Dénombrer les déplacés: casse tête pour les humanitaires
AFP
Mis en ligne le 10/12/2008
Au total, le bureau de coordination des affaires humanitaire des Nations unies (Ocha) recense 1,35 million de déplacés en RDC, dont 850.000 au Nord-Kivu (est).
Chaque combat dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) jette des milliers de personnes sur les routes venant grossir des statistiques globales approximatives, que les ONG se sentent malgré tout obligées de livrer pour alerter l'opinion mondiale. Au total, le bureau de coordination des affaires humanitaire des Nations unies (Ocha) recense 1,35 million de déplacés en RDC, dont 850.000 au Nord-Kivu (est).
Un bilan vertigineux abondamment repris par les médias et la communauté humanitaire, qui questionne pourtant son degré d'exactitude. "Les processus d'enregistrement des populations sont très lents, on n'a que des approximations", assure le porte-parole d'Ocha à Kinshasa, Christophe Illemassene. "Mais on est obligé de les fournir: il est difficile de parler d'une crise sans chiffre." Dans la plupart des situations d'urgence, il est compliqué de dénombrer les déplacés, mais l'est de la RDC présente plusieurs particularités qui en font un vrai casse-tête.
D'abord parce que "les populations sont extrêmement mouvantes" et reprennent la route au premier signe de danger, explique Philippe Havet, coordinateur pour Médecins Sans Frontières (MSF) Belgique à Goma. "Souvent, on doit compter trois fois les mêmes familles." La RDC se distingue également par une forte solidarité entre civils et un recours très fréquent aux familles d'accueil. L'été dernier, 70% des déplacés du Nord-Kivu étaient hébergés de cette manière, selon Ocha. En outre, la région est en guerre quasiment depuis 1994 et les vagues de déplacés s'ajoutent les unes aux autres mais concernent souvent les mêmes personnes.
Malgré ces difficultés, les acteurs estiment que 250.000 personnes ont fui la reprise des combats, fin août, au Nord-Kivu, entre l'armée régulière et les rebelles de Laurent Nkunda. "Le problème, c'est qu'on est en train de mélanger les anciens et les nouveaux déplacés", alors qu'il n'ont pas les mêmes besoins, regrette Philippe Havet. Certains "vieux" déplacés ont refait leur vie. Mais d'autres ont dû plier bagages pour la énième fois au cours des dernières semaines et sont extrêmement fragiles, note-t-il. Certains se retrouvent aujourd'hui dans le camp de Kibati, illustration frappante de ce problème de recensement.
Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), 65.000 personnes sont enregistrées dans ce camp situé sur la ligne de front près de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Mais, alors que le camp doit être éloigné des combats, seuls 32.000 résidents se sont inscrits pour le transfert. L'écart s'explique en partie par les réticences de certains à reprendre la route pour s'éloigner encore plus de leur domicile. Mais il y a probablement aussi une surévaluation des déplacés. D'autant que le dernier recensement a eu lieu en septembre, reconnaît le HCR.
"En RDC, comme ailleurs, il y a un phénomène de surenchère", estime Rony Brauman, ex-président de MSF et professeur à l'école des Sciences politiques à Paris. "Comme s'il fallait aligner des zéros pour attirer l'attention." Pour lui, cette "spirale ascendante des chiffres" s'explique par la pression des médias et des bailleurs de fonds qui réclament des données "objectives". "Les ONG finissent par se persuader, non sans raison, que, sans chiffre, elles ne sont pas crédibles, pas audibles", ajoute-t-il. "Ce n'est pas de la tromperie, mais plutôt une sorte d'élan pour la bonne cause."
Evidemment, reconnaît-il, les organisations ont besoin d'estimations pour agir, mais il faut se rappeler qu'il s'agit d'approximations "et il ne faut pas leur accorder une valeur représentative de l'ensemble du problème." D'autant, qu'à force d'égrener les chiffres, met en garde Christophe Illemassene, on risque d'oublier "la vraie question: celle des souffrances des civils."
Pourquoi les combats ont-ils eu lieu, comme par hasard, en ces mois de cultures et avant les récoltes de la petite saison de pluie et pas après ces récoltes?
ReplyDeleteEn fait, pour les ONG, il fallait être sûr que les populations aient absolument besoin d'eux. Mais je peux me tromper.
Le moment n'était pas fortuit malgré les pluies.
Comme quoi rien n'est anodin dans cette "héroïque" action des humanitaires et de l'ONU-Monuc + FARDC. Gageons que même la deuxième force-plus de la MINUAR ainsi que les interventions anticipées pour l'attendre étaient programmées bien longtemps à l'avance. Il ne faut pas prendre les stratèges européens surtout Latins et leurs alliés pour des c...
Malgré cette stratégie diabolique, il semble que ces humanitaires manquent de figurants pour leurs bonnes âmes et bonnes actions. D'où on a du mal à programmer une intervention sans présence suffisante de chair à canon. Ici, on peut encore se tromper en prenant des vessies pour des lanternes noires.
"Ce n'est pas de la tromperie, mais plutôt une sorte d'élan pour la bonne cause." comme dit Rony Baumann.
Finalement, les acteurs forcés, de quelques jours, préfèrent rentrer chez eux pour aller goûter à leurs mets bio et ne pas bouffer des rébus amenés par leurs bienfaiteurs d'un moment, mais tout de même, après avoir pris soin d'emporter quelques effets: literie, ustensiles, etc.
Dommage que certains Africains (Angola, Zimbabwe, etc) restent aveuglent en aidant les Franco-européens au lieu d'aider le Congo à se sortir de ce imbroglio mortel pour les habitants du Kivu qui ne sont toujours pas riches avec le coltan tant clamé. S'ils savaient qu'il y a aussi du nickel à faire pâlir, sans jeu de mots, les Chinois et les Nouvel-Calédoniens qui l'exploitent déjà chez eux.
Avec des machines surpuissantes et un personnel bien trié, M Forest extirpe du Katanga plus que tous les creuseurs du Kivu réunis. Il exporte des milliers de tonnes de cobalt, cuivre, uranium, manganèse, etc et sans être inquiété car il travaille pour des "gens bien" de la haute finance belgo-française et autres associés des banques suisses.
Paie-t-il ses taxes comme il devrait? Ce serait étonnant car il a d'autres charges financières!
Bagambiki.
Bonne question, je veux dire la dernière!
ReplyDeleteNotez que les premières questions, avec la tournure des négociations de Nairobi, dénotent bien un ensemble de circonstances qui désignent les organisateurs des événements désastreux du nord Kivu ainsi que leurs plans machiavéliques.
ReplyDeleteDommage que certains Africains et bien de Congolais sont du mauvais côté de la barrière "raciale" ou si l'on veut, "ethnique", dans le sens où ils se prennent pour des alliés des Européens, disons même de type latin ...
Michel, Kouchner et compagnie me sont témoins quand ils donnent des bisous à Kabila et ses sous-fifres.
Bagambiki.