, le CNDP avait formulé huit recommandations, notamment les négociations directes avec le gouvernement de Kinshasa; la renégociation de tous les contrats chinois signés par le gouvernement congolais avec les entreprises chinoises; la cessation de la coopération par le gouvernement avec les FDLR; la protection des minorités ethniques de la RDC; l’intégration des combattants du CNDP dans les FARDC et dans l’administration; la promotion de la bonne gouvernance ainsi que le travail de Laurent Nkunda dans l’armée.
Le cessez-le-feu du 5 janvier dernier avait déjà permis de trouver des solutions aux négociations directes, à la renégociation des contrats chinois, à la fin de la coopération avec les FDLR à travers l’opération «Umoja Wetu» et à l’intégration des combattants au sein des FARDC.
Alors que demeurent entières les questions de protection des minorités de la RDC, du cas Nkunda et de la bonne gouvernance, un document présenté comme «l’une des pistes de solutions à la situation qui prévaut au Kivu», daté du 2 décembre 2008 et qui aurait été certainement remis à la facilitation internationale pour le secrétaire général de l’ONU,
préconise le découpage territorial de la province du Nord-Kivu pour créer une nouvelle province, sur base «sociologique».
Ce document appelle à un découpage territorial pour la création de deux provinces, le Grand Nord qui regrouperait Beni et Butembo, et le Grand Sud qui comprendrait les zones de Masisi, Rutshuru et Walikale. La région Grand Nord abriterait majoritairement l’ethnie Nande, alors que le Grand Sud hébergerait les Hundes, les Hutus et les Tustis.
A en croire les auteurs de cette proposition, l’obsession de domination des ethnies autres que les minorités hutu-tusti serait à la base des conflits fonciers et ethniques. Pour mettre fin à cette rivalité, la solution passerait par la prise en compte de cet aspect sociologique qui aurait été négligé pendant la IIème République.
Mais les intérêts économiques majeurs de Masisi, Rusthuru et Walikale, qui recèlent beaucoup de minerais pourrait amener des dissensions sur ce découpage.
Certains observateurs craignent même qu’un rapprochement s’effectue avec les pays voisins au risque de voir cette partie échapper au contrôle du pouvoir central et provincial de l’actuelle province du Nord-Kivu.
Alors que le pays compte plus de 450 ethnies, la réconciliation nationale peut-elle s’appuyer sur des considérations sociologiques, voire ethniques?
Publié le 25-03-2009 Source : Gaboneco.com Auteur : Gaboneco
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