Monday 26 April 2010

LES MALHEURS DE JOSEPH KABILA

Tous les grands de ce monde semblent être absolument aveugles quand le pouvoir les tient. Ils oublient que les palais ne suffisent pas à les protéger quand le vent du changement souffle avec un peu plus d'intensité. Ils continuent d'afficher l'assurance que leur donne leur position, mais ils finissent toujours par tomber de bien haut. Je ne pense pas faire office d'oiseau de mauvais augure ici à propos de notre jeune rais. Il jeune, il est puissant, il est à la tête d'une majorité au sénat et à la chambre basse, ses amis controlent tout, de la banque centrale au dernier mendiant qui sera forcé de voter pour le rais au moment de prochaines élections si élections il y a, etc. A propos d'élections, le Kenya bat campagne pour la passation d'une constitution toute nouvelle par referendum. Et la dame qui fait mes tresses de concert avec ses amies du métier et du quartier, refuse d'aller même chercher leurs cartes d'électeur. Intriguée par leur rebellion aussi déterminée qu'insolite, je leur ai demandé pourquoi. La réponse: constitution ou pas constitution, les malheurs de notre vie ne changent pas, pourquoi donc aller chercher ce bout de papier?


Et quels sont les malheurs de Kabila? Peut-être pas beaucoup. Juste des signes. Commençons par la démission de son proche collaborateur (les langues informées disent que c'est plutôt son beau frère) le gouverneur du sud-Kivu. Le rais n'a pu rien faire pour le garder en poste. On dit que l'homme a péché par arrogance. Il semble que sa relation avec le rais lui donnait un complexe de superiorité qui atteignait un niveau chaque fois plus élevé. Raison pour laquelle tout le monde le haissait. Le gouverneur n'a pas donc su lire la situation, de telle sorte qu'il n'a pas vu venir ou ne s'est pas préparé contre la mobilisation des députés montée à son encotre par le tout puissant Maroy. Y a-t-il division dans les rangs du rais car l'on sait que les deux sud-kivutiens faisaient parti d'une même clique partisane?


Il y a aussi des problèmes d'argent assez importants mais dont les journaux ne parlent pas. Le rais est dépassé car les coffres sont vides. Les kléptocrates de Kinshasa fairaient rougir un Mobutu à voir la vitesse avec laquelle ils font disparaitre l'argent. Résultat, la fonction publique est impayée! Vous me direz bien qu'elle travaille peu ou pas du tout mais elle est là et a un budget alloué,seulement celui-ci disparait on ne sait où. Donc la fonction publique impayée.L'armée aussi. Elle crève de faim, cette armée que l'on veut voir prendre en main la sécurité du pays et se débarrasser de la Monuc. Tout cet argent est commercialisé dans les nouveaux systèmes de corruption du Kabilisme. Il y a des indications qui signalent que la communauté internationale ne serait pas aussi pressée de débourser d'autres sommes comme en 2006. Il y a finalement un petit doight qui dit qu'un acteur important de cette même communauté aurait osé demander au rais de ne pas se présenter aux prochaines élections. L'édifice de Kabila ressemble de plus en plus au légendaire héro aux pieds d'argile. Un petite pierre tombée sur un pieds... Et qui disait que le problème de la RDC c'était Nkunda?

Saturday 17 April 2010

TENSION OU PAS?

Entre New York et Kinshasa, je me demande. Et bien sûr autour de la question du retrait de la Monuc. Alan Doss a fait de son mieux pour convaincre le Conseil de Sécurité de venir dialoguer avec Kabila qui ne souffre plus de l'envoyé spécial de Ban Ki Moon. Le tour était presque joué, mais le voyage à Kinshasa semble présenter des intérêts moins urgents que ceux exigés par la sarabande diplomatique déclanchée par l'intransigeant maitre de Téhéran. Mais je suis certaine que les français toujours à la tête des missions de paix vont chercher à sortir les dernières cartes. La première de ces dernières s'avère être l'échec de la politique congolaise depuis la victoire de Joseph Kabila, tant chantée et vantée par la communauté internationale depuis 2006.

Les élections s'approchent et rien n'a été fait. Peut-être tout ce beau monde est arrivé à comprendre pourquoi il y a eu Mushaki, pourquoi la conférence de Goma a foiré quand ils avaient installé dans cette bourgade un nouvel arsenal diplomatique, etc. Echec, echec, et encore échec: depuis le programme amani jusqu'aux opérations amani leo (on est à court de vocables swahili au Congo de Kabila. Echec non seulement pour Kabila qui n'a fait qu'égratigner ses cinq sentiers, qui a perdu toutes les guerres contre Nkunda jusqu'au moment où son policier James Kabarebe a arrêté ce dernier sans motif en janvier 2009. Mais aussi échec quant à l'organisation des élections municipales. Kabila veut changer la constitution pour pouvoir se faire élire encore. Cela va provoquer quelques remous. Ce qui donne aux français de l'ONU une raison de plus pour trouver une nouvelle version de la Monuc avec nouvelle misssion??? On peut supposer que non, mais sans doute on va nous confectionner une nouvelle version.

Tout le monde sait maintenant pourquoi il y a eu Mushaki et qu'on n'en a pas encore fini. Il y a du travail inachevé, non seulement pour Nkunda, ses executifs politiques et ses troupes, la région des Grands Lacs, mais aussi pour la communauté internationale elle-même. Son travail devrait consister à raisonner le poulain qui prend une chevauchée encore plus folle que dans le dernier quart de l'année 2008. Du travail inachevé surtout pour les gars sur terrain aujourd'hui. L'absence de l'Etat appelle à une responsabilité extraordinaire pour les troupes sur terrain surtout au Kivu. Elles sont plus motivées. La cause combattue à Mushaki est encore intacte. La communauté internationale a montré combien elle peut nuire à cette cause, activement ou passivement. C'est à ces gars sur terrain qu'il revient de mettre de l'ordre. Il faut se préparer, les jours viennent où tout peut arriver, si l'on s'en tient à l'empressement que kabila montre de se débarrasser du témoin inutile mais nuisible qu'est Alan Doss... Attendons voir!

Sunday 11 April 2010

LE KIVU D’ABORD, L’EQUATEUR ENSUITE, ET APRES?

La Monuc part, la Monuc ne part pas. On ne ferme pas une boutique qui rapporte. A l’ONU vous vous en doutez. Si je pouvais rencontrer Alan Doss je lui poserais une question très simple et vous la devinez. Lui et tous les vautours faisaient il y a une année un tel boucan clamant à cor et à cri que le Général Laurent Nkunda était l’obstacle à la paix. Cela fait une année et 3 mois qu’il est gardé en résidence surveillée par les policiers de Joseph Kabila à Kigali, et la paix continue à éluder, pas Kabila qui n’en a évidement pas besoin, mais bien le peuple congolais. Il est devenu suffisamment clair qu’il n’était et n’est toujours pas l’obstacle à la paix. Les péripéties que traverse le peuple montre de jour en jour qu’il constitue à lui seul une grande partie de la solution étant données ses questions politiques toujours sans réponse et la capacité militaire de ses hommes sur terrain. Des rumeurs croient que Kabila n’estime pas encore l’importance de ces deux éléments de l’équation restauration de l’Etat sur l’étendue de la dite République Démocratique du Congo commençant par l’Est. Pendant qu’il n’a pas encore la mainmise dont il rêve d’avoir au Kivu, le rais se retrouve aujourd’hui avec les Enyele sur le plat.

Ces incroyables Enyele sont une véritable aubaine pour la Monuc. Puisqu’elle ne pouvait plus dire « no nkunda no job », cette force inutile allait devoir plier bagages sous les invectives chaque fois plus menaçantes de la part du rais. Maintenant Alan Doss et ses soldats gatés, pilleurs, violeurs et marchants d’armes peuvent entonner un nouveau slogan : « bring on Enyeles anytime, that’s the salvation ». Ces sacrés Enyele sont pour le moins bien opportuns pour la Monuc et ceux qui veulent qu’elle se pérennise en RDC. Vous pouvez voir sur Congoindependant le suivi de leur saga. Mais qui sont-ils ? C’est bon mélange des anciens de la DSP mobutienne, la force de Bemba, les ex-Faz, et plus particulièrement les ngbandi dépossédés par les tombeurs de Mobutu. Ce serait naïf de considérer ces gens comme des simples bandits de villages. Ils sont téléguidés par des sénateurs siégeant à la haute chambre d’une assemblée nationale toute kabiliste ou pprdienne, ainsi que quelques députés avec l’appui, en prime, de Brazzaville et Bangui. Tout ce monde en a marre de l’homme fort de Kinshasa. En 2006 je parlais du départ en lambeaux de la RDC à cause de Kahemba. Le Kivu est ce que vous en savez, et maintenant Mbandaka. Quelle est la suivante région prête à montrer à Joseph Kabila qu’il se croit à la tête d’un Etat, mais en réalité celui-ci est en lambeaux !

Son mentor militaire à Kigali, James Kabarebe n’a pas volé à son secours à Mbandaka. Et pour cause, il en a plein sur son plat. Il vient d’être nommé ministre de la défense au Rwanda. D’aucuns croit qu’il s’agit là d’une promotion qui, en plus le protégerait contre la justice dans le cas du général congolais Laurent Nkunda qu’il détient pour Kabila. Cette lecture là, quoi que compréhensible, puisque la justice militaire tombe du coup sous la tutelle de son ministère, il serait donc lui au-dessus de cette justice ! Cependant, il peut y avoir une autre lecture de la nomination. Vous croirez que c’est un peu tiré par les cheveux, mais voilà. Sachant que ses réseaux l’ont entrainé dans une manœuvre que les anglophone appeleraient totalement counter-productive (l’arrestation de Nkunda, les affaires en RDC, la maffia qui se trame etc), l’on peut prédire que le tout puissant Chief of staff en devenant ministre, perd un peu ou pas mal de son pananche, et du coup, de son clout aussi bien militaire que politique. Là, je suis encore pressée, mais je dois tirer le chapeau bien bas pour l’homme fort de Kigali, on voit qu’il sait comment mettre les point sur les i. Une nomination politique pour le généralissime, on est bien vers la porte de sortie bien gentiment ! Son remplaçant fait office de figurant car certain savent déjà que, en substance, Kayizari se prépare à prendre le poste. Les réseaux du nouveau ministre de la défense, où sont-ils, et à quoi serviraient-ils ? Du point de vue spéculatif on peut avancer que nulle part à la première question, et rien à la deuxième. On doit traiter de la RDC avec tout cela, peut-être demain. Les vautours commencent à devenir nerveux, vous avez lu le rapport d’ICG ? On en parlera.