J'étais à Dakar il y a dix jours et j'ai été témoin de quelque chose d'un peu surprenant et qui n'a cependant pas fait beaucoup de bruit dans les media. Le parti au pouvoir a voulu changer la constitution pour introduire ce que Kabila a déjà introduit avec succès en RDC, à savoir les élections à un seul tour où un candidat qui totaliserait ne fut-ce qu'un 25% gagnerait si telle serait la majorité. Il y a aussi toute l'histoire de la manière dont Abdulaye Wade a forcé son fils sur la scène politique depuis un ceratin temps, avec comme but plus ou moins avoué de le voir le succéder à la tête du pays. En ce moment le fils est à la tête de non moins de 5 ministères! Aberrant n'est-ce pas? Sauf si peut-être c'est mieux d'avoir un ministre à la tête de 5 ministères au lieu d'un cabinet de 60 ministères, le ridicule a longtemps pris sa place dans la pratique politique de l'Afrique. Néamoins le projet de loi modifiant la constitution n'a pas fait long chemin. Les manifestations du peuple ont forcé le parti au pouvoir, c'est-à-dire le président (nous sommes en Afrique) de le retirer . Un première je crois. L'arrogant ministre qui avait osé défier le peuple en disant qu'il était trop passif et lâche pour s'imposer a voulu les maisons de ses deux femmes brûlées et lui même tabassé. Je n'aime pas la violence et ne saurais en faire apologie. Je n'aime pas la destruction, surtout qu'on ne peut construire sur elle. Mais j'ai cru voir dans le peuple sénégalais de Dakar une maturité dans sa manière de manifester. En fait le lendemain du retrait du projet, la ville a repris son train de travail sans problème. Ce n'est là qu'un point de départ civique. Il faut un autre.
La situation sénégalaise présente un contraste extraordinaire comparée à la RDC où la fameuse constitution de 2006 est régulièrement modifiée, ignorée quand cela convient, ou simplement violée par le parti au pouvoir sans que personne ne fasse quoi que ce soit. On s'achemine aux élections à un tour. Les irrégularités sont légion, mais l'UDPS n'a d'autre réponse que quelques SIT IN devant la CENI, qui s'en fiche d'ailleurs, pardonnez l'expression! Les bailleurs de fonds qui ont le plus d'intérêts dans une réelection de Kabila que personne d'autre tirent déjà efficacement les ficelles pour que tout se passe comme et même mieux que par le passé. Le mandat de la MONUSCO est prorogée pour une année. Qui ne l'aurait pas prévu? On stabilise encore la RDC non? Qui en est capable d'après l'acception coutumière de ces bailleurs de fonds si ce n'est l'ONU que nous connaissons, de l'intérieur du problème comme étant le chapeau moral que tous les vautours portent afin de dévorer la charogne RDC en toute quiétude?
Ceci étant dit, le jeu d'alliances que tel ou tel candidat s'evertue à former n'est que de la fumée, dès qu'elle passera on verra qu'il s'agissait du sale "business as usual" qui consiste à voler l'indépendance et la souveraineté d'un peuple qui ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir du bourbier, du marasme de la pauvreté dans un pays qui ne manque de rien! Aucun de ces politiciens en lice aujourd'hui pour diriger la RDC n'a les mains propres pour le faire. Les vautours se sont très bien arranger pour avoir les uns et les autres cités ou impliqué directement ou pas dans les affaires de corruption. Il suffit de revoir les différents rapports de l'ONU de la dernière decennie pour s'en assurer. Donc nous sommes toujours dans la même situation: un seul homme ou une seule femme intègre qui puisse avoir le peuple à coeur! Une espèce rare, mais qu'il faut absolument trouver!