Saturday, 14 February 2009

DES MESURES DESESPEREES

Sur le plan économique

Ce sont les analystes de la situation critique dans laquelle se trouve l’économie rdcongolaise qui affirment que les mesures que prend le gouvernement sont des mesures littéralement désespérées. La reserve monétaire en dévise a chuté brusquement de 220 millions de dollars en avril 2008 à 36 millions au début du mois de février. Les mauvaises langues de la toile disent que 250 millions ont été donnés directement aux autorités rwandaises, pour les opérations en cours ? Enfin la source d e cette information étant le site de terminator, on ne peut s’y fier. Un spécialiste a dit à Reuters que si cette tendance continue, le pays va se retrouver avec des coffres vides dans un délai très court. La valeur du franc qui dégringole à haute vitesse déjà, deviendra intenable, un peu comme du temps du zaire (monnaie). Je me souviens devoir porter de l’argent dans une petite malette juste pour faire les achats mensuels d’une famille normale comme la mienne. Cette dégringolade instoppable se muera en impossibilité pour les vendeurs de faire des bénéfices, affectant ainsi leur capacité de refiare leurs stocks. Imaginez-vous la vitesse de l’augmentation des prix des produits de première nécessité. C’est pour éviter l’inflation à 10.000% atteinte dans la première moitié des années 1990 que la Banque Centrale a déjà augmenté 3 fois les taux d’intérêt depuis le mois de décembre. Voici la première mesure désespérée car injecter du cash ne fait que retarder l’inévitable dans un pays qui n’a pas d’usines, d’infrastructure, d’économie en somme. Rien ne peut sauver cette économie, sauf si les nokos font le miracle de ressusciter le prix des produits miniers qui sont au plus bas. Le pays pourrait aussi chercher l’enrayement de sa dette extérieure auprès des bailleurs de fond. Mais nous savons que ces derniers conditionnent cette possibilité à la revision des contrats chinois. Rappelons que la dette est de 10 milliards et que les contrats chinois s’élèvent à 9 milliards. Kabila n’a donc que ses yeux pour pleurer. Mais non, c’est la Province Orientale et le Kivu qui pleurent. Elles vivent dans leur chair la réalité de son invitation adressée à des troupes étrangères pour régler les problèmes politico-sécuritaires du pays.

Sur le plan militaire

A l’heure qu’il est, il y a des preuves tangibles de l’échec de la coalition circonstancielle RDC-Sudan-Ouganda dans leurs opérations contre le LRA. Il y a également des preuves tangibles de l’échec annoncé des opérations conjointes RDF-FARDC car, plus que déterrer les FDLR, les alliés ont ouvert des hostilités directes contre les CNDP pour l’obliger de se retirer dans la même région que les FDLR et pousser la communauté nationale et internationale de prendre le CNDP pour la force force négative à combattre. Son leader a été arrêté par les rwandais qui ne demandent jamais avec conviction l’arrestation des chefs politiques des FDLR pour ne pas facher leurs bailleurs de fond. Au nom de quoi ont-il arrêté Nkunda ? Ceux qui connaissent la vérité de sa cause s’étonnent encore de la réaction disproportionnée de Kigali contre les refugiés congolais qui ont bravé les tabous et les interdits du système politique rwandais pour réclamer sa libération.


Les observateurs de la figure de Nkunda savent que c’est un héros depuis sa marche sur Bukavu, jusqu’à la deuxième prise de Rumangabo en passant par le refus absolu de s’exiler dans un paradis doré. Il avait promis qu’il mourra en train de défendre la dignité du congolais en général et celle du tutsi en particulier. En réalité c’est cela le crime que ses bourreaux d’aujourd’hui lui reprochent, et dont Kinshasa l’accuse. Depuis qu’il a pris le maquis, ses troupes ont servi de rempart pour endiguer et affaiblir dans la mesure du possible les FDLR, protégeant ainsi aussi bien les congolais que les rwandais. C’est pour cette raison et aussi pour avoir mis en cause et démontré la faiblesse et la corruption du système politique congolais, qu’il est aujourd’hui en résidence surveillée sous la vigilance d’un pouvoir qui démontre un manque de scrupule terriblement froid.

Le délai imparti aux troupes étrangères tant ougandaises que rwandaises expire bientôt. On verra la réalité dure refaire surface. Il n’y a pas d’armée en RDC. L’intégration des troupes ayant suivi Ntaganda ne résoudra pas cette tare. Kinshasa et Kigali ont bâti leur coalition sur un maillon faible, la dissension achetée au chef d’Etat major du général Nkunda. Suffira-t-il pour recontruire les FARDC ? Il aura en plus, pas mal de FDLR sous son commandement, ceux-là mêmes qui combattaient au sein des FARDC contre le CNDP, le vrai.

Même à ce niveau la précipitation des autorités rwandaises semble incroyable. Aux yeux d’un congolais normal, elles se sont rendues coupables d’une violation de la souveraineté du pays, puisque l’invitation qu’elles ont extorquée à Kabila est inconstitutionnelle, illégale et dangereuse (on ne sait pas combien elle durera). Elles se sont rendues coupables de la violation des droits de l’homme contre les refugiés congolais chez eux, les menaces et les intimidations contre ceux qui soutiennent Nkunda et son mouvement. Enfin la détention de ce dernier est tout à fait illégale et son extradition le serait encore plus. Il n’existe pas d’accord d’extradition entre les deux pays, d’où l’invention d’une commission mixte ad hoc bidon etc.

Sur le plan politico-diplomatique

Une question persiste dans l’opinion. Pourquoi les rwandais se sont ils précipités à apporter leur pacification aux congolais alors qu’un processus était en cours pour trouver une issue politique au problème qui opposait le CNDP et le gouvernement congolais ? La paix au Kivu est un problème congolais. Et grâce à la stratégie du CNDP d’utiliser ses victoires militaires pour contraindre Kinshasa à négocier, Nairobi était sur la bonne voie. Mieux que jamais. A deux reprises les rwandais sont entrés au Congo et ils n’ont fait qu’exacerber les problèmes sécuritaires dont les victimes sont toujours d’abord des tutsis congolais que les congolais considèrent à tort comme complices de l’entrée des rwandais. Mais c’est Joseph Kabila et ses conseillers les plus proches qui ont conconcté la balkanisation du pays et du pillage des ressources naturelles par les rwandais. Les congolais et la communauté internationale doivent regarder la réalité en face aujourd’hui. Ce n’est pas Nkunda qui veut diviser le pays. Il n’a jamais été autre chose qu’un allié potentiel et même effectif pour restorer la paix. C’est Kabila et ses parrains, lointains ou juste de l’autre côté de la barrière de Goma, qui veulent diviser le pays de manière si bon marché. Toutes les communautés congolaises confondues, pas seulement celle qu’on appelle rwandophone, ont aujourd’hui un ressentiment grandissant contre le pouvoir de Kinshasa qui a fait voler en éclat tout leur espoir de voir le pays libéré d’un pouvoir chancelant sauvé de justesse par Kigali.

Le dernier mouvement désespéré sur le plan politico-diplomatique nous arrive des déclarations d’Obasanjo. Elles ont changé plusieurs fois de ton depuis mardi. C’était clair qu’il voulait exhumer le programme amani quand il parlait de continuer Nairobi mais avec les pareco, mai mai, le faux cndp etc. Kabila ne lui avait peut être pas clarifié que ces gens n’ont plus de contentieux avec le gouvernement. Ils en font virtuellement partie. Seul le CNDP de Nkunda demeure l’interlocuteur du gouvernement à Nairobi. Paluku voulait même ramener tout ce monde à Goma. Obasanjo a adopté cette possibilité pour la rejeter après le rappel du CNDP, le vrai sur le bien fondé de Nairobi. Mais pourquoi ces « agents » de la communauté internationale peuvent tomber si bas ! Obasanjo a-t-il peur de Kigali ?

Sur le plan juridictionnel

Kigali et Kinshasa disent que le général Nkunda a été arrêté au nom des intérêts d’Etat. Les rwandais ont cependant été sécurisés indirectement, mais efficacement par Nkunda, vrai bouclier contre les incursions FDLR. Son arrestation n’aura servi que pour des intérêts personnels de quelques autorités au détriment des intérêts de la nation rwandaise.Certaines rumeurs parlent des intérêts de trois individus très puissants dans les cercles politico-militaires rwandais. Ce qui ne justifie en aucun cas la promesse faite au congolais de le livrer sans condition à Kabila. Notons en passant que celui-ci veut le brandir devant ses propres détracteurs et le peuple pour ne pas devoir leur avouer l’enormité de la crise économique et celle de la violation de la souveraineté de l’Etat qu’il a cautionnées sans consulter le parlement ni l’exécutif d’ailleurs, ni informer le haut commandement militaire. Mais il n’est pas si simple d’extrader Nkunda comme déjà noté tantôt. Et il n’est pas simple de le juger non plus par défaut dans les accusations. Son crime étant essentiellement la défense des libertés civiles les plus élémentaires et le questionnement d’une gouvernance absurde.

En plus, la manière cavalière utilisée par Kigali a initié une érosion certaine de la confiance de peuple rwandais en son gouvernement. Le peuple, même ayant peur du régime montre son mécontentement surtout face à l’éventualité de l’extradition. A Kinshasa, on s’embrouille aussi en méandres juridiques ponctuées de déclarations médiatiques spéctaculaires sur le même sujet. Mais c’est encore et toujours des mesures désespérées. Il semblerait que le ministre de la justice vient d’informer ses collègues de l’engagement pris par le gouvernement d’amnistier les membres des groupes armées, y compris le CNDP. Il a déjà instruis le Procureur Général de la République ainsi que l’Auditeur Général des FARDC d’arrêter également les poursuites qui étaient déjà engagées. Cela signifiant l’abandon de toutes poursuites contre Laurent Nkunda, le ministre a dû se raviser hier. Mais le document qu’il a signé date du 9 février 2009. Ceci oblige le ministre de fabriquer donc un autre mandat de toute urgence. Eh oui en RDC on fabrique des mandats comme on fabrique de faux passeports, de faux diplomes, de faux permis de conduire, de fausses alliances, etc... quand cela rapporte aux tenants du pouvoir.

1 comment:

  1. Mesures désespérées et liaisons dangereuses ...

    Disons que sur le plan économique, la RDC, le grand pays très riche mais sans budget honnête, est "méchamment" coincée sans possibilité de se retourner face aux charges qui dépassent de loin ses recettes.
    Et la raison est bien simple: tout un chacun, du président au plus petit opérateur/producteur économique, pille ou ne paie pas de taxes ni d'impôts comme cela se fait dans n'importe quel autre pays.
    Pourtant des ONG et des médias ont fustigé le CNDP pour avoir levé des taxes et des impôts pour la gestion des zones sous son contrôle et gestion!!

    Voire, les agents de l'état ou de certaines entreprises de taille ont beau faire des grèves, cela n'avance à rien faute de fonds dans les caisses du pays. C'est le cycle infernal.
    Ce n'est pas les Noko qui pourront changer ce phénomène mais un état responsable géré par des hommes et des femmes consciencieux.

    Quant au plan militaire ou plutôt sécuritaire des personnes et des biens, il dépend tout aussi de la bonne gestion de la chose publique. Chose qu'on ne peut trouver au Congo mais bien dans les autres pays limitrophes comme la Tanzanie, par exemple.

    Encore une fois, le CNDP et son Chairman avaient vu juste à ce sujet dans l'analyse des maux dont souffre la RDC. Cela est limpide à moins d'avoir une vue fort limitée ou une vision fort opaque si ce n'est une mauvaise foi.

    Car, il n'est pas normal de voir Murwanashyaka, un vrai chef terroriste comme Ben Laden, et son staff avoir une organisation comme le FDLR en tant qu'état dans l'état de la RDC tout en ayant un logis en Europe, en Allemagne, y vivant normalement.
    Kony non plus n'aurait pas osé aller s'installer avec ses rebelles en RDC s'il n'y avait pas cette vacuité de pouvoir et de l'état de droit.

    Cela devient évident que les deux chefs rebelles ont des soutiens et des protections en Europe ou d'ailleurs et de la part de certains milieux religieux très puissants. C'est clair aussi.

    Il est clair que le système à la manque concocté par les Louis Michel a foiré comme tant d'autres régimes à la Mobutu. Malheureusement, Michel et ses associés s'en foutent tant quils parviennent à se remplir les poches car l'argent investi et dépensé apparient aux contribuables européens.

    Comme le Congo n'a pas la capacité ni la volonté de ramener la paix au Kivu, l'approche du CNDP reste la plus efficace ou le moindre mal. Toutefois et à cause du FDLR légué par la France et l'UE, le Rwanda est partie prenante mais ne peut se substituer à l'état congolais si pour autant celui-ci se manifeste par des actions et des résolutions correctes.

    D'où l'arrestation et le l'enfermement de Nkunda, un citoyen Congolais de haut rang, est inadmissible et est contraire aux règles et aux lois internationales, sinon à une déontologie de bon voisinage pour des marchandages politico-militaires. Si le Rwanda a le droit de parer aux attaques et menaces du FDLR, c'est sans contre-partie ni concession!!

    Mais comme pratiquement tous les Congolais ont décidé de prêter allégeance à la France et à la Francophonie, ils se livrent pieds et poings liés à leurs ennemis sans contre-parie quelconque valable pour se développer en une nation forte et africaine.

    A ce titre, la RDC va continuer à faire l'objet de convoitises et de luttes féroces entre les états ou les multinationales étrangères.
    C'est un terrain fortement attirant mais miné ou de sable mouvant.

    L'avenir de la région dépend beaucoup de la pacification du Congo et ensuite de son intégration dans l'ensemble économique et politique local. Se livrer à sa balkanisation serait une erreur pour les problèmes inutiles que cela va soulever avec surtout un retard dans cette union africaine tant souhaitée.

    Le gouvernement du Rwanda, après celui de l'Ouganda, est tombé probablement dans le panneau des Français avec la connivence des Britanniques vendeurs d'armements.

    Est-ce le mirage du Congo dans une vacuité politico-administrative ou les appâts de gain dans le supposé Eldorado de l'est du Congo qui attirent?

    Le piège ressemble étrangement à celui tendu à Saddam par les USA et l'UE avec la prise de Koweït.

    Croire s'entendre avec le gouvernement de Kinshasa pour résoudre définitivement le facteur FDLR au lieu d'attendre les démarches trop longues, probablement, du CNDP est aussi un leurre qui peut amener d'autres problèmes plus difficiles pour toute la région.

    Bagambiki

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